...elle est sous-préfète, il est aide-soignant, elle est vigneronne. Des métiers genrés qui ont fait l'objet d'une table ronde hier soir à la MJC Héritan. 

 

Dans le cadre du Festival Ô Féminin, la MJC avait programmé ce 14 mars une table ronde intitulée : « Papa sage-femme, maman camionneuse ? », avec deux séances animées par Catherine Dumonteil, l'une l'après-midi réservée aux scolaires, l'autre en soirée ouverte au public.

Les objectifs de cette table ronde visaient à évacuer les stéréotypes de métiers traditionnellement réservés aux hommes ou, inversement, aux femmes ; laisser la parole à des femmes et des hommes qui exercent des métiers dit « genrés », c'est à dire des métiers de femmes faits par des hommes et des métiers d’hommes faits par des femmes ; et attirer l'attention sur l'épanouissement personnel et professionnel recherchés.

Les six invité.e.s présent.e.s vendredi soir  :

Stephanie FERRIER, Lieutenant de Pompier, cheffe de centre à Feillens

Mathieu GARDON, Sage-femme

Géraldine VAISSAUD, Peintre plâtrière

Agnès CHAVANON, Sous-préfète de Mâcon et Secrétaire générale de la Préfecture de Saône-et-Loire

Jean-Marie SANCHEZ, Aide soignant

Marine FERRAND, Vigneronne

 

Catherine Dumonteil a introduit la table ronde en rappelant quelques dates marquantes de l'évolution de l'accès des métiers aux femmes. Jusqu'en 1965, une femme devait demander l'autorisation de son mari pour travailler !... En 1990, des familles de métiers sont devenues mixtes.

La soirée a débuté par la projection d'un film sur un équipage 100 % féminin d'un vol Air France avant que chacun et chacune évoque son métier et son parcours.

Stéphanie, lieutenant pompier volontaire, a été la première femme cheffe de centre dans l'Ain. Elles sont aujourd'hui deux. « Le fait d'être femme chez les pompiers n'est plus un sujet, en revanche, être cheffe, c'est encore autre chose. Il faut du temps pour faire accepter, et surtout du savoir-être », a t-elle souligné.

Il y a 6 ans, Mathieu a laissé son métier de chanteur lyrique qu'il menait en parallèle avec celui de sage-femme pour se consacrer pleinement à ce dernier. Il se présente systématiquement comme sage-femme et non comme maïeuticien, par choix : « dans l'appellation sage-femme, femme renvoie à la patiente et non à la personne qui exerce le métier. »

En formation, ils étaient 2 hommes sur 40 étudiantes ! « Les hommes représentent 1 % de la profession et ne sont pas très compris des formatrices », a-t-il confié. Aujourd'hui, il a son cabinet d'orthogénie et accompagne des couples dans leur démarche d'IVG. Il fait également du suivi de contraception masculine, très peu connue. 

À l'aube de ses 50 ans, Géraldine a passé un CAP peintre-plâtrière et monté son entreprise. « Je travaille seule et je suis très heureuse. J'amène de la couleur dans la vie des gens. »

En choisissant le corps préfectoral, Agnès Chavanon incarne un métier d'autorité. Depuis 1974, les femmes ont accès au titre de sous-préfète. La première femme préfète a été nommée en 1981. Le métier se féminise depuis une dizaine d'années, environ 30 % des femmes sont sous-préfètes et près de 29 % Préfètes. 

« L'autorité peut être évidemment féminine. La difficulté pour les femmes est de ne pas se transformer en pseudo hommes. Au moment de la nomination, les femmes se demandent plutôt "est-ce que je vais y arriver ?" quand les hommes se disent, "on me le propose j'y vais !" » a-t elle témoigné.

À 55 ans, Jean-Marie a osé changer de métier pour choisir celui d'aide-soignant suite à une expérience personnelle et familiale. Quand il s'est formé, ils deux hommes pour 35 femmes, avec une moyenne d'âge de 22 ans !... « Je suis devenu délégué de promo » raconte-t'il avec le sourire. « C'est un métier difficile mais je ne regrette rien, je suis très heureux même si je gagne un peu moins qu'avant. J'ai fait ce choix en accord avec mon épouse. »

Marine est fille de vigneronne, Nadine Ferrand, bien connue dans le Mâconnais. Il y a 9 ans, elle a fait le choix de travailler dans le Domaine familial comme vigneronne et responsable marketing. Elle déplore un manque de crédibilité aux yeux de certains confrères vignerons du fait de son image de "blonde manucurée"... En effet, elle prend soin d'elle et affiche volontiers une apparence de commerciale, qui était sa formation. « Dans les vignes, j'ai un bonnet et des baskets » ajoute-t'elle. Après avoir évoqué le combat de sa maman pour prendre en charge le domaine après le décès de son mari, elle conclut sur ces mots : « Il faut savoir s'entourer et être maline. Demander un coup de main à un homme n'a rien de honteux, bien au contraire. Il faut accepter notre différence et leurs capacités physiques, qui peuvent être utiles. »

Hélas, c'est un public très restreint qui a assisté à cette table ronde pourtant très enrichissante. 

 

Maryse Amélineau

et Rodolphe Bretin

 

Photos © Maryse Amélineau