Nous avons évoqué récemment les difficultés des Restos du cœur à faire face à l'augmentation de la pauvreté. Mêmes difficultés du côté du Secours populaire. Nous nous sommes rendus à l’association caritative qui tenait son assemblée générale il y a trois semaines. À lire aussi, le témoignage d'un bénéficiaire qui sort la tête de l'eau.

 

Le chiffre est annoncé d'emblée : + 26 % de bénéficiaires. L'augmentation était déjà nette entre 2021 et 2022, passant de 982 à 1119 bénéficiaires, soit 12,7 % d'augmentation.

« Il est à noter une augmentation des familles monoparentales, passant de 27,2 % en 2021 à 31,7 % en 2022» peut-on lire dans le compte rendu d'assemblé générale. Autre chiffre aussi éloquent qu'alarmant : « 74 % des familles aidées ont des ressources inférieures à 5 € par jour et par personne. »

Face à cela, - 35 % de dotation alimentaire européenne (le Secours populaire fait aussi de l'aide alimentaire). Cherchez l'erreur...

La semaine dernière, 41 familles accueillies le mardi matin, 60 familles le jeudi après-midi. « Ce sont en moyenne 15 nouvelles familles par mois que nous accueillons. En 10 ans, j'ai vu l'accueil des familles être multiplier par 2 voire 3 » indique la présidente Claudine Leluc. Ces derniers temps l’afflux est très important, nous l'avons vu. « Le temps où nous tenions 15 jours sans collecte est révolu. Par ailleurs, nous accueillons de plus en plus de personnes qui ont pourtant un travail, ainsi que des retraité.e.s aux modestes pensions. »

La récente intervention de la présidente nationale Henriette Steinberg sur Francetv-info, réagissant à une réunion de présentation du plan pauvreté présenté par la Première ministre, a fait mouche chez cette présidente locale très investie, même si la prise de position politique n'est pas son truc : « Je ne fais pas de politique, et le Secours populaire n'agit pas sur les causes, nous gérons simplement des conséquences. Ceci dit, cette intervention était juste et courageuse. »

Pour Claudine Leluc, l'augmentation de la pauvreté s'explique en grande partie par l'hyper-inflation. « Nous subissons les contre-coups des augmentations. »

À Mâcon va se poser le problème de la taille des locaux de la rue Nelson Mandela. Installé dans deux appartements, l'espace devient exigu pour recevoir les bénéficiaires. « Le maire a été alerté et a été réceptif. À voir comment la situation va évoluer. » Quoi qu'il en soit, le Secours populaire n'a nullement l'intention de laisser des personnes dans le besoin. « Nous n'excluons personne » assure la présidente.

Et de terminer sur ces mots : «  L'inquiétude est grande si ça devait continuer, d'autant que les dons sont en baisse aussi, nous manquons de produits d'hygiène par exemple. »

 

Le Secours populaire, ce sont aussi des vacances et des séjours, du soutien scolaire et des cadeaux pour Noël (188 jouets neufs ont été distribués à 86 familles), tout cela participant au maintien du lien social et à la lutte contre l'isolement.

Saluons l'engagement des bénévoles qui ont donné 6 324 h de leur temps en 2022, contre 4 600 en 2021, année marquée encore par la peur du covid.

 

Rodolphe Bretin

 

 


Clin d’œil à Christian Jallet, qui sort la tête de l'eau et qui a bien voulu témoigner.

Ce jeudi, il venait chercher, entre autres, un ticket essence. Il est âgé de 82 ans, vient d'Azé, et vit seul avec une petite retraite de chauffeur routier à l'international. 800 €. Plus une toute petite retraite de 100 € pour avoir été salarié de la MSA quelques temps. Ses difficultés sont arrivées suite au placement de sa compagne en EHPAD.

Il y a une douzaine d'années, il rencontre Danielle. Ils s'installent tous les deux dans une petite maison au loyer relativement modeste. Ils vivent de très belles années, profitent de la vie, et puis vient la nécessité pour Danielle d'intégrer un EHPAD. En couple très amoureux, ils espèrent intégrer tout les deux l'Hôtel Dieu à Mâcon. Impossible pour Christian, qui n'a pas les moyens et est autonome. Danielle intègre donc l'EHPAD et, pour Christian, les difficultés financières commencent, le découvert bancaire se creuse, il doit déménager, ne pouvant assumer seul un loyer de 660 €.

Grâce à un signalement de la banque, il bénéficie alors de l'aide d'une assistante sociale, à qui au passage, il rend hommage. « Elle a été d'une aide très précieuse et m'a orienté vers le Secours populaire, où j'ai rencontré aussi de belles personnes. Je remonte la pente progressivement, grâce à elle, grâce à eux. J'espère bien résorber mon découvert d'ici la fin de l'année » conclut-il confiant et souriant.

Il perçoit aujourd'hui des APL et peut assumer son nouveau loyer de 310 €.

Ce jeudi, il était descendu d'Azé avec sa voisine, bénéficiaire aussi du Secours populaire, pour limiter les frais.

Quant à son histoire d'amour, Christian rend visite à Danielle tous les jours.

R.B.

 

Le bric à brac. Au Secours populaire, tout est vendu pour quelques dizaines de centimes

Des dons de vêtements à trier pour le vestiaire,

tenu ce jeudi par Huguette et Simone ci-dessous

Une quarantaine de bénévoles œuvrent au Secours populaire,

qui ouvre des permanences chaque semaine