À quelques jours de l’ouverture du chantier des fouilles au public à l’occasion des journées européennes de l’archéologie, le responsable scientifique de la fouille Daniel Barthèlemy, accompagné de Hervé Reynaud, vice-président du Conseil départemental chargé de la Culture et du Patrimoine), a proposé un point d’étape de la fouille. 

 

En décembre 2022, le diagnostic préventif qui précédait la construction d’un nouveau pôle social départemental avait mis en évidence la présence d’anciennes constructions. L’Etat a alors prescrit une fouille archéologique du domaine des Epinoches, terrain appartenant au Département de Saône-et-Loire. Celui-ci a choisi l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) pour faire ces recherches, débutées en avril. 

Daniel Berthèlemy a présenté ce jeudi 6 juin, les avancées de l’équipe d’archéologues, heureux de la bonne avancée du chantier. Les vestiges confirment ce que l’on savait sur la naissance de Mâcon et aident les chercheurs à mettre en évidence les différentes phases de développement de la ville grâce aux différentes couches de construction. La découverte d’anciennes canalisations et de vestiges de murs permet d’affirmer la présence, jadis, d’un quartier résidentiel à l’endroit identifié au préalable des recherches. Cette zone d’habitation date vraisemblablement du IIIe siècle (époque gallo-romaine). 

Plusieurs pièces de différentes natures ont été découvertes : c’est le cas de quelques éclats de vaisselles provenant de Lyon et identifiées comme étant les œuvres du potier Sentivs, ayant travaillé sous le règne d’Auguste : Matisco, désormais Mâcon, a grandement profité de l’activité économique lyonnaise, mais également du Sud de la Gaule (courant Ier siècle) et d’un atelier de Gueugnon (pièce datée entre le IIe et le IIIe siècle). Des anciennes pièces de monnaie provenant de Trèves, au début de l’Empire, ont également revu le jour : ces provenances lointaines montrent que la circulation des monnaies était déjà un fait de l’époque. 

D’autre part, une importante couche de sable, déjà repérée en 2005, a de nouveau retenu l’attention des chercheurs : son analyse révèle que sa présence, située entre la couche gauloise et la couche gallo-romaine, est due à des phénomènes naturels tels que d’intenses précipitations.  

Après le week-end des 15 et 16 juin, l’objectif sera de mobiliser des outils supplémentaires pour aller chercher les couches de constructions plus profondes, difficiles à traiter à la main. La suite des fouilles permettra aussi de mettre en relation les vestiges de bâtiments retrouvés.

La fin du chantier est estimée pour début août. Le terrain sera ensuite remis en état puis ré-utilisé pour la construction. À noter que quelques zones témoins seront conservées pour faciliter le travail des prochaines générations de chercheurs, et que des méthodes telles que la photogrammétrie aident à garder en mémoire les découvertes.

Soulignant la visite des élèves du collège Bréart le matin même, Daniel Barthèlemy observe l’évolution de l’importance donnée à l’archéologie en milieu scolaire : le collège Schuman devrait également profiter de l’opportunité les 18 et 20 juin. Cette transmission est importante et Hervé Reynaud se satisfait que le devoir de mémoire et de recherche ait une place primordiale dans la politique de la ville. 

Enfin, le responsable scientifique de la fouille a tenu à préciser l’aspect collectif du travail, à travers la mise en valeur de son équipe de 6 personnes.

Le chantier des Epinoches sera ouvert au public le dimanche 16 juin de 10h à 13h et de 14h à 18h : l’entrée y sera gratuite et des départs de visites guidées auront lieu toutes les 30 minutes. Rendez-vous au 267 rue des Epinoches à Mâcon pour découvrir les trouvailles des archéologues ! 

À l’occasion des Journées Européennes de l’archéologie, le Musée de Préhistoire de Solutré-Pouilly ainsi que les Grottes d’Azé proposent également des activités les 15 et 16 juin.

 

Marion Pinaroli