À l'appel de 13 organisations politiques et associatives, la marche pour le climat s'est déroulée ce samedi à Mâcon. Elle a lieu partout en France.
Les manifestants se sont retrouvés sur la place St-Pierre pour quelques interventions. Philippe Henri, écologiste, membre de EELV Mâcon, a évoqué tour à tour la catastrophe de la Roja et du torrent d'eau qui a tout emporté, les incendies qui a dévasté l'Amazonie, poumon de la terre, ravagé la Californie, ceux de l'Australie, suivis des inondations records, avec migration de troupeau de mygales qui parfois traversent des zones d'habitations. « La température moyenne en Europe est déjà supérieure de 2°C par rapport au XIXe siècle et les prévisions font état de 4°C au mieux pour la fin du siècle. Les scientifiques nous préviennent aussi que des régions entières du globe pourraient devenir inhabitables tellement il y fera chaud et humide. »
Et d'enchaîner sur le crédit carbone de la France : « Est-il acceptable que la France ait consommé le 17 mars le crédit carbone annuel qu'elle s'était engagée elle-même à respecter pour limiter le réchauffement planétaire ? (...) »
Présence à noter dans la manifestation de Stéphane Guiguet, vice-président du Conseil régional. « Le projet de loi n'est pas à la hauteur de l'enjeu. Sur la publicité et sur les délais, les choses à revoir. La date de 2030 est bien trop lointaine. On sent malheureusement que les lobbies ont repris le pouvoir. La convention citoyenne ne s'y est pas trompée en attribuant une note moyenne sur les six grandes thématiques de 3,8/10 ! Il n'y a pas de volonté politique. Le président devrait s'inspirer de la Région Bourgogne-Franche-Comté, qui éco-conditionne toutes ses aides financières. Marie-Guite Dufay est par ailleurs très engagée dans l'hydrogène. Là est la filière d'avenir pour sauver la planète. »
« Pourquoi manifester aujourd’hui ? » Philippe Henri a répondu :
« Parce que le projet de loi Climat et résilience proposé par le gouvernement est, a priori le dernier sur l’environnement de ce quinquennat, est très loin d’être à la hauteur des enjeux. Le Haut Conseil pour le Climat, un organe composé par des scientifiques et créé par le gouvernement lui-même, a considéré que l’État n’avait pas respecté ses engagements de réduction des émissions de GES et conclut que ce projet de loi “ne permettrait pas à la France de rattraper son retard dans la transition bas-carbone.” Le Conseil national de la transition écologique “s’inquiète de la baisse insuffisante des émissions de GES induite par cette loi et demande de mobiliser les moyens, leviers d’action et outils de politiques publiques nécessaires”.
Ces institutions ont également regretté le manque de transparence de l’étude d’impact fournie par le gouvernement, ainsi que le peu de temps qui leur était accordé pour rendre un avis.
Cette loi est censée être issue des travaux de la Convention Citoyenne sur le Climat et pourtant, les 150 citoyennes et citoyens qui la composent sont extrêmement critiques, sur ce projet de loi. A la question “dans quelle mesure les décisions du gouvernement relatives aux propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat permettent-elles de s’approcher de l’objectif fixé ?”, les 150 ont donné au texte une note de 2,5 sur 10 !
Le projet de loi sera examiné par les députés à partir de lundi et jusqu’au 18 avril. Ils ont encore le pouvoir de lui donner l’ambition nécessaire pour nous permettre de lutter efficacement contre la crise climatique.
Aujourd’hui, nous sommes rassemblés pour leur dire ceci : “Relevez l’ambition de ce texte !” Nous devons à nos enfants, le droit de vivre sur une planète accueillante et qui pourra assurer à leur enfants, des conditions de vie agréables. Et pour ça, aujourd’hui, nous ne devons pas baisser les bras. »
Laurence Boubet, militante écologiste de longue date, membre d'ATTAC, a pris la parole pour indiquer quelques gestes citoyens à faire ‒ ou ne pas faire ! ‒ pour lutter contre le réchauffement climatique. « Éviter d'acheter sur Amazon. Un emploi créé à Amazon, ce sont six emplois détruits dans les commerces de moins de 250 salariés ; Si vous avez un smartphone, gardez-le le plus longtemps possible ; quittez le Crédit agricole, la BNP ou la Société générale si vous y êtes... ces banques ont augmenté de 30% en 2019 et 2020 leurs investissements dans les énergies fossiles ; ne conservez pas tous vos e-mails, c'est très consommateurs en énergie etc. »
Marine Pasquier a également pris la parole pour le Collectif Mâconnais Pesticides et Santé, saluant le récent soutien du Conseil constitutionnel pour les chartes associatives. « Il nous a donné raison, c'est un pas de plus, très important, dans le sens de la lutte contre l'utilisation des produits dangereux. »
Enfin, Henri Grenard, adhérent EELV Mâcon, a interpellé le député devant sa permanence : « Si nous sommes là dans la rue, c'est pour vous demander de prendre vos responsabilités dès lundi. (…) Vous devez améliorer très nettement la loi proposée. Il n'est pas admissible que toutes propositions des associations et députés soient rejetées, vous devez convaincre le gouvernement ! Nous voulons une loi climat pour aujourd'hui, pas pour demain ou après-demain. (…) »
Eric Prost, musicien et porte parole du Collectif Occupons Mâcon, a donné rendez-vous ce dimanche pour une manifestation pour la culture. Elle aura lieu sur l'esplanade du Breuil, en face du théâtre, à 15h.
Photos © Rodolphe Bretin
Les manifestants ont marché dans les rues du centre-ville, jusqu'à la préfecture