Communiqué de Femmes solidaires Mâcon

Élections en Espagne : les féministes, en Europe, entre soulagement et crainte…

Les élections législatives anticipées espagnoles se sont tenues dimanche 23 juillet. Les sondages réalisés avant les élections prédisaient tous une large victoire du Parti Populaire de droite (PP) et même la possibilité d’une majorité absolue avec l’appui de Vox.Pourtant, si ces élections ont offert une victoire au PP*, ce n’est pas suffisant pour qu’Alberto Núñez Feijóo, le leader du parti, puisse être élu Premier ministre ; à l’inverse, la défaite du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), mené par Pedro Sanchez, est relative, et son résultat pourrait suffire pour un vote d’investiture, grâce à l’appui de la gauche radicale**, voire des partis basques et catalans***.

Pourquoi ce scrutin a suscité un intérêt inhabituel à l'étranger?

L’Espagne est en effet depuis plusieurs années considérée comme un pays pionnier en matière de droits de la communauté LGBT+, et il fait référence en matière de droits des femmes en Europe. Le gouvernement Sanchez compte plus de femmes que d’hommes. L’interruption volontaire de grossesse a été dépénalisée en Espagne en 1985, puis légalisée en 2010, et en février dernier, les députés espagnols ont adopté un projet de loi beaucoup plus large visant à faciliter l’accès à l’avortement.

Ce projet prévoit également un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses, ce qui est totalement inédit en Europe.

La loi espagnole permet de changer librement de genre dès 16 ans. Cette loi transgenre a certes fait débat, au sein même des socialistes et des féministes, mais c’est une mesure avant-gardiste dans le monde aujourd’hui. Enfin, les bracelets anti-rapprochement, mis en place en 2009, ont prouvé leur efficacité dans la lutte contre les violences faites aux femmes: aucune utilisatrice de ce service n'a été depuis assassinée par son partenaire ou ex-partenaire. Plus de 3 000 bracelets sont actifs en Espagne, alors qu’il y en a seulement 1 000 en France.

L’arrivée au pouvoir d'une alliance entre la droite traditionnelle et Vox, parti ultranationaliste, ultraconservateur, europhobe et ouvertement anti-LGBT, risquerait de remettre en question les droits à l'avortement et l'existence de la violence de genre. Vox veut supprimer la loi contre les violences faites aux femmes pour parler de "violences domestiques".

Face aux résultats des élections, les féministes, comme les Femmes Solidaires Mâcon, éprouvent donc un certain soulagement. La droite espagnole devance de justesse le PSOE…

Mais l'inquiétude demeure. Ce sont des espagnol.e.s qui se rassemblent autour de l’idée que c’était mieux avant, ce sont des nostalgiques du franquisme, ce sont des jeunes aux motivations différentes, qui ont voté pour le PP ou pour Vox dimanche.

Et ça, ça craint...

 

*Le PP totalise 136 sièges sur un total de 350 au congrès des députés et le parti d’extrême droite Vox 33 sièges. Soit un total de 169 sièges, alors que la majorité absolue est fixée à 176.

**Le PSOE remporte 122 sièges, et Sumar (gauche radicale et écologistes) a obtenu 31 députés.

***Respectivement 14 et 11 sièges.

 

Et pendant ce temps-là, en France, le remaniement gouvernemental : les féministes sont inquiètes...

Alors qu’en Espagne les tractations politiques ont désormais commencé pour constituer le prochain gouvernement, à la suite des résultats des élections législatives anticipées du 23 juillet, en France nous avons aussi eu droit à notre lot de rebondissements, avec l’annonce, le 20 juillet, du remaniement gouvernemental.

Il ne s’agit que d’un microremaniement, car il n’y a que huit nouveaux ministres, et peu de changement dans les portefeuilles régaliens. Mais ces "ajustements", comme les appelle Elisabeth Borne, s’avèrent alarmants…

Le président Macron se déclare satisfait de la parité de son nouveau gouvernement. Constatons cependant qu'un seul ministère régalien revient à une femme, celui de l'Europe et des Affaires Etrangères, pour Catherine Colonna. Quant aux nominations de Bérangère Couillard et d’Aurore Bergé, ce sont des choix inquiétants.

Bérangère Couillard, nouvelle ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, s’est opposée en 2020 - alors qu’elle était députée de Gironde -, à l’intégration des couples de même sexe dans une proposition de loi contre les violences conjugales...

Aurore Bergé, nouvelle ministre des Solidarités et des Familles, a toujours combattu le mariage pour tou.te.s, et s'est manifestée dans la lutte contre les droits des personnes transgenres…

Le président a récemment rappelé que la lutte pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et contre les violences conjugales et intra familiales faisait partie des objectifs principaux de son quinquennat. L'annonce de ces remaniements nous donne des raisons d'en douter. Les Femmes Solidaires Mâcon sont très inquiètes…

 

Femmes Solidaires Mâcon