Ils étaient nombreux vendredi matin : élus, chefs de service d’administrations et de collectivités, responsables d’entreprises, représentants des chambres consulaires, représentants d’organisation syndicales, d’organisations socio-professionnelles et d’unions de consommateurs autour de la table (ou par visio-conférence) pour participer aux « Assises de l’Eau » impulsées et animées par Monsieur Yves Séguy Préfet de Saône et Loire. Cette rencontre s’inscrit dans le plan national de l’eau autour de trois piliers : organiser la sobriété, optimiser la disponibilité de la ressource et préserver la qualité de la ressource.

Les échanges ont porté sur la situation que rencontre actuellement la Saône-et-Loire et l’ensemble du territoire national. Cette situation appelle à une analyse partagée et à des mesures déterminées de sobriété, de mise en place de nouveaux dispositifs et à une prise de conscience. Il s’agit d’une affaire qui concerne tout le monde quelles que soient les responsabilités de chacun et bien sûr en tant que personne citoyenne et responsable.

Pour rappel, le département de Saône et Loire a connu quatre sécheresses sévères ces cinq dernières années. L’année 2022 a été l’année la plus chaude jamais mesurée. Nous sortons d’un hiver sec et nous sommes dans un printemps qui donne l’illusion d’être réparateur par sa fraîcheur et ses pluies. Mais, de l’avis de tous les experts elles sont très insuffisantes pour nous éviter probablement une sécheresse et une nouvelle situation délicate durant l’été prochain.

Une situation délicate veut dire qu’il va falloir continuer à s’intéresser plus encore à la situation des cours d’eau, à la situation des nappes phréatiques. Il est indispensable de porter un regard plus pertinent et toujours plus exigeant sur les réseaux d’approvisionnement en eau potable, sur la qualité des eaux distribuées, sur les capacités des milieux à supporter à la fois les prélèvements indispensables mais aussi les rejets d’eau jugés nécessaires après traitement.

Collectivement, il y a également à s’interroger et à s’organiser cet été sur les réalités et nécessités qui concernent le milieu agricole. Pour la partie élevage, il faudra organiser l’abreuvement du bétail, pour les grandes cultures et le maraîchage sans oublier la gestion de la forêt, de nombreuses pistes d’amélioration sont en cours concernant les types et les modes de cultures, les systèmes d’irrigations.

Il faudra aussi s’interroger sur le fonctionnement d’un certain nombre des unités industrielles du territoire alors que le département enregistre une progression de l’emploi industriel. Il faudra en mesurer les enjeux notamment sur la disponibilité de la ressource en eau. Pour ce faire, des actions sont en cours pour réduire les gaspillages, gérer plus finement les consommations en optimisant les équipements ou en changeant de technologie.

De nombreuses collectivités locales ont lancé des initiatives concrètes en s’engageant dans une démarche de développement durable et une politique environnementale volontariste. Dans tous les services, la gestion de l’eau est prise en compte pour tous les travaux d’aménagements. Par exemple, la désimperméabilisation des cours d’école pour laisser place à la végétalisation et faciliter l’infiltration des eaux pluviales de même pour les parkings et les constructions de lotissements.

Les consommateurs aussi sont directement concernés. Pourquoi ne pas introduire une tarification différenciée en fonction des m3 prélevés par paliers graduels et incitatifs. Pourquoi ne pas imposer et aider la vente de chasses d’eau équipées de double chasse, développer la mise en place de mousseurs et réducteurs de débit sur tous les robinets et douches, imposer la récupération d’eau des toitures, assurer les réparations des fuites et une maintenance régulière des réseaux ?

Une chose est sûre, il va falloir dans les semaines et mois à venir continuer et améliorer la gestion de la contrainte. 

C’est dans ce cadre-là qu’un arrêté a été pris il y a quelques jours par le préfet plaçant le département en situation de vigilance qui à ce 1er stade n’apporte pas de restrictions d’usage mais néanmoins est destiné à faire prendre conscience au plus grand nombre d’une situation extraordinairement fragile.

Plus tard viendront peut-être, le plus tard possible on espère, des temps où il faudra prendre des mesures complémentaires qui passeront par des niveaux d’alerte renforcés avec des restrictions d’usage. Dans la situation de crise majeure et avérée, ces mesures pourraient être accompagnées d’interdictions. Ces situations extraordinaires sont déjà présentes dans certains territoires, c’est le cas du département voisin de l’Ain et des Pyrénées orientales.

Voilà beaucoup de sujets qui invitent à prendre « la juste mesure mais toute la mesure de la situation et ne pas chercher à en rajouter ». Faisons en sorte que la prise de conscience de ces changements se traduise secteur d’activité par secteur d’activité et, à titre individuel par la volonté de s’organiser pour préparer l’avenir de la disponibilité de la ressource et de la qualité de l’eau qui sert à la vie de tous les jours.

Bernard Suc