À l’occasion du centenaire de l’installation à Mâcon de deux ouvrages sculptés par Pierre Alexandre Morlon, Les Vendangeurs et le monument aux morts, le musée des Ursulines consacre à cet artiste sa première rétrospective. Elle sera visible du 23 juin au 5 novembre 2023.

 

Le vernissage de l'exposition s'est tenu ce jeudi soir en présence d'Eric Brunet, fils du sculpteur Émile Brunet, légataire universel de Morlon, du Maire de Mâcon Jean-Patrick Courtois, de son adjoint à la Culture Hervé Reynaud, du Président du club numismatique de Mâcon Olivier Legey et des Amis du musée.

 

« L'exposition est un hommage à l'artiste. Elle met en lumière son œuvre sculptée à travers les monuments érigés en France. Particulièrement présents en Saône-et-Loire. Elle suit un parcours chronologique mais aussi thématique, réunissant les différents arts que Morlon maîtrisait. La scénographie de l’exposition a été confiée à l’agence SEV communication. C'est un travail d'équipe. Je remercie toute l'équipe du musée pour la riche programmation culturelle autour de l'exposition », a indiqué la directrice du musée Michèle Moyne-Charlet.

 

Le maire de Mâcon Jean-Patrick Courtois a souligné un art mêlant puissance et émotion. « ...Si le sculpteur a laissé dans sa ville natale une trace indélébile, il n'en fut pas moins reconnu, apprécié et célébré bien au-delà des frontières de notre territoire bourguignon....

Artiste fédérateur dont l'oeuvre a su traverser les années tout en conservant sa puissance, Pierre Alexandre Morlon figure parmi les grands sculpteurs d'une époque bouleversée. Il est bien naturel que dans sa ville natale, ici à Mâcon, le Musée des Ursulines ait dédié une exposition à son destin artistique.... Je remercie plus particulièrement Eric Brunet venu spécialement du Québec pour le don généreux qu'il destine au musée des Ursulines. »

 

Eric Brunet a retracé la genèse de l'exposition :  « Avec Gilles Marchand, membre du comité numismatique, nous avons travaillé depuis longtemps. On s'est connu sur internet et petit à petit on a découvert que nous avions des intérêts communs. Mon père était un sculpteur canadien-français. Il était grand ami avec Morlon. On a essayé de retracer les périodes où ils étaient ensemble. Mon père était aux Beaux Arts à Paris dans les années 23 à 27. On sait que pour l'exposition universelle de 1937, mon père a fait le pavillon du Canada. Et Alexandre l'a aidé en sculptant le bison sur la façade du pavillon. Au décès de mon père en 1977, ma mère a rapatrié toutes ses œuvres. Mais de l'ensemble de l'atelier, des œuvres sont parties au musée du Québec et d'autres à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, à l'est du Québec, où mon père a réalisé un énorme travail sur les chapiteaux, le chemin de croix. »

 

UNE RÉTROSPECTIVE INÉDITE À MÂCON

 

L’exposition réunit plus de 200 oeuvres, peintures, sculptures, médailles mais également esquisses préparatoires et matrices provenant de collections publiques et privées. La diversité de son travail et l’évolution de sa carrière ont été ainsi retracées et mises à l’honneur.

Le musée bénéficie du soutien du musée d’Orsay et de la Monnaie de Paris, qui possèdent plusieurs spécimens de son travail et des fonds en lien avec la sculpture et la gravure de médailles. Le club numismatique de Mâcon a apporté également une contribution décisive à l’exposition et des prêts exceptionnels venus du Canada ont été possibles grâce à plusieurs collectionneurs privés.

Ainsi, une vingtaine d’oeuvres sont prêtées par le Musée d’Orsay, soixante-dix par la Monnaie de Paris, une par le Musée des Beaux-Arts de Dijon et plusieurs proviennent du Club Numismatique de Mâcon.

 

UN SCULPTEUR AUX MULTIPLES TALENTS

 

Né à Mâcon au sein d’une famille de marbriers, Pierre Alexandre Morlon suit les coursde l’école municipale de dessin. À partir de 1897, il fréquente l’atelier d’Alexandre Falguière, professeur à l’École des Beaux-Arts.

Sa formation de sculpteur s’enrichit auprès d’Henri Dubois et de Jules-Clément Chaplain qui l’initient à l’art de la médaille. C’est dans cette discipline qu’il se distingue et expose au Salon des artistes français. Il obtient alors l’achat par le Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts de six plaquettes de bronze dès 1904.

