À l'occasion de la venue de Violaine Bérot à la MJC de l'Héritan, Jean-Marc Brunier, libraire du Cadran lunaire, a proposé une rencontre avec l'auteure de Comme des bêtes, adapté au théâtre par la troupe du Pendart. Hommage au libraire à travers un joli texte : Lucette dans la Maison des Jeunes...
- Dis-moi ça sert à quoi un libraire ?
Qu’elle a demandé la petite Lucette.
- Eh bien à vendre des livres.
Qu’a répondu le Guy qui sait tout.
- Et c’est tout ? C’est un épicier quoi.
- Eh bien non parce que lui, les livres, qu’il te propose, il les a déjà lus et des fois avant tout le monde, dans des versions « pas corrigés » où il n’y a même pas de quatrième de couverture.
- Pour pas se faire une opinion avant la quatrième de couverture. Un libraire, ça lit donc les livres avec les fautes d’orthographes ?
- Oui sûrement. Il a un avis avant tout le monde et quand il te le propose, il te donne son opinion, il te guide quoi.
- Ben, c’est pratique. Et c’est tout ce qu’il sait faire l’épicier du livre ?
- Ce qu’il sait faire aussi c’est te faire aimer un livre, même avant de l’avoir lu c’est de te parler, aussi, de celui ou de celle qui l’a écrit.
- L’auteur ou l’autrice c’est ça.
- On va dire l’auteur ou l’auteure mais l’autrice est correcte. Et des fois, il invite l’auteur(e) à rencontrer ses lecteurs, toi, moi, d’autres. Et cette activité d’écriture solitaire de l’auteur(e) devient un moment de partage intense, collectif, jouissif, jubilatoire, des fois.
- C’est vrai qu’un épicier aura du mal à faire rencontrer un poireau avec son consommateur pour échanger, sans que ça se termine par un drame, un des deux sera mangé.
- Tiens pour exemple jeudi dernier le 12 mai, Jean-Marc le libraire qui vit sur un quartier de lune à Mâcon, celui qui donne son opinion et t’incite à acheter « la dernière sortie du bouquin, qu’est ma foi un bien bel ouvrage » a fait venir Violaine Berot à la librairie d’abord, à la MJC Héritan ensuite, il l’a convaincue de descendre de ses sommets des Pyrénées.
- C’est quoi ça ?
- Les Pyrénées, c’est la montagne, mais Violaine Bérot, c’est l’auteure d’un roman qui s’appelle « comme des bêtes » et qui a été adapté en théâtre par les Pendarts dans leur tanière de la MJC.
- Oui et alors.
- Eh bien c’était une soirée magique. Violaine, oui maintenant je l’appelle Violaine, a retrouvé incarnés les personnages qui n’étaient jusqu’alors que de l’encre, des mots sur du papier. Les comédiens avaient en face d’eux leur créateur. Le public qui était, ou qui deviendra lecteur de ce formidable bouquin, était à ce moment spectateurs de théâtre. Enfin la patronne de la MJC, sereinement, avait le sentiment d’aider à accomplir un des piliers de l’éducation populaire : la culture partagée par tous. Tout ce beau monde était ravi et la soirée s’est terminée tard et pas seulement à cause de la longueur de la pièce.
- ça devait être bien joli comme ils disent dans la pièce. Oui mais le libraire dont tu me parles, Jean-Marc, il faisait quoi, lui.
- Il était heureux. D’abord il avait à côté de lui son quartier de lune Antoinette, et puis il faut le dire, c’est à cause de lui que tout ça a été possible. Non ?.. Alors
Jihem
Quand un livre devient une pièce jouée à la MJC, ça donne ça : cliquez ici pour voir la présentation. Représentation les 18, 19, 20 et 21 mai.
Rencontre avec les comédiens du Pendart