L'on a rappelé les principes de la laïcité au cours d'une table ronde avec le collectif Agir pour la laïcité et les valeurs républicaines.
Après avoir introduit le sujet par la lecture du préambule du Rapport 2018/2019 pour la laïcité, pour la République, rapport annuel des réflexions du collectif laïque national, dont les associations représentées font partie, Catherine Dumonteil, responsable des actions culturelles à la MJC, a proposé aux intervenants trois thématiques : « la laïcité dans l’espace public et dans les services publics », « la laïcité à l’école » et « la laïcité et les représentants de la nation ».
Sur le premier thème, il fut réaffirmé que chacun peut porter signes et éléments vestimentaires qu’ils souhaitent dans l’espace public, sauf à troubler l’ordre public. Dans les services publics ou les organisations dépositaires d’une délégation de service public, les agents doivent se comporter avec le devoir de réserve et la neutralité exigés par le droit des trois fonctions publiques (hospitalière, d’Etat et des collectivités locales).
Les agents publics
Les agents ne doivent en aucun cas porter de signes d’appartenance ou tenir dans leurs propos des termes qui laisseraient à penser leur appartenance à tel ou tel mouvement religieux. Pour les usagers, la situation est différente. L’usager doit, si cela est nécessaire, pourvoir être identifié (visage découvert). Pour les bâtiments publics, ils ne doivent porter aucun signe de promotion d’une religion (façade et locaux).
Dans les crèches
La question des crèches fut abordée avec ce constat : chaque année, des crèches sont implantées dans telle ou telle commune ou hôtel de département, en affirmant que ces locaux sont les locaux de tous les citoyens, chacun devant pouvoir se reconnaitre en tant que citoyens en en franchissant la porte. La lecture des deux premiers articles de la loi du 9 décembre 1905, en apporte une bonne lecture : art 1 « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public » ; art 2 « la République ne reconnait, ne salarie ni ne subventionne aucun culte… ». Le financement des écoles privées avec la loi DEBRE de 1959 et plus récemment avec les CARLE et l’obligation scolaire dès 3 ans mettent à mal ces principes.
À l'école
La question de l’école fut abordée sur plusieurs angles. Le premier à partir d’un sondage CNAL- IFOP de 2018, selon lequel « à peine un tiers des enseignants estiment qu’une culture commune de la laïcité se met en place dans leur établissement ». Selon ce même sondage, « 74% des enseignants n’ont reçu aucune formation initiale à la laïcité », et pour celles et ceux qui ont vécu après 2015, la mise en place de telle formation, « la majorité des enseignants les estiment de mauvaise qualité (23% de très mauvaises qualité) ». La question de la formation des personnels d’enseignement est donc fondamentale.
Concernant la charte de la laïcité à l’école, elle n’est affichée que « dans 77% des écoles et 66% des lycées et collèges ». L’obligation d’affichage de ce support pédagogique, pour les élèves mais aussi pour les parents, n’est donc pas respectée, peut être du fait du manque d’outillage pour les équipes pédagogiques.
Les accompagnants.tes scolaires
La question des accompagnateurs scolaires, qui a été hyper-médiatisé ces derniers temps, les intervenants ont affirmé qu’il ne faut pas travailler sur l’émotionnel. Ils préfèrent parler « d’accompagnateurs.trices scolaires » plutôt que de « Maman ».
Un projet de loi a été adopté par les Sénateurs en octobre de cette année, il sera étudié à l’Assemblée nationale prochainement. Les participants se sont accordés sur le fait que "les Sénateurs qui ont voté ce projet sont portés par des valeurs ou des intentions qui ne sont pas toutes Républicaines". Mais ce projet existe et les Députés seront sollicités prochainement par les associations membre du collectif national, avec un argumentaire pour voter cette loi qui vise à définir le rôle, les postures et les obligations de « l’accompagnateur scolaire ».
"Il faudra aussi accompagner pédagogiquement les éventuels parents se portant volontaires pour accompagner les élèves, à leur rôle, dans l’esprit dune école Républicaine et Laïque. La liberté religieuse des parents ne doit pas s’opposer à la liberté de conscience des élèves, futurs citoyens."
La représentation politique
Enfin, le dernier point concernant les représentants.tes politiques, du national ou du territoire, a été abordé. Nombre de situations furent citées en exemple, exemple qui vont à l’encontre de la séparation des pouvoirs : participation active des élus aux cérémonies religieuses (messe de la Saint Barbe ; rupture du jeûne lors du ramadan ; cérémonies dans les synagogues…). Les élus doivent, pour représenter l’ensemble des citoyens et respecter la séparation des pouvoirs, avoir une présence passive, lors de ces cérémonies. Les discours des représentants des institutions, ou des élus, ne doivent pas faire référence au religieux. Comme le disait Victor Hugo : « l’état chez lui et les églises chez elles ».
Suite à cette table ronde, un échange eu lieu avec la salle, qui proposa de constituer une liste « d’accompagnateurs bénévoles » à soumettre aux directeurs.trices d’école.
Pour le 114 anniversaire de cette loi du 9 décembre 1905, beaucoup reste à faire.
J.-M.Dumas
Secrétaire du collectif Agir pour la Laïcité et les valeurs républicaines
Intervenant
Etaint présentes à cette table ronde, les associations membres d'Agir pour la laïcité et les valeurs républicaines, Observatoire départemental de la laïcité : Roland Tavel pour Refondation 71, Jean-Louis Cont, responsable des D.D.E.N. du secteur mâconnais (co-président d’agir) ; Alexandre Magny, président de l’U.FA.L. de Saône-et-Loire et Jean-Marc Dumas, secrétaire d’Agir pour la laïcité et les valeurs Républicaines, Observatoire départemental de la laïcité.