Originaire de Lyon, jeunesse en Calade, Marion Goddier, 53 ans, trois enfants, est la nouvelle présidente du tribunal judiciaire de Mâcon. Nommée en novembre, elle a été installée dans sa fonction ce 25 janvier lors de l'audience solennelle de rentrée. Trois femmes sont à la tête de la justice à Mâcon.

Une audience solennelle en présence de nombreux représentants des forces de l'ordre, de nombreux avocats et avocates du barreau de Mâcon, du procureur général, de la procureure de la République du TGI de Mâcon Anne-Lise Furstoss, du député Benjamin Dirx, du maire de Mâcon Jean-Patrick Courtois, du préfet Yves Séguy, de la secrétaire générale de la préfecture Agnès Chavanon.

Comme il est de tradition dans ces moments solennels, bâtonnière, procureure et présidente ont pris la parole pour se saluer et faire part, chacune de leurs visions de la Justice et de leurs missions respectives. Magali Raynaud de Chalonge, nouvelle bâtonnière depuis le 1er janvier, dans une longue intervention à l'allure de plaidoirie sur le sens de sa profession, est revenue sur la devise de la République française et a insisté sur le fait que l'avocat, parce qu' « il est épris de liberté », est un résistant, en particulier à la pensée unique. « Montesquieu voulait que le pouvoir arrête le pouvoir. Rien n’arrête un avocat. Un Avocat se lève, il résiste. Il résiste aux idées préconçues, à l’évidence. Il résiste aux apparences, à la pensée unique. Il défend toujours l’Humanité, la liberté et notre État de droit. »

« La défense est notre ADN, le questionnement notre quotidien. Chaque jour nous nous remettons en cause ; nous nous décourageons, et puis nous nous relevons. Alors Oui, nous ne nous laissons pas déstabiliser, nous nous opposons, nous nous offusquons, toujours prêts à prendre le parti du contraire, du refus, parce que viscéralement contre la pensée unique et en faveur d’une autre lecture du dossier. Mais c’est toujours pour la bonne cause. » Et de citer Jaurès : « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire. »

Magali Raynaud de Chalonge a aussi évoqué la lourdeur du code pénal, étant passé de 500 infractions en 1810 à 16 374 en 2024 ! En dix ans, il a été modifié 133 fois !

 

À la suite, la procureure a salué la mise en chantier prochaine de la cité judiciaire à Mâcon et a souligné le fait que la Justice est un pilier de la démocratie. « Or, selon une étude IFOP » a-t'elle évoqué, 44 % des Français seulement disent avoir confiance dans la justice. Ceci s'explique sans doute par de faibles interactions et une image peu valorisante véhiculée par les médias. Soit, à nous d'ouvrir nos portes. Et d'annoncer la création prochaine d'un conseil de juridiction avec les jeunes élus ainsi qu'un groupe local de lutte contre la délinquance.

 

La présidente, quant à elle, a également salué la future cité judiciaire. En revanche, elle a regretté l'absence de poste supplémentaire de magistrat du siège contrairement à ce qui était prévu, pour cause de création d'un centre de rétention à Dijon, qui va absorber beaucoup de personnel de Justice.

Elle a évoqué aussi la nouvelle fonction d'attaché de Justice, qui se substitue aux actuels juristes assistants, avec des missions généralistes incluant l’aide à la décision et le soutien aux politiques publiques et partenariales. Les attachés de justice auront la possibilité d’intégrer l’Ecole nationale de la magistrature après 3 années grâce à une passerelle dédiée, ce qui rendra cette fonction je n’en doute pas attractive.

Elle est aussi revenue sur les valeurs qui l'animent : « La confiance du public en notre système judiciaire d'abord, sujet récurrent et qui témoigne de ce que vers quoi nous devons sans cesse œuvrer pour maintenir, voire regagner cette confiance. Madame le procureur, vous venez de développer ce sujet et j’adhère complètement à vos propos. »

L’indépendance des magistrats ensuite, « à laquelle nous sommes tous viscéralement attachés, que ce soit le siège ou le parquet. »

Enfin, « l’impartialité et le souci d’un fonctionnement de l’institution harmonieux pour le bénéfice des usagers de la justice. N’oublions jamais que nous nous devons de répondre aux attentes du justiciable, pas seulement en terme de délai, mais également d’écoute, de qualité du service rendu. Je serai vraiment attentive à cet aspect. »

Quant à l'animation de la juridiction, elle tient dans une citation, l'adage militaire de Mac Gregor : « il n’y pas de mauvais soldats, il n’y a que des mauvais chefs. » Tout est dit.

« L’acte de juger consiste à rendre une décision motivée en fait et en droit » a conclu Marion Goddier. « La justice est rendue par des hommes et des femmes ici présents. Nous ne sommes pas infaillibles et sûrement perfectibles, mais tant les magistrats que les fonctionnaires de cette juridiction sont animés par un sens aigu du service public et œuvrent sans relâche pour rendre une justice de qualité. »

 

Quelques chiffres

Sur le plan de l'activité judiciaire, il est à noter une augmentation de 22,26 % des affaires civiles du pôle social.

Côté pénal, les affaires suite à plaintes et PV ont augmenté de 8,40 %, passant de 11 193 en 2022 à 12 134. Les comparutions immédiates ont été au nombre de 56 l'année dernière contre 51 en 2022. Le taux de réponse pénale atteint 96,7 % contre 87,75 %.

 

Rodolphe Bretin

 

Marion Goddier

© Photos Rodolphe Bretin

Anne-Lise Furstoss

Magali Raynaud de Chalonge

Trois des quatre magistrates du Parquet.

Sofia Doukhane, au centre, est nommée vice-procureure