Lundi après-midi, des bénévoles d’associations membres du collectif local de soutien aux migrants ont accueilli une centaine de marcheurs partis de Marseille, Montpellier, Nice, Grenoble ou encore Lyon en direction de Paris.
Dans le groupe parti de Marseille il y a deux semaines, il y a des ressortissants d’une quinzaine de pays du continent africain, mais aussi quelques européens des Balkans.
Parmi les marcheurs, Francky, Béninois de Marseille, vit en France depuis trois ans et espère pouvoir, à l’avenir, constituer un dossier pour sa demande de séjour : « Avec cette marche, nous voulons donner une visibilité aux sans-papiers. Nous en sommes à notre treizième journée et nous avons parcouru beaucoup de villes et villages. Partout où nous sommes passés, nous avons été très bien accueillis par les habitants. Nos revendications principales sont la régularisation inconditionnelle de tous les sans-papiers, la fermeture de tous les centres de rétention administrative ainsi qu'un logement décent pour toutes et tous. La crise sanitaire actuelle a montré que les sans-papiers sont dans une situation de grande souffrance et nous demandons à l’Etat et au président Macron de faire quelque chose pour nous. »
Nadine, Algérienne, membre du collectif des sans-papiers de Marseille est en France avec ses enfants depuis cinq ans. Sa fille, mariée avec un retraité européen, avec droit de travail, s’est vue refuser son dossier de séjour et doit quitter le territoire français à cause des ressources insuffisantes de son époux. Nadine n'a pas encore demandé son titre de séjour pour éviter de vivre la même situation.
« On a vécu une mauvaise période pendant le confinement sans chômage partiel ni aide sociale. On a été obligés de travailler malgré la pandémie : service à la personne, nettoyage, éboueurs. Sans papiers ne veut pas dire sans droits fondamentaux. La régularisation c’est tout ce qu’on demande, déclare Nadine. On est là pour construire, pas pour détruire. On dit qu’on est dangereux. Au contraire, il y a des compétences, une richesse. Moi-même je suis à la base pharmacienne, mais il y a parmi les marcheurs des médecins, infirmiers, maçons. Nous contribuons tous à l’économie française. »
Hamid est lui aussi Algérien, habitant Marseille : « Je marche pour demander des papiers pour tout le monde. En effet, je ne me considère pas comme un sans-papiers, mais comme un demandeur de papiers. Je suis en France avec ma famille depuis cinq ans et mon dossier n'est pas encore assez convaincant pour le déposer à la préfecture. »
Quelques dizaines de Mâconnais et Mâconnaises ont accueilli les participants de cette marche. Parmi eux des élus locaux, des bénévoles ou des militants comme Philippe Fournier, d’Attac Mâcon.
« La cause de ces marcheurs est complètement légitime. Certains craignent qu'il prennent notre travail si on régularise leur situation, mais ce que nous voulons, c'est partager la richesse avec eux, pas la misère. Et de la richesse il y en a énormément en France. Il faut la partager avec les citoyens du monde qui sont là aujourd’hui. »
« Je suis solidaire avec les sans-papiers qui ne sont pas bien reçus en France. En regardant les décisions des préfectures, les raisons pour lesquelles on refuse leur présence sont floues. Beaucoup sont là depuis des années, parlent parfaitement le Français, travaillent. Il faudrait les régulariser et ensuite discuter des conditions. Or en France, d’abord on les sanctionne et ensuite, peut-être, on les régularise »; constate avec amertume Daniel de la Ligue des droits de l’Homme.
Claudine, bénévole, souligne quant à elle : « Je suis là pour défendre les sans-papiers qui, légitimement ont le droit d’être accueillis dignement, d'avoir des papiers parce que beaucoup travaillent. Il y a de la place pour tout le monde. La France a toujours été une terre d’accueil et ce qui se passe depuis une vingtaine d’années est inadmissible »
Les participants à la marche ont dormi à Mâcon et sont partis ce mardi en train vers Sennecey-lès-Grand. La moitié ont été hébergés chez des particuliers, une trentaine à l’église Notre Dame de la Paix et le reste dans des tentes au camping de Mâcon.
Plus d’informations sur la marche des sans-papiers, ici.
Cristian Todea
Un groupe d'accueil pour les marcheurs arrivés de bellevile en car à l'autogare
Bernard Nouyrigat, président de la section mâconnaise de la Ligue des droits de l’homme, en charge de l'accueil
Les élus de l’opposition du conseil municipal de Mâcon, Delphine Mermet, Catherine Amaro, Rida Ben-Salah et Eric Ponchaux, étaient présents
Le dernier groupe de marcheurs, arrivés à pieds de Belleville