Les services de l’État et les syndicats agricoles se réunissent chaque semaine en préfecture pour trouver des solutions aux revendications des paysans.

 

Après le fumier, les croissants ! Après avoir symboliquement bouché l’accès de la préfecture la semaine dernière, les représentants du monde agricole y sont invités pour des réunions de travail dans une ambiance très collaborative.

Les JA, qui reprennent à leur compte le slogan de la confédération paysanne, « on veut des fermes, pas des firmes », ce dernier syndicat qui se dit lui certain d’avoir des idées « pas si lointaines » de ses "concurrents" ; les représentants agricoles qui louent le travail et l’écoute des services de l’État, et vice-versa. La réconciliation semble consommée, la saison des amours bat son plein. Mais derrière cette chaleureuse ambiance, « nous sommes très déterminés, nous ne baissons pas la garde », assure le secrétaire général des JA 71, Thibaud Renaud. « À l’heure où l’on se parle, les agriculteurs mènent des vérifications sur l’étiquetage des produits dans les grandes surfaces », renchérit Anton Andermatt, secrétaire de la FDSEA 71.

Bref, la pression ne redescend pas. Dans les fermes, les agriculteurs attendent avec impatience des résultats concrets aux promesses du Premier ministre, surtout ceux qui n’étaient pas favorables à la levée des barrages. « A un moment faut arrêtez de gueuler et faut bosser », poursuit le représentant des Jeunes Agriculteurs. 

Concrètement, le préfet, avec l’appui du DDT Jean-Pierre Goron, a mis en place dix groupes de travail* chargé de proposer des solutions au plus vite, adaptées au terrain, « des déclinaisons locales au plan national ».

Il a déjà promis le versement de toutes les aides PAC au 15 mars, même si les syndicats se montrent encore un peu sceptiques à ce sujet.

Le secrétaire général de la chambre d’agriculture mais aussi représentant de la viticulture, Marc Sangoy, demandait lui du temps pour répondre au défi climatique et écologique, et surtout des moyens financiers pour trouver des substituts à l’usage des pesticides. Il réclamait aussi plus d’écoute du terrain, notamment de la part de l’U.E.

Autre sujet fort de préoccupation, la réduction du nombre des contrôles administratifs, dans l’idéal pas plus d’un par an. « C’est générateur de stress pour l’agriculteur. En cas d’erreur, il perd directement du revenu », fait remarquer Thibaud Renaud.

Ce qui est sûr, c’est que la plupart des doléances de la profession ne pourront trouver d’écho en un jour : la gestion du loup (le plan national devra être retravaillé), les revenus, le renouvellement des générations, sont autant de sujets de longue haleine.

Chacun espère que cette démarche très volontariste du Préfet Séguy, à la tête du 2ème département de France en termes de SAU (surface agricole utile), portera ses fruits. « On veut être pragmatique, pas faire de la réunionite. Les groupes de travail se réuniront une fois par semaine au moins jusqu’au Salon de l’Agriculture », explique le Préfet.

Et des résultats positifs sont attendus par la base. « Notre opération de blocage a été une réussite mais maintenant il faut transformer l’essai », résume parfaitement Thibaud Renaud.

David Bessenay

 

*Les dix groupes de travail : Paiement/PAC, simplifications administratives, haies, eau, produits phytosanitaires, flavescence dorée, contrôles, loup, Loi Egalim et installation.