C’est ce qu’a ressenti L.M., 47 ans, à partir de 2012, année à laquelle il eu ce geste regretté sur cette jeune femme de 18 ans, nièce de sa femme, qui vivait chez eux (lui et sa tante), à Cormatin.
A l’époque, la situation au sein du foyer est difficile à vivre. Lara est accueillie chez sa tante après le décès de sa mère. La toute jeune femme porte en elle l’héritage psychologique d’un papa au comportement inadapté, « impudique » précisera le tribunal. Sur le plan sexuel, elle se cherche et n’a aucune retenue. Impudique elle aussi, « aguicheuse » dira L.M.. Au point qu’elle se balade régulièrement chez eux, à demi nue, en culotte et soutien-gorge.
Cette impudeur lui a été reprochée à maintes reprises par sa tante et son mari. Mais voilà, Lara n’en a que faire, « elle a un problème avec l’autorité » complète le prévenu. Un jour de 2012, les choses dérapent : L.M. rentre du travail. Il est transporteur et peu chez lui. Ce jour-là, Lara est encore en culotte et soutien-gorge. « Elle est venue se coller à moi de manière instante, elle demandait des câlins » se défend-il. Il glisse alors sa main dans son soutien-gorge et lui caresse les seins. Puis il réagit et la repousse.
Plus de deux ans après, en janvier 2015, Lara dépose plainte. Entre temps, elle a quitté le domicile en 2014. « Je ne pouvais plus supporter ses gestes, ses attouchements » dira-t-elle lors de son audition. Un texto envoyé à sa tante est évoqué : « Si tu ne le quittes pas, je porte plainte. »…
Plus qu’une main dans le soutien-gorge, elle accusera L.M. d’agressions sexuelles entre septembre 2011 et décembre 2013. Main entre les cuisses, caresses sur les fesses, et cette fameuse main dans le soutien-gorge pour lui caresser les seins.
Pour L.M., le ciel lui tombe sur la tête. Il réfute en bloc ces accusations, sauf la main dans le soutien-gorge. « En effet, j’ai fait ça. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas d’explication. » L’expertise psychiatrique demandée conclura dans le sens d’un homme introverti et altruiste. Rien à signaler en matière de perversion sexuelle. L.M. n’a jamais été condamné. Tout plaide en sa faveur.
Pourtant, dévoré par la honte, assommé par le regret et rongé par la culpabilité, sa morale le pousse à rompre avec sa femme, tante de Lara. Son affaire, un bureau de tabac, se porte mal. Il est placé en redressement judiciaire. Voilà qui ajoute à la honte et la culpabilité. « Je me suis senti lâche, je l’ai quittée à un moment difficile. »
L.M. entame une psychothérapie pour supporter cette procédure qui s’ouvre. Il l’interrompra pour des raisons financières. Bref, la vie n’est pas facile pour cet homme que son avocat dépeint comme « un homme au sens moral profond ». Maître Dury plaide le moment de faiblesse, moment d’égarement face à une jeune femme provocatrice. « Oui, il a cédé à la provocation un instant. Sur le plan moral, ce fut très difficile à vivre pour lui, destructeur même. Sur le plan juridique, M. Le président, la surprise n’est pas constituée pour la jeune femme. Si surprise a été vécue, c’est bien plus par mon client. Il n’y a pas de base légale pour une condamnation. »
Quelques minutes avant, Mme la substitut du procureur, Christine Savarzeix, requérait la relaxe. « Nous avons à faire à une jeune femme qui n’a pas eu de règles en matière de comportement, son père étant lui-même très impudique. C’est la trajectoire d’une fille en détresse, qui souffre de troubles de la personnalité. L’infraction n’est pas constituée. »
Le juge suivait la procureure et l’avocat et prononçait la relaxe. Un vrai soulagement pour L.M.
Rodolphe BRETIN
NDLR : le prénom de la jeune femme a été volontairement changé.