Certains sont là depuis le début, depuis cet été et l’instauration du pass sanitaire. D’autres, comme Alain, reviennent après avoir quitté le mouvement et cette mobilisation dans laquelle ils ne se retrouvaient plus forcément. Seuls, en couple, ou accompagnés de leur famille, ils sont antipass, pass sanitaire et/ou vaccinal. Antivax ? Pas forcément. « Mes deux filles ont reçu tous les vaccins obligatoires étant petites, soulignent Kaveh. Mais aujourd’hui, je ne veux pas pour elles comme pour moi de ce vaccin qui ne devrait même pas être sur le marché. Je ne veux pas qu’on m’impose quelque chose. La France est le pays des Droits de l’Homme, des libertés, mais je ne me reconnais plus dans cette terre que j’ai rejoint à 14 ans. L’été dernier, j’ai manifesté pour la première fois de ma vie à 53 ans, contre ce pass, parce qu’en France, on m’enlève mes libertés. »

Kaveh est en colère, déçu aussi qu’il n’y ait pas plu de monde ce samedi matin - « C’est même grave de voir que les gens ne réagissent pas » - , place Saint-Pierre, pour ce rassemblement, pas une manifestation, mais plus une volonté de se réunir, d’échanger et de montrer qu’ils ne veulent pas de ce vaccin, « qui est plus une injection expérimentale » diront certains.

« Une expérimentation que l’on veut maintenant tester sur les jeunes, rétorque un autre participant. Aujourd’hui, on nous demande de vacciner les enfants, mais pas pour leurs intérêts, pour le collectif, pour protéger le groupe, c’est un changement complet de doctrine ! Un choix ahurissant qui se prend autour d’une table entre une dizaine de personnes et un conseil de défense. »

Les propos tenus par Emmanuel Macron ont également été largement commentés ce samedi matin. « En nous emmerdant, le président nous méprise », estime Geoffroy. Alain, lui, est aussi revenu manifester suite aux propos du chef de l’État : « Je me suis dit il faut que je retourne dans la rue. Mais derrière, j’ai aussi envie de faire savoir qu’on a fermé 5 700 lits d’hôpital en 2020, et plus de 20 000 depuis 2017. C’est emmerdant aussi ça, et même irresponsable et criminel. La santé n’est pas une marchandise. Macron a une responsabilité partielle parce qu’il est sur le chemin des trente ans de néolibéralisme. Si on n’avait pas fermé autant de lits à l’hôpital, on n’en serait pas là aujourd’hui. C’est en plus une honte absolue que de dénoncer la citoyenneté des gens en fonction des leurs choix thérapeutiques. Ce qui est catastrophique également, c’est qu’il y a toujours et encore des efforts à faire. À chaque fois on ressert la vis, sans jamais desserrer l’étau ! Et moins ça marche, plus on s’en prend aux non vaccinés ! S’ils étaient vraiment persuadés que les vaccins étaient la bonne solution, ils rachèteraient les brevets… », avance Alain en guise de conclusion.

Certains avouent avoir peur du virus et de ses variants, peur de ses conséquences sur leur santé. Pas assez pourtant pour répondre à la vaccination. « Je préfère faire attention et ne plus voyager. Avant je prenais souvent le train pour Paris, j’ai arrêté ! » D’autres confient avoir mis en place un nouveau mode de vie, on a plus le droit de faire certaines choses, alors on s’adapte et on organise les choses différemment. »

D. C.