Comment faire face à la situation critique ? Quelle rouverture et dans quelles conditions ? Ci-dessous quelques témoignages de commerçants mâconnais...
Sophie, gérante de l'ATRIUM Spa & Beauté
« L'architecte italien qui a conçu notre spa citait encore récemment ce dernier : il permet par sa superficie de fonctionner avec les mesures sanitaires dans un contexte privatif. Nos équipements correspondent en effet à un petit nombre de personnes, à une famille ou à des amis. Cela dit, nous avons subi la fermeture administrative.
Nous faisons partie d'une confédération de l'esthétique et du spa qui avait mis en place des mesures encore plus rigoureuses que celles publiées : avant l'hygiène était primordiale pour nous, mais nous avons dû ajouter la désinfection ! Ce qui signifie que toutes nos séances de soin nécessitent un temps supplémentaire pour désinfecter les locaux !
Nous avons en outre perdu en matière de chiffre d'affaires, car les chèques cadeaux faisaient une partie de notre succès en fin d'année... Comment allons-nous passer les fêtes ? Les gens veulent aller vers le bien-être et alors que montent les tensions, nous pouvons soulager et apaiser ! Au début, nous avons trouvé le confinement très injuste car prenant toutes les précautions, nous sommes moins exposés que les grandes surfaces qui, elles, restent ouvertes ! Malgré tout, grâce au chômage partiel, nous gardons notre équipe de 10 personnes... Il faut aller de l'avant ! »
Aurélie, responsable du magasin So By Finet
« Pour la reprise, nous sommes venus travailler quelques jours avant ; nous n'avions pas mis en place de "click & collect". Maintenant nous sommes prêts : les clients sont contents de nous voir tous les jours, même dimanche ! Ainsi, nous espérons rattraper le retard et récupérer ! Les trois premiers jours d'ouverture (donc jusqu'à lundi), participation au "black friday" : 25 % de remise sur les marques essentielles du magasin ! »
Nadine, gérante de la boutique Les Arts en cuisine
« Événement exceptionnel, horaire exceptionnel ! Du 28 novembre au 24 décembre : ouverture tous les jours avec une plus grande amplitude horaire ! Il s'agit d'accueillir les clients avec les mesures sanitaires, mais dans la meilleure ambiance de Noël ! Si pendant le confinement le chiffre d'affaires a baissé, grâce au retrait sur commande et à la livraison, nous avons pu garder la confiance de nos fidèles clients ! »
David Bernard, gérant de l'épicerie fine japonaise Autour du Yuzu (et du restaurant Azuki)
« Nous avons mis à jour le site pour être visibles et développer vente en ligne, retrait et envoi. Paradoxalement, ce deuxième confinement est plus dur que le premier ! Avant, comme tout le monde était confiné, les gens pouvaient anticiper leurs besoins, chercher à s'occuper l'esprit et consommer différemment ! Maintenant, c'est boulot-dodo : dans ce semi-confinement, ils commandent moins... Nous avons été affectés : les Japonais étant prioritaires sur le miso, nous avons subi un retard dans l'approvisionnement.
De plus, nous avons dû attendre l'autorisation de la douane pour acquérir certains produits ! Mais mon lien avec le Japon (je suis consultant auprès de l'ambassade) m'a permis de préparer l'année suivante : au moment du déconfinement, j'ai organisé ici une dégustation d'alcool japonais (nihonshu/日本酒 et non sake/酒, ce dernier terme désignant au Japon toute boisson alcoolisée : N.D.L.R.) pour les professionnels à la demande de la préfecture de Saga. La prochaine fois, nous aimerions accueillir un plus large public pour déguster... sans masques ! »
Antoine Denize, employé du magasin King Jouet
« Nous sommes un magasin saisonnier et le confinement rend les choses compliquées ! Mais nous avons mis en place un système de "drive". Nous comptons sur la rouverture pour compenser les pertes, sachant que les mois de novembre et décembre représentent 60 % du chiffre annuel ! C'est pourquoi nous ouvrirons tous les jours jusqu'au 24 décembre !
La totalité des employés a travaillé pendant le confinement : préparation de commandes, gestion des appels, aménagement du magasin avant Noël... Deux CDD ont récemment été renouvelés ! Beaucoup de clients, décidés à nous soutenir, nous ont dit leur désir de nous revoir ! Pour les satisfaire et mieux les accueillir, notre directeur propose maintenant toute une décoration de Noël ! »
Nicole Proust, gérante de la chocolaterie Les Cygnes et représentante du collectif Laguiche (cf. notre article)
« Pour la reprise, nous avons essayé d'animer la rue Philibert Laguiche ! Tout ce qui a été fait dans cette rue vient des commerçantes ! Nous avons mis, sans aide et sans partenariat, lumières et animation ! Compte tenu du contexte, c'est cette année, à ce moment, avant Noël, que la collectivité aurait dû agir et se mobiliser ! Les gens sont moroses à cause du confinement.
Nos boutiques (liées aux métiers de bouche) sont restées ouvertes, mais ils ne le savaient même pas ! J'aurais préféré fermer pour toucher les aides : je ne vends rien et je ne touche rien ! Nous avons perdu Pâques et Noël ! Que faut-il pour que Mâcon se réveille ! Maintenant je regrette de m'y être installée : on pourrait compter les boutiques fermées depuis 2013... Nous voulions une ville festive et lumineuse ! »
Propos recueillis par Antoine Collinet