Adrien Taquet, secrétaire d’état en charge de l’enfance et des familles, était ce lundi en Saône-et-Loire pour contractualiser avec le Département la mise en place de la stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance à travers deux projets.
Un premier projet est l’extension de l’Institut Éducatif Saint-Benoît de Charolles (des maisonnettes pour les jeunes confiés à l’Aide sociale à l’enfance) pour laquelle le ministre a posé la première pierre*.
Il s’est rendu ensuite au foyer éducatif La Maisonnée de Mâcon, géré par l’association du Prado Bourgogne, qui développe le deuxième projet cofinancé par l’Etat : la création d’une équipe pluridisciplinaire mobile** au niveau du département, en soutien des cas complexes d’enfants confiés au Département et qui sont en situation de handicap. Pour concrétiser ce projet, une convention quadripartite a été signée entre le Département, l’ARS, le Prado et la Mutualité française.
Le ministre était accompagné du président du Conseil départemental André Accary, du préfet Julien Charles, du maire de Mâcon Jean-Patrick Courtois, de la sénatrice LR Marie Mercier, des députés LREM Benjamin Dirx et Rémy Rebeyrotte ainsi que d’autres élus locaux et responsables de la protection de l’enfance.
A La Maisonnée, Adrien Taquet a pu échanger avec des enfants et jeunes de ce foyer ainsi qu’avec des membres de Prado Bourgogne. Il a terminé sa visite avec la signature du contrat départemental de prévention et de protection de l’enfance pour la période 2020-2022.
Le directeur général Prado Bourgogne, Abderrazzak Izzar : « La reconnaissance professionnelle est un sujet actuel pour nous. On a du mal à trouver du personnel qualifié éducatif ou paramédical à cause de la rémunération de la fonction publique. »
Le Département de Saône-et-Loire est le premier de la région Bourgogne Franche-Comté sélectionné pour l’appel à projets lancé dans le cadre du plan stratégique national de protection de l’enfance 2019 – 2022 avec les projets de l’Institut éducatif Saint-Benoît à Charolles et du foyer éducatif du Prado à Mâcon.
André Accary, président du Conseil départemental de Saône-et-Loire
« On travaille tous ensemble en Saône-et-Loire, on essaye d’être le plus à l’écoute des situations actuelles et à venir. Je fais confiance aux professionnels des établissements qui connaissent les besoins de notre territoire. On fait finalement preuve de pragmatisme. Je salue la volonté politique mise en place qui conforte notre politique départementale comme c’est le cas des équipes mobiles. Le budget que nous dédions à ce domaine est de plus 60 000 000 euros. Sur tout le département ce sont 4 000 enfants dans le cadre de la protection sociale de l’enfant. »
*L’Institut éducatif Saint-Benoit prépare les jeunes qui lui sont confiés à vivre seuls en appartement et à être totalement autonomes en les intégrant dans l’unité de vie « Envol » (un grand appartement à Paray-le- Monial qui accueille 5 jeunes âgés de 16 à 18 ans, encadrés par 4 éducateurs). La construction des 6 maisonnettes et d’une laverie s’inscrit dans la préparation de l’autonomie des jeunes dans la perspective de leur sortie de l’Aide sociale à l’enfance.
**L’équipe mobile est formée de 9 agents spécialisés dans l’éducation ou le soin, localisés à Chalon-sur-Saône, Montceau-les-Mines et Mâcon, intervenant en soutien des établissements et des assistants familiaux du conseil départemental.
Une quarantaine de mineurs confiés à l’Aide sociale à l’enfance, majoritairement des adolescents, présentant des troubles massifs du comportement bénéficient de leur prise en charge. L’équipe intervient en partenariat avec les équipes médicales pédopsychiatriques du centre hospitalier spécialisé de Sevrey dans le cadre du contrat territorial de santé mentale.
La contractualisation entre l’État et le Département de Saône-et-Loire permet de financer et de renforcer ce dispositif pour permettre à l’équipe mobile d’apporter un soutien éducatif soutenu auprès des lieux d’accueil des enfants mais également pour organiser des courts séjours de répits. Ce dispositif porté par le Prado Bourgogne et la Mutualité Française bénéficiera ainsi d’un soutien financier de 575 000 € par an de la part de l’Agence régionale de santé et de 150 000 € du Département dans le cadre de la contractualisation Prévention et protection de l’enfance.
Adrien Taquet a précisé que 2 000 000 euros de l’Etat sont mis à disposition pour cofinancer différentes actions du Département de Saône-et-Loire comme le renforcement des équipes de protection maternelle et infantile, systématiser les bilans santé en école maternelle, la création d’équipes mobiles pour accompagner les enfants en situation de handicap, création de classes pour les enfants de l’Aide sociale à l’enfance. « L’objectif est d’accompagner mieux les parents en amont pour éviter la dégradation de la situation et le placement des enfants, l’amélioration de la qualité et de la sécurité de la prise en charge des enfants avec des lieux plus adaptés à leur âge, éviter les ruptures dans leur parcours de vie qui sont très déstabilisantes » a précisé le secrétaire d’état.
La presse dans le collimateur du ministre
« Il faut raconter les belles histoires : celles des professionnels qui ont des métiers difficiles, des jeunes qui s’en sortent. Les émissions à la télé les stigmatisent et offrent une vision partielle de ce qu’est l’Aide sociale à l’enfance. Quand il y a des disfonctionnements il faut les dénoncer sans pitié, mais aussi raconter l’engagement des professionnels et l’histoire des dizaines de milliers d’enfants qui sont sauvés chaque année. C’est aussi comme ça qu’on va changer l’image de la société sur ces enfants » considère Adrien Taquet.
Les enfants et les jeunes du pôle éducatif Val de Saône (qui regroupe le foyer éducatif La Maisonnée, un service de placement familial de 80 enfants et un service de placement éducatif de 94 jeunes) ont eu plusieurs demandes auprès du secrétaire d’état pour leur faciliter la vie scolaire et privée en modifiant la législation : permettre aux familles d’accueil de signer les documents concernant la scolarité et des activités extra-scolaires pour plus de rapidité, pouvoir sortir avec les copains sans devoir demander à l’avance des autorisations, d’aider plus de jeunes protégés à bénéficier de contrats jeunes majeurs (une mesure transitoire entre la minorité et jusqu’à 21 ans avec une aide pour la scolarité, un hébergement, une aide financière, ndlr.) pour éviter qu’ils se retrouvent dans la rue à 18 ans.
Adrien Taquet a expliqué qu’il était au courant de ces problématiques et qu’il y a un travail entamé avec le ministère de la justice pour simplifier les règles. En ce qui concerne la situation des jeunes majeurs le ministre a précisé qu’il n’est pas pour le prolongement d’un soutien artificiel.
« Les problèmes et les angoisses envers l’avenir des jeunes seront les mêmes à 18 ans et à 21 ans. Mieux vous donner les moyens de voler de vos propres ailles plutôt que de vous maintenir à tout prix dans des dispositifs de l’aide à l’enfance. On vous doit des droits communs et qu’on vous aide à y accéder. Ma préoccupation est que les jeunes de la protection de l’enfance puissent bénéficier de manière privilégiée de tous les dispositifs et l’argent mis en place pour eux.»
Cristian Todea
Arrivée au foyer éducatif La Maisonnée de Mâcon
Dominique Decolin, directeur du pôle éducatif du Prado Val de Saône
Le directeur général Prado Bourgogne, Abderrazzak Izzar et Gilles Deschamps, président de la Mutualité Française Saône-et-Loire (à gauche sur la photo)