Pour Cécile Bastien Volet, facilitatrice (ou "professeur" pour les profanes, quoique le terme soit un peu trompeur...) au sein de l'association En Corps et en Couleurs (suivre le lien pour aller plus loin !), la biodanse fut à la fois découverte et attente ! Car danse est conscience, et le corps de la jeune femme n'admettait plus les carcans propres à certaines pratiques artistiques : la biodanza ou biodanse fut en cela presque rencontre destinale ; une manière, du moins, d'aller au-devant de la Vie ! Quelle que soit la musique, les corps délivrés s'adaptent et communient.

C'est — référence qui ne déplaira pas à cette poète qu'est Cécile ! — le philosophe inactuel Friedrich Nietzsche (1844-1900) qui disait : « Une journée sans danser est une journée perdue » ! La biodanza, suivant son fondateur le Chilien Rolando Toro (1924-2010), est d'abord vivencia, force de vie, intensité de l'instant présent. Non sans émotion, Cécile se rappelle sa rencontre avec le vieux maître, par ailleurs psychologue et anthropologue, peu avant sa mort : « Ce qui était magique, c'était la fluidité de son mouvement et la pétillance dans ses yeux... Son corps était âgé, mais son cœur !... Cela respirait la jeunesse et la Vie ! » En vieillissant, mystérieusement, l'homme rajeunissait... Mouvement contre-nature ou ascension vers la surnature ? Peut-être tout simplement retour à la Source pour créer.

Danse est enfance... Pendant les ateliers familiaux, les parents comprennent qu'ils peuvent apprendre des petits. Il faut parfois sortir du cadre, des conventions, des restrictions ! La biodanse est aussi se confronter, s'affirmer et, s'il le faut, se protéger ! Masculinité, féminité, personnalité : quête éternelle de l'identité... Danse est puissance, dissidence, transcendance ! Et si l'être des corps confinés se déploie moins, grâce à la force du groupe et de l'amitié, le lien se maintient. Nietzsche encore (cf., pour les curieux, ici et là) : « Je te suis en dansant, même sur une piste incertaine. Où es-tu ? Donne-moi la main ! Ou bien un doigt seulement ! » La biodanse de Cécile est aussi bienveillance. 

Antoine Collinet