Il a été inauguré ce mardi en présence de quelques élu.e.s et de l'association Tremplin.

  

Charnay compte aujourd'hui, cinq lavoirs restaurés et situés pour la plupart au cœur des hameaux. La commune en dénombrait une dizaine au XIXème siècle, où ces édifices utilitaires remplissaient un rôle social important.

Un peu d'histoire

Construit dans un écrin de verdure, au fond d’une parcelle ceinte de murs en pierre, le lavoir des Proux semble avoir été préservé du temps.

Ce lieu champêtre permettait aux lavandières de faire sécher leur linge au soleil sur les prés ou les haies voisines. Comme bon nombre de lavoirs, il a été construit au XIXe siècle à la faveur du mouvement hygiéniste et à la demande des habitants du hameau. À cette époque, l’eau devient l’objet d’une attention accrue. Son captage et son usage sont un souci permanent pour la commune qui y alloue un budget annuel.
Lieu de vie du quartier, l’édifice était l’occasion, avec le four à pain, de partager informations et moments de convivialité.

Une architecture classique

S’il apparaît sur le plan cadastral napoléonien de 1826, l’édifice dans sa forme actuelle date plus vraisemblablement de la fin du XIXème siècle. Le lavoir des Proux à impluvium central inspiré de l'architecture des villas romaines, figure comme le plus remarquable de Charnay.

Il comporte un toit à quatre pans qui ne laisse découvert que le bassin. La charpente en sapin est supportée par huit pilastres et quatre colonnes de pierre formant une double colonnade de belle facture. L’alimentation du lavoir se fait par une fontaine et par les eaux de pluie recueillies dans le bassin. Un brise-jet en pierre modère la pression du trop-plein. L’eau s’évacue par un caniveau taillé dans le trottoir. Le lavoir est couvert de tuiles canal. Les éléments majeurs de la charpente en sapin sont assemblés par tenons mortaises tandis que les jambes de forces sont boulonnées.

La charpente a déjà connue des restaurations successives visibles par des renforcements de pièces métalliques. En 2019, elle était globalement en mauvais état présentant de nombreuses zones de fragilité qui entraînaient des déséquilibres structurels.
La commune
, très attachée à la conservation du patrimoine architectural, a donc entrepris une restauration complète de l'édifice en sollicitant l'association Tremplin homme et Patrimoine pour réaliser le chantier.

L'association Tremplin

Créée en 1996, Tremplin homme et Patrimoine est une association proposant par la médiation du patrimoine d'aider des personnes à se reconstruire et à trouver place dans la société.

« L'association propose des actions centrées sur le développement et l’épanouissement de l’individu en s’appuyant sur des projets de sauvegarde, de restauration et de mise en valeur du patrimoine archéologique et bâti ainsi qu'un accompagnement individuel pour aider les personnes dans leur chemin de réinsertion. L'objectif de l'association est de les amener à réfléchir sur le travail qu'elles font. Le patrimoine permet de comprendre toutes les étapes : de la situation d'un bâtiment au diagnostic en passant par les compétences nécessaires pour la restauration » a indiqué Michel Jondot, coordinateur de Tremplin.

L'association, qui compte actuellement 70 adhérents, accueille chaque année 48 personnes sur 4 projets.

En 20 ans, Tremplin a accueilli plus de 1100 personnes sur ses chantiers. Son expérience et ses compétences dans la restauration de sites médiévaux ou gallo-romains comme Brancion et Bibracte, en ont fait une association référente dans les projets de territoire.

La restauration du lavoir

Le chantier a démarré par la dépose de la couverture, puis du voligeage et des éléments de charpente qui ont été démontés de manière à récupérer les pièces en bon état. Une nouvelle charpente en sapin non préalablement traitée a été retaillée à l’identique (formes, emboîtements, assemblages,...) pour être posée. La couverture en tuiles a ensuite été réalisée (pose de tuiles neuves en dessous et pose de tuiles récupérées en dessus) en respectant les formes données aux planches de rives. Les tuiles faîtières et des arêtiers ont été remplacés par des tuiles rondes scellées à la chaux hydraulique.
Une reprise du jointoyage a également été réalisée sur les deux murs périphériques. Enfin, le bassin a été nettoyé avec reprise des joints d'étanchéité.

12 personnes, dont 2 encadrants, ont participé au chantier de restauration qui s'est achevé en octobre 2022.

Le montant des travaux s'élève à 36 963 €.

M.A.

 

 

Photos © Maryse Amélineau

Les membres de Tremplin ayant entrepris la restauration du lavoir

Michel Jondot