Mobilisés pour renforcer les équipes hospitalières dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de COVID-19, les étudiants de l’IFSI de Mâcon dénoncent les conditions de leur mobilisation et les conséquences sur leur formation.
Communiqué
La crise sanitaire que nous vivons est exceptionnelle, mais après ces derniers mois difficiles, nous pensons qu’il est temps de faire le point sur la situation des étudiants infirmiers de Mâcon. L'ensemble des promotions de l’institut a déjà participé à l’effort commun de la gestion de la crise de la COVID en se mobilisant sur la période du 16 mars au 31 mai 2020. Nous sommes fiers d'avoir fait notre devoir en cette période délicate malgré les conséquences sur notre formation d’infirmier. Nous avons fait cela sans recevoir, pour certains, ni rémunération, ni prime. Il y a eu des différences de traitement flagrantes entre les IFSI de la région et nous n’avons pas reçu d’explication pour cela.
Aujourd’hui, nous, les étudiants de l’IFSI [Institut de formation en soins infirmiers] de Mâcon, sommes en colère. L’organisation qui nous est imposée est injustifiée et cela sur beaucoup de points. Après vérifications auprès des organismes, nous manquons d’informations fiables et de cohérence entre les renseignements donnés par le Ministère des Solidarités et de la Santé, par l’ARS et par l’IFSI.
Nous sommes envoyés en période de stage avec un statut de stagiaire pour effectuer ce renfort, et cela en lieu et place de nos cours théoriques. Pour rappel, afin de répondre aux besoins des services lors de la première vague, le Plan Blanc a été déclenché. Dans le cadre de ce plan, il est donc fait appel au renfort des étudiants mais pas seulement, les salariés ne peuvent pas prendre leurs congés, les nouveaux retraités sont également rappelés…
Or, à notre connaissance, ce plan blanc n’a pas été déclenché pour cette deuxième vague. D’ailleurs, dans les services où nous intervenons ce jour, certains cadres profitent de notre présence afin de permettre au personnel de prendre ses congés. Ce phénomène est une aubaine pour les établissements qui fonctionnent à moindre coût. Nous sommes loin des promesses faites et du vadémécum édité le 23 octobre dernier par le Ministère des Solidarités et de la Santé, visant à encadrer la mobilisation et à protéger les étudiants en santé en évitant tout abus. Nous déplorons que ce document ne soit pas utilisé pour prendre ces décisions organisationnelles.
Très concrètement, nous effectuons un stage de renfort aide-soignant, statut que nous avons validé dès la fin de notre première année de formation. Cela est incohérent et n’est pas compatible avec l’avancée de notre progression dans notre formation. Nous sacrifions nos heures de formations et donc d’apports théoriques pour pallier l’absentéisme.
Sous ce couvert de stage, la rémunération s’élève à 1,40€ de l’heure. Malgré nos dernières informations et l’annonce de la reconduction du budget de 2M€ alloué lors de la première vague, nous restons inquiets quant aux modalités employées. Précédemment, les taux horaires n’ont pas été respectés, et tout a été propice à minimiser l’acquisition et la valeur de cette prime.
A contrario de nos renforts de la première vague, nous sommes de nombreux étudiants à remonter que notre présence dans les services n’est pas nécessaire, en tout cas pas plus qu’en dehors des situations de crise. Certains cadres seraient même prêts à nous renvoyer car ils n’ont pas besoin de nous. Pourtant, un cadre supérieur de l’hôpital aurait transmis un mail à plusieurs cadres les enjoignant à ne pas dire que notre présence n’était pas nécessaire. « Profitez-en » aurait-il ajouté en parlant de nous !
Nous ne souhaitons pas, à n’importe quel prix, sacrifier notre formation et faire office de tampons pour pallier les dysfonctionnements des différents services. Nous voulons reprendre les cours le plus rapidement possible. Nous sommes conscients de la difficulté de la gestion d’une telle crise. Nous souhaitons rester disponibles pour renforcer les services qui en ont réellement besoin.
Nous sommes prêts à apporter notre aide sur nos temps personnels, jours fériés, week-ends et vacances scolaires pour éviter tout manquement à notre formation. Les étudiants d’aujourd’hui sont les professionnels de demain, et toute atteinte à la qualité de notre formation affectera nos compétences et aptitudes dans la prise de nos fonctions.
Les étudiants infirmiers de l’IFSI de Mâcon