Dimanche après-midi, le Théâtre de Mâcon et le Conservatoire Edgar Varèse présentaient « 1918, l’homme qui titubait dans la guerre », un oratorio d’Isabelle Aboulker sur un livret d’Aurielle Aubry, d’après les textes de Louis-Ferdinand Céline, Romain Rolland ou encore Blaise Cendrars. Sur scène, l’orchestre symphonique de Mâcon dirigé par Éric Geneste et la maîtrise du conservatoire dirigée par Nicolas Parisot donnaient la réplique à la mezzo-soprano Ahlima Mhamdi, au baryton Mathieu Gardon et au récitant Philippe Murgier.
L’histoire : « nous sommes dans la nuit du 11 novembre 1918. L’armistice va être déclarée dans quelques heures, pourtant les combats font toujours rage dans le no man’s land. Un soldat français agonise, il sait qu’il va mourir. Il nous fait part de son désespoir, de ses souvenirs, de ses dernières interrogations et réflexions sur la tourmente qui l’a emporté. Au travers de ce soldat imaginaire s’élèvent les voix des millions de victimes de ce conflit. »
Á travers des textes parfois crus mêlés à des airs enfantins (« Tu vas crever, gentil petit militaire », « Donne-moi ton bras pour remplacer ma jambe, les rats l’ont mangée à Verdun… »), cette pièce dénonce l’absurdité et la cruauté de la guerre, ainsi que le cynisme de ceux qui l’ont décidée. Cette guerre qui envoie s’entretuer de pauvres hères, au nom de l’amour de la Patrie et du profit des marchands de canons. Cette guerre qui a fait vivre l’enfer des tranchées à des millions d’hommes, réduits à se servir du corps de leurs camarades morts comme ultime rempart contre la mitraille. Cette guerre qui a séparé à jamais des familles…
Á l’issue du spectacle, l’émotion du public était palpable, en particulier après la lecture de la lettre du petit Paul à son père – texte récité par Luka de la maîtrise du conservatoire – où l’on ressentait à la fois l’innocence et la dignité d’un enfant face à la guerre et à l’absence du père, mais aussi après la citation des noms de soldats français et allemands morts au combat, égrenés par les enfants de la maîtrise. Les salves d’applaudissements du public ont résonné pendant plusieurs minutes, comme pour mieux conjurer les salves d’artillerie évoquées par le spectacle.
Nathalie BRUNET
et David D.