Je ne dénonce pas la mission de l’AFM Téléthon mais bien sa mise en scène. Faire avancer la recherche médicale, nous le souhaitons tous, récolter des dons aussi, encore que…
Cette mise en scène misérabiliste n’a qu’un seul but : implorer la pitié au nom de la maladie, du handicap. Ce spectacle dessert totalement les personnes concernées, les personnes pour qui on croit donner de l’argent. C'est-à-dire, les enfants et les adultes malades, en situation de handicap. On valorise sur un plateau télé leurs faiblesses, leurs impossibilités qui aux yeux d’une personne valide peuvent sembler insupportables, invivables. On banalise leurs droits, leurs besoins au mépris de leur citoyenneté. On les déshumanise totalement comme des objets lors d’une vente aux enchères.
On implore la pitié du public pour obtenir plus de dons. On implore donc la charité. Est-ce qu’un être humain doit jouer le rôle de misérable à la télévision pour permettre la récolte d’argent? La réponse est non. Dans la pitié, il n’y a pas d’égalité. Il n’y a pas de fraternité non plus. Chaque personne possède les mêmes droits, malade ou pas, handicapé ou pas. Rappelons que le handicap est dû à une situation ou à un environnement donné à un instant précis. Non pas à la “faute” de la personne concernée.
Il faut donner oui, mais sans mise en scène dégradante. Dans tous les pays Anglo-Saxons, ce genre de spectacle pour la bienséance des personnes valides est interdit depuis longtemps. Qu’attendons-nous? Croyez-vous vraiment que donner de l’argent en regardant la télévision et en vous disant : ces pauvres malheureux, ils le méritent bien… fera avancer leurs droits? Fera améliorer l’image que l’on a de la maladie, du handicap? Fera évoluer les mentalités sur nos capacités? Nous permettrons de lutter contre la discrimination? Ou permettra simplement à ces enfants de se sentir à l’égal des autres sans se sentir redevable des donateurs?
La réponse est non.
Ce genre d’images sert uniquement à donner un sentiment de satisfaction; d’avoir fait une bonne action pour les donateurs. Cela procure un bien-être compassionnel qui permet aux valides de se sentir bien voire supérieurs.
Lorsque l’on a pitié, il n’y a pas de respect, il n’y a pas de compassion, vous êtes celui ou celle pour qui on donne de l’argent. Rien d’autre. Vous n’êtes pas scolarisable, vous n’êtes pas employable et peut-être même vous n’êtes pas baisable.
Faire avancer la recherche oui, d’ailleurs l’Etat a tout à fait ce rôle à tenir grâce à nos impôts plutôt que de s’appuyer voire de s’effacer face aux Associations.
René Magny, acnien président de l'AMi 71