Quelques mois après le tournage de « Ce qui nous lie », Cédric Klapisch est revenu en terre bourguignonne, accompagné des comédiens Ana Girardot, Jean-Marc Roulot, Pio Marmaï et François Civil, pour présenter son dernier film samedi après-midi.
La Bourgogne dans tous ses états
Cette fois-ci, c'est en Côte de Beaune, entre Corton et Chassagne, que Cédric Klapisch, l'auteur de « Le Péril jeune », « Chacun cherche son chat », « L'Auberge espagnole » et « Les Poupées russes », a promené sa caméra pour mettre en exergue la Bourgogne et rendre hommage aux vignerons et à tous ceux, qui prennent soin de la vigne et du vin.
Tourné entre août 2015 et juin 2016, le film capte les métamorphoses du paysage à travers les saisons et l'évolution des trois personnages au cœur d'une histoire de retrouvailles, de deuil et de transmission patrimoniale. Comment continuer à faire vivre une exploitation familiale quand on est confronté à des problèmes d'argent qui compliquent la succession ? « Les gens ne savent pas forcément que le prix de la terre a plus que doublé en dix ans et qu'en Bourgogne les transmissions sont particulières », avance Cédric Klapisch.
Avant d'écrire le scénario, le cinéaste s'est lancé dans un réel travail d'investigation, noircissant des carnets de notes, se documentant auprès des notaires, des exploitants viticoles, des gens du cru. Une place égale est donnée aux exigences de la nature, des habitants et du vin, un produit si particulier qui résulte de l'alliance entre l'homme et le terroir.
Un film bien documenté
Jean-Marc Roulot, comédien et vigneron à Meursault, exerce avec la même passion les deux professions. Certaines scènes ont été réalisées « chez lui dans ses vignes ». Ses connaissances et son savoir-faire en matière de viticulture et de vinification ont été précieux à toute l'équipe. Il leur a montré les bons gestes, enseigné le langage spécifique, expliqué le juste comportement au cuvage ou en dégustation : « Jean-Marc nous a appris des milliers de choses sur le vin. Sa fabrication, la façon de le déguster et sa manière d'en parler », confirme Ana Girardot pour qui tous ces enseignements étaient nécessaires pour incarner son rôle. « C'est sans doute le seul film sur le vin qui ne comporte pas d'erreurs grossières », commente l'acteur vigneron.
Cédric Klapisch souligne d'ailleurs que « le film oscille entre fiction et documentaire ». « Pour les scènes de vendanges, j'ai filmé tantôt des vrais vendangeurs qui étaient figurants et tantôt des vrais figurants qui étaient vendangeurs ».
« Il y a beaucoup d'analogies entre la fabrication d'un film et celle du vin. Un vigneron en Bourgogne signe son vin comme un réalisateur signe son film. Dans les deux cas, il s'agit d'un produit collectif ». Inutile de préciser que Cédric Klapisch est amateur de bons vins et particulièrement amoureux des vins de Bourgogne. Là aussi, c'est une histoire de transmission. Ce goût lui a été transmis par son père qui aimait le vin et se fournissait en terre bourguignonne. Grâce à ce film, il a pu lier ses deux passions : « En faisant le film, on a eu l'occasion de boire des vins extraordinaires » admet-il. Acquiescement général.
Les spectateurs, nombreux à cette avant-première, ont longuement applaudi et le film. A noter que cette projection en avant-première était un préambule au festival de cinéma Effervescence qui se tiendra à Mâcon du 12 au 15 octobre. La discussion était conduite par Gaël Labanti, son directeur artistique.
« Ce qui nous lie », treizième opus de Cédric Klapisch, sortira en salles le 14 juin.
Raymonde Auribault