À l’initiative de l’association de consommateurs, une table ronde s’est tenue sur le thème des déserts médicaux et des solutions pour y faire face. Mais la tâche est immense.

Il y a quelques semaines, l'UFC-Que Choisir a rendu publique la carte interactive soulignant l’état déplorable de l’accès géographique et financier aux soins en France. L’UFC-Que Choisir presse les pouvoirs publics d’enfin réguler l’installation des médecins, et de mettre un terme aux dérives des dépassements d’honoraires.

Comme l’explique Gilles Castaingt le président de UFC 71 qui ouvrait la table ronde : « notre association met gratuitement à disposition sur son site internet la carte interactive de la fracture sanitaire, pour que chacun puisse vérifier l’accès aux soins à partir de sa commune et interpeller directement ses parlementaires »,

Voici donc le point de départ de cette rencontre qu’organisait l’association de consommateurs. Le titre de cette rencontre résume à lui seul l’esprit de la démarche : « Accès aux soins en Saône et Loire, de mal en pis, ou des raisons d’espérer ? »

C’est sur ce thème de grande actualité que se sont donc exprimés, Patricia Courtial directrice de la CPAM 71, Cécile Untermaier, députée, David Bideau vice-président national de l'UFC-Que Choisir, Cédric Lapertaux responsable ARS 71, Gilles Mauduit du conseil de l’ordre des médecins 71 et Maxime Richard du centre de Santé départemental 71.

Toutes les interventions confirmaient un constat alarmant en décrivant de manière fine une situation, préoccupante pour les communes de Saône-et-Loire dans l’accès à quatre catégories de médecins (généralistes, ophtalmologues, gynécologues et pédiatres), en combinant à la fois l’éloignement géographique des médecins et les tarifs pratiqués (Sécurité sociale ou avec des dépassements d’honoraires).

Des progrès ont été mis en lumière, comme la création des centres de santé départementaux, par le CD71, comme les investissements des maires et des communes, comme les multiples aides d’État saupoudrées au cas par cas mais toutes les interventions, venaient buter sur l’immensité de la tâche à accomplir, donnant l’impression de vider une mer de difficultés avec une petite cuillère de solutions.

Un témoignage local, celui de Gérard, qui dressa son propre parcours de santé, qui semblait cocher toutes les cases des dysfonctionnements, venait balayer les études les chiffres, les statistiques, et les éparses pseudo-solutions imaginées en haut lieu.

Ce retour à la réalité, à la proximité, faisait exploser l’approche des diagnostics, appelant dans l’urgence, la nécessité de retrouver du « temps médical » en attendant une grande réforme de fond.

Pour le représentant de l’ARS, « les nouvelles technologies, la télémédecine (consultation, expertise, surveillance, assistance…) peut se révéler un bon outil. » Pour la CPAM le délestage des taches les plus courantes vers les assistants médicaux (infirmières, sages-femmes…) est une autre piste à creuser. Pour beaucoup, le panel d’aides à l’installation, en est une autre.

Côté des solutions à la crise, des raisons d’espérer, Cécile Untermaier en appela à « une politique nationale énergique et déterminée, un projet de loi transpartisan porte un dispositif de régulation… Il faut aller plus loin que la loi Valletoux, Il faut que la loi impose la régulation, il ne s’agit pas de coercition, mais de détermination légale et forte, dans le respect du rôle de l’état qui ne doit pas mettre en danger la population… »

Le vice-président de UFC que choisir, marqua à la fois, sa satisfaction devant le débat et devant les ouvertures mais aussi ses doutes : « nous sommes confrontés à un lobby politique très puissant… ».

Jean-Yves Beaudot