La mémoire de la résistante arrêtée à Mâcon a été honorée ce mercredi en fin d'après-midi, en présence de sa petite fille Chilina Hills, née en 1951. Le récit de son arrestation.

 

Il est dix heures ce 28 mai 1943.

Henri Guillemin, responsable départemental des Mouvements Unis de la Résistance, a rendez-vous rue Bigonnet avec deux résistants, Peck et Truchi, pour préparer une réunion prévue à 11h30 à l'hôtel de Bourgogne, place de la Barre.

Il est prévu qu'Henri Frenay et Berty Albrecht participent à cette réunion.

Les trois camarades prennent du retard et ce n'est qu'à midi qu'ils se dirigent vers la place de la Barre.

Mais, à proximité de l'hôtel de Bourgogne, ils remarquent deux sentinelles allemandes à l'entrée de l'hôtel. Ils décident de passer leur chemin sans s'arrêter.

En effet, depuis le milieu de la matinée, des policiers allemands venus de Lyon ont investi l'hôtel pour des perquisitions et des contrôles d'identité.

Un témoin rapporte :

« Les chambres ont été vidées de leurs occupants. Sous la menace de revolvers, tous sont rassemblés dans la salle à manger et mis le nez au mur. L'un des policiers fait se tourner chaque homme, le regarde, et passe au suivant. »

Manifestement, ils cherchent Henri Frenay.

Les trois amis résistants s'inquiètent : comment prévenir Henri Frenay et Berty Albrecht ?



Elle était arrivée de Cluny. À Mâcon, elle dépose son parapluie et une petite valise à la bijouterie Baron, rue Philibert Laguiche.

Elle monte ensuite place de la Barre, à l'hôtel de Bourgogne, où elle doit rencontrer une personne porteuse d'un message, Edmée Deletraz.

Mais plutôt que l'hôtel de Bourgogne, Edmée Deletraz accompagne Berty Albrecht au square de la Paix où elle lui remet son message.

À peine la conversation terminée, la Gestapo arrive, empoigne Berty Albrecht, la brutalise, la traîne jusqu'à une voiture. Edmée Deletraz était un agent double, au service de la Gestapo.

Berty Albrecht est emmenée à l'hôtel Terminus, en face de la gare, siège de la Gestapo...

 



En 1940, la France comptait 40 millions de français. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, ils seront 1038 à avoir été faits « Compagnons de la Libération ». Ces 6 femmes et 1032 hommes composeront cette « chevalerie exceptionnelle créée au moment le plus grave de l’histoire de France », selon les mots du général de Gaulle, instituteur et Grand Maitre de l’Ordre de la Libération. Et Berty Albrecht était une de ces 1038, une de cette phalange magnifique, une de cette aristocratie de l’honneur.

Message lu du général Christian Baptiste, délégué national de l’Ordre de la Libération

 

Dans cette existence construite par le courage et la foi, Berty Albrecht a parcouru nos rues pour y travailler à la victoire sur l'ennemi et au retour des jours de liberté. Notre ville de Mâcon a en effet été placée par l'histoire au carrefour des actes de résistance, première grande ville de la zone libre.

Jean-Patrick Courtois, maire de Mâcon

 

Berty Albrecht demeure comme l'une des figures les plus emblématiques de la Résistance, celle pour qui il n'était pas question de résignation, même au plus fort de l'oppression et de la barbarie. (...) A travers elle, souvenons-nous des femmes et des hommes qui ont pris tous les risques, bravé la plus violente des répressions, accepté la mort pour défendre les valeurs de la France quand elle avait un genou à terre, et ainsi sauver l'honneur de la Nation.

Yves Séguy, préfet de Saône-et-Loire

 

 

 

Le Chant des partisans entonné par la Cantoria

Les jeunes ont lu des messages sur la Liberté

Saïlha Alkan, élève de terminale du lycée Lamartine,

a lu le récit de l'arrestation de Berty Albrecht

Présence également de Gilbert Mitterrand, fils de François Mitterrand

Dépôt de gerbes par Claude Cannet, vice-présidente du Département de Saône-et-Loire, Benjamin Dirx, député, Yves Séguy, préfet, et Jean-Patrick Courtois, maire de Mâcon