Le lieutenant Fabrice Malon, sapeur-pompier de Saône-et-Loire et conseiller technique départemental adjoint feux de forêts a lutté pendant trois semaines contre les feux de forêt dans le nord du Québec.

C’est un sapeur-pompier souriant, satisfait de l’expérience vécue et bien remis du décalage horaire qui s’est présenté à la presse ce matin 28 juillet.  « J’ai eu la chance d’être sélectionné, le seul sur de département », avoue-t-il reconnaissant. Même si cette sélection est grandement due à ses compétences et à son expérience.

Il a embarqué avec ses collègues le 28 juin à Marseille direction Québec city, au sein d’un groupe composé de 120 soldats du feu (60 sapeurs-pompiers, 60 militaires).

Ne pas prendre la mouche…

Première surprise, la gestion des feux de forêts est confiée dans cette province à une compagnie privée (la Sopfeu) mais pour autant très efficace.

Second changement majeur, l’espace, le gigantisme de ce territoire (en grande partie inhabité) et par conséquence, celui des feux de forêts.  « Nous sommes intervenus à 500 km au nord de la ville de Québec, sur plusieurs incendies de forêts dont certains dépassaient les 112 000 hectares ! » Avec des essences, en notamment l’épinette noire, qui s’embrasent comme des allumettes.

Et il a fallu faire face à un environnement naturel hostile. Si lors de la formation ont été évoquées les réactions à avoir face à un ours, en réalité ce sont les petites bêtes qui ont posé problème, principalement les mouches noires, source de piqûres et d’infections sévères dans ce milieu très humide.

Feu 373 maitrisé

Autre surprise pour le lieutenant, les méthodes de lutte contre l’incendie sont différentes : « Ici on ne court pas après le feu pour protéger les maisons comme en France ; on ne l’attaque avec des camions-citernes car c’est très difficile d’accès mais plutôt par les aires par avion ou hélicoptères ».

Le groupe de Fabrice travaillait essentiellement en lisière à l’affût des points chauds susceptible de relancer le feu. Une « chasse » par drone la nuit pour géolocaliser les points chauds, et physique en journée. Avec la satisfaction pour le détachement français d’avoir contenu le feu 373 (Ici, on donne des numéros aux feux car ils sont nombreux, près de 900 sur tout le Canada).

Dans ces grands espaces, les pompiers sont acheminés par hélicoptère. Ils ont été logés une partie du temps dans un camp forestier, une autre dans le camp d’une entreprise minière.

Tout le détachement français est revenu sain et sauf « deux pompiers canadiens sont morts là-bas à cause des chutes d’arbres », signale le Lieutenant pour rappeler le danger de ces missions.

Au final, une expérience très bénéfique. « C’est très enrichissant humainement de rencontrer nos cousins québecois même s’il faut s’adapter à leur vocabulaire. Techniquement aussi j’ai appris des choses mais ils ont été aussi impressionnés par notre efficacité. On a su gagner leur confiance. »

Une réussite qui rejaillit sur tout le SDIS 71. « Nous avons mis de gros moyens sur les feux de forêts ces dernières années. Nous avons un personnel très qualifié et nous continuons à investir dans le matériel en l’occurrence des camions citernes grosse capacité » se félicite Thierry Vuillemin, chef de groupement de l’engagement opérationnel.