Le 25 novembre est une journée contre les violences faites aux femmes. L'association Femmes solidaires Mâcon envisageait une action ce jour-là pour dénoncer toutes les violences faites aux femmes (au travail, intra-familiale, de rue...). La situation sanitaire et le nouveau confinement les contraignent à annuler cette action. Malgré tout, les membres souhaitent s'exprimer sur le sujet pour que cette cause ne soit pas oubliée.
Le télétravail, qui a perduré en partie après le déconfinement, est de nouveau d'actualité avec cette deuxième vague de la pandémie du COVID 19.
On pourrait croire que cette pratique du télétravail protège les salarié.e.s du harcèlement moral. Mais c’est faux : les faits de harcèlement moral se sont sensiblement multipliés pendant le confinement de mars à juin dernier, où le télétravail était à son apogée.
On sait que dans un contexte de travail habituel, un.esalarié.e victime de harcèlement moral éprouve généralement de la honte et n’en parle pas à sa famille ou ses proches. Lorsqu’elles travaillent depuis leur domicile, les personnes étant isolées n’ont plus la possibilité d’échanger avec leurs entourages professionnels (notamment leurs délégué.e.s syndicaux.les) sur le comportement de tel.le ou tel.le employeur-e, de tel.le ou tel.le collègue. Les salarié.e.s en télétravail peuvent se voir dans l’obligation de faire des rapports très réguliers, sont questionné.e.s sur leur production et leur travail est analysé plus minutieusement parce que la hiérarchie ne leur fait pas confiance.
Quand il s’agit de salariées, cette situation s’aggrave : d’abord parce que les chefs sont souvent des hommes, ensuite parce que les femmes sont forcées de jongler entre le travail et la vie personnelle, le conjoint, les enfants,et que la méfiance de leur entreprise à l’égard de la qualité de leur travail s’accroît. Le télé travail peut même favoriser l'émergence de comportements déviants : la hiérarchie ou les collègues se permettent souvent plus de choses à distance car ils.elles ne voient pas les réactions de leurs interlocuteurs.ices.
Dans un environnement de travail habituel, ce sont là encore les femmes qui sont les principales victimes de harcèlement sexuel : 18% des françaises se disent victimes d’au moins une manifestation de sexisme ou de harcèlement sexuel (extrait d’un sondage publié en octobre 2019 par Le Monde). « La violence est une réalité quasi quotidiennepour une grande partie des femmes au travail », déclare Juliette Clavière, directrice de l’Observatoire de l’égalité femme-homme de la Fondation Jean-Jaurès.
L’environnement professionnel peut néanmoins jouer le rôle de bouclier contre le harcèlement sexuel, car les collègues peuvent être attentif.ve.s les un.e.s envers les autres et, lorsqu'ils.elles présument qu'un.e salarié.e est en détresse, ils.elles peuvent en parler aux représentant.e.s du personnel ou aux ressources humaines. Ce n’est plus le cas dans le cadre du télétravail. Cette violence n’est plus physique, certes, elle s’exprime uniquement en paroles, mais le désarroi et la douleur des victimes restent les mêmes. Avec le nouveau confinement, il est à craindre que les salariées subissent encore des violences professionnelles.
Femmes solidaires Mâcon