Déterminée à conscientiser l’opinion publique sur la gabegie économique et environnementale que constituent les fuites d’eau potable dans les canalisations, l’UFC-Que choisir de Saône-et-Loire participe à l’opération nationale « La fuite en avant ».

A l’image du livre « la disparition », les bénévoles de l’association locale font provisoirement disparaître les « o, au, eau » de noms de communes sur des panneaux d’entrée de ville pour dénoncer l’ampleur des fuites d’eau dans le département et appeler à un véritable plan de rénovation des réseaux. 

 

Communiqué

Si l ’UFC-Que +Choisir n’a de cesse, année après année, de dénoncer la pression de l’agriculture intensive et de l’irrigation sur la ressource en eau, tant en termes de quantité que de qualité (pollution), l’association épingle aujourd’hui un autre mal pour la préservation de la ressource : l’état des réseaux de canalisation d’eau potable. L’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics de mettre en œuvre un véritable plan de rénovation des réseaux.

Alors que le ministère de la Transition écologique indique que notre département subira très probablement une nouvelle sécheresse cet été, avec un risque de sécheresse fort à très fort sur une majorité des nappes phréatiques du territoire français et que le préfet vient de prendre un arrêté « sécheresse »plaçant les bassins de l’Arconce et du Sornin en alerte renforcée et celui de la Grosne en alerte, l’UFC-Que Choisir de Saône et Loire alerte sur le niveau alarmant des pertes d’eau potable qu’elle a relevé dans le département et la faiblesse des mesures prises pour y remédier.

Une évolution climatique inéluctable

L’été dernier, le département de Saône et Loire a été officiellement placé en situation de crise entrainant dans certaines zones un arrêt total de l’irrigation et des usages d’eau non prioritaires.

De telles sécheresses seront inéluctablement amenées à se multiplier avec la diminution des précipitations prévues pour les prochaines décennies. Les climatologues et les hydrologues indiquent que la recharge des nappes phréatiques devrait baisser en moyenne de 10 % à 25 %.

Les débits moyens des fleuves pourrait être réduits de 10 % à 40 % sur l’ensemble de l’année.

Quant aux débits estivaux des fleuves, ils pourraient être réduits de 30 % à 60 %... et le débit du Rhône pourrait être divisé par deux.

L’équivalent de la consommation de Chalon sur Saône et Mâcon perdue chaque année

Sur l’ensemble du département, 15.1% de l’eau potable sont perdus à cause des fuites de canalisation[1], soit un taux de fuite inférieur à la moyenne nationale qui est d’un litre sur 5

perdu (19,9 %). Ces pertes représentent chaque année l’équivalent de la consommation en eau des villes de Chalon sur Saône et Mâcon.

A noter que 5 % des communes ne donnant aucune information sur leur niveau de perte dans la base de données nationale, le niveau de pertes réel du département est probablement plus élevé.

En effet, les canalisations aux matériaux fragiles (fonte grise, PVC collé, amiante-ciment) représentent plus de la moitié (55 %) du réseau français et une grande partie d’entre elles a déjà dépassé l’âge où elles auraient dû être remplacées.

Plan de rénovation des réseaux : une volonté politique en fuite !

En 2019 les Assises de l’Eau ont fixé l’objectif de renouveler 1 % du réseau national par an :  en Saône et Loire, 65 % des communes sont en-dessous de cet objectif national.

Avec la suppression totale en 2016 de l’aide en matière d’ingénierie apportée par les services de l’État (connaissance de l’état des réseaux, programmation des travaux, maîtrise d’ouvrage…), les communes sont désormais seules responsables de l’entretien des réseaux.

Si les grandes et moyennes collectivités ont la capacité de mobiliser les moyens humains et financiers pour assurer la gestion de leur réseau, les plus petites communes ont les plus grandes difficultés à connaître l’état de leur réseau, qui plus est à financer sa rénovation.

Quant aux aides financières, elles sont limitées par la faiblesse du budget des agences de l’eau Rhône Méditerranée et Loire Bretagne et l’inéquité des contributions entre les différents acteurs : alors que les utilisateurs de l’eau sont censés contribuer au financement en proportion des volumes qu’ils prélèvent dans le milieu naturel, l’agriculture ne contribue qu’à 3% de la redevance prélèvement, alors qu’elle représente l’essentiel des consommations nettes d’eau en été.

Dans le cadre du plan Eau, le gouvernement a bien évoqué le sujet des fuites d’eau, mais pour proposer des mesures dérisoires. Alors que les experts exigent 2.5 à 3 milliards annuels, il a annoncé 180 millions d’euros, ciblés sur les plus petites communes…, une goutte d’eau !

Les demandes

Dans un contexte de raréfaction manifeste de la ressource, il est plus que jamais indispensable et urgent de limiter les pertes d’eau potable. A cet effet, l’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics :

  • Un renforcement des aides des agences de l’eau Rhône Méditerranée et Loire Bretagne aux collectivités prioritaires en termes de raréfaction de la ressource et de fuites ;
  • Une augmentation du budget de l’agence par l’augmentation des redevances payées par les acteurs professionnels ;
  • Un développement de l’appui technique du département aux petites communes ;

[1] Données annuelles des services 2021 - l’Observatoire National des Services Publics d’Eau et d’Assainissement – Juin 2023