La collaboration qu’il amorce à partir de1907 avec la Monnaie de Paris lui assure un avenir prometteur.

Gallia, une des premières médailles éditées dès le début de ce partenariat, en est l’exemple.

 

En parallèle, il poursuit la sculpture et réalise Les atlantes pour un immeuble parisien situé au 199 rue de Charenton, dont Raoul Brandon est l’architecte. Ces allégories d’un marin, d’un mineur, d’un artisan et d’un paysan sont primées lors du concours de façades de 1911.

Le Musée d’Orsay conserve dans ses collections le témoignage de sa collaboration réussie avec Raoul Brandon qui conçoit plusieurs immeubles de Paris. Les ouvrages réalisés lui permettent d’obtenir des commandes d’autres décors tel que celui de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Colmar.

 

UNE NOTORIÉTÉ CONFORTÉE PAR DES COMMANDES DE L'ÉTAT

 

Parmi ses compatriotes, Georges Lecomte, président de la Société des gens de lettres, l’introduit auprès d’hommes politiques importants comme Joseph Caillaux, ministre des Finances, ou Ferdinand Sarrien, président du Conseil. Les bas-reliefs qui lui sont commandés par l’État pour le musée de Bourbon-Lancy en 1906 et pour la toute nouvelle Chambre de Commerce et d’Industrie de Saône-et-Loire cinq ans plus tard, témoignent de l’efficacité de ces appuis. Ce dernier ouvrage intitulé Le Pressoir est installé dans la salle d’honneur de la CCI de Mâcon.

Par ailleurs, il répond également à la demande d’une clientèle privée et expose un certain nombre de portraits dont la fidélité est particulièrement appréciée du public.

À l’issue de la Première Guerre mondiale, les commémorations se multiplient, sollicitant par conséquent le talent des artistes.

Pierre Alexandre Morlon, ayant déjà réalisé une médaille sur le conflit pour la Monnaie de Paris en 1917, participe et remporte les deux concours lancés par l’État en 1921 et 1923.

Son projet de médaille commémorative destinée à tous les mobilisés sera retenu parmi 73 autres lors du premier concours. Sa notoriété sera ainsi confortée dans ce domaine. Deux ans plus tard, le modèle de médaille commémorative interalliée qu’il réalise sera également primé.

Par la suite, la « Victoire ailée » figurant sur cette dernière se retrouve à plusieurs reprises dans ses diverses œuvres sculptées. Elle illustre l’une des spécificités de son approche, c’est-à-dire la réutilisation de motifs identiques tout au long de sa carrière.

Outre les sujets liés à la guerre, on fait appel à lui pour confectionner des plaquettes représentant des savants, des hommes de lettres ou des figures politiques. Son aptitude pour le portrait, dont la fidélité au modèle est souvent louée, lui vaut l’obtention de plusieurs commandes de la part de l’Institut de France.

 

LE FRANC MORLON, UNE RENOMMÉE POSTHUME POUR L'ARTISTE

 

Gravées entre 1935 et 1938, les médailles de conseiller municipal et général qu’il fabrique reprennent le modèle de « République » qu’il a conçu dès 1929 : une femme de profil, coiffée d’un bonnet phrygien, couronnée par des feuilles de laurier, de chêne ou encore d’épis de blé.

Cette illustration figure également sur les pièces de50 centimes, de 1 et de 2 francs. Celles-ci continuent de circuler jusqu’en 1959, date à laquelle le nouveau franc est adopté.

 

AUTOUR DE L'EXPOSITION

 

CONCERT D'OUVERTURE

Samedi 24 juin - 16h - Direction musicale : David Hurpeau

 

SPECTACLES

Sensible, par la cie Nahlo - Dimanche 9 juillet - 15h

Les hommes-boîtes, par la cie Ormone - Dimanche 15 octobre - 15h

en partenariat avec le Théâtre, Scène Nationale de Mâcon

 

CONFÉRENCES

Morlon, un sculpteur de son époque - Dimanche 2 juillet

Un graveur à la Monnaie de Paris - Samedi 15 juillet

La Saône-et-Loire, un tremplin pour la carrière de Pierre Alexandre Morlon ? - Samedi 2 septembre

De la collection à la numismatique - Dimanche 1 octobre

M.A.

Photos © Maryse Amélineau