Nathacha Rault est partie le 1er août en Bretagne en tant que pilote et co-responsable de la mission Sea Sheperd Les Vents de la colère. Avec 7 autres engagés.es, l'objectif est de documenter les dégâts sur la biodiversité que représentent le projet de parc de 62 éoliennes offshore en baie de St-Brieuc.
Voilà un projet qui ne fait pas encore grand bruit mais qui devrait remuer les consciences politiques et citoyennes dans les semaines à venir : « Une société espagnol est en train de creuser au fond de l'océan, dans la baie de St-Brieuc, à 16 km de la côté, pour y planter 62 éoliennes de 200 mètres de haut chacune ! L'équivalent de la tour Montparnasse » indique Natacha. « Et sur une surface de 103 km carrés, la taille de la ville de Paris, avec un câblage électrique sous-marin et sous terrain qui acheminera un courant de 250 000 volts… Une catastrophe pour la biodiversité locale, sachant qu'une zone Natura 2000 se trouve en proximité. Ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui nous ont appelé au secours, alors que nous agissons régulièrement pour dénoncer la surpêche » ajoute la militante.
Et d'ajouter, pour interpeller : « Planter des éoliennes offshore nécessite de creuser des trous de 18 mètres. Pour l'instant, la plate-forme de forage n'y parvient même pas. Ils ont cassé des têtes foreuses après avoir creusé 12 mètres. La plate-forme doit être changée de place pour creuser là où c'est moins dur. En résumé, ils transforment la baie en gruyère pour y mettre des éoliennes qui ne produiront de l'électricité que par intermittence, nécessitant d'ouvrir des mines de charbon pour pallier cette intermittence. Si le vent souffle à moins de 50km/h, les éoliennes ne produisent pas, s'il souffle à plus de 90km/h, c'est trop, car on ne sait pas stocker l'électricité... »
Or, l'association précise, dans un tout récent communiqué, qu'« aussi bien l’État français que le promoteur industriel sont soumis à l’obligation légale de préserver les espèces dans un « état de conservation favorable ». Du fait de la présence de très nombreuses espèces protégées dans la baie de Saint−Brieuc, Iberdrola/Ailes Marines a été contraint de déposer une demande de dérogation de perturbation intentionnelle et de destruction de 59 espèces protégées (54 espèces d’oiseaux marins, 4 espèces de dauphins et une espèce de phoque) ainsi que la destruction de leur habitat. »
Jusqu'au 22 août, les huit millitants.es ont donc pour objectif d'apporter les preuves scientifiques, les vidéos et les photos, les témoignages qui leur permettront de déposer un recours devant le Conseil d'État contre cette usine éolienne. « Nous n'avons pas le choix de faire autrement car la préfecture a accordé toutes les dérogations pour que ce massacre de la biodiversité locale ait lieu dans l'indifférence générale. On dit aux gens, c'est de l'énergie renouvelable, c'est bon pour la planète, mais non, c'est exactement le contraire. Les habitants, les pêcheurs, les scientifiques sur place ont tiré la sonnette d'alarme pourtant, mais ils prêchent dans le désert. Nous sommes accueillis avec joie car Sea Sheperd a une notoriété nationale. Tout le monde nous reçoit avec l'espoir que nous parvenions à faire stopper ce projet absurde et destructeur. »
Pas de vacances pour Natacha
Pour cette intermittente du spectacle, régisseuses son, sacrifier ses vacances relève du choix de vie. C'est sa 10ème mission avec l'association Sea Sheperd, pour qui c'est la première mission éolienne. « Il faut savoir ce qu'on veut » justifie-t'elle. « On se bat pour les prochaines générations. L'océan est notre meilleurs allié pour lutter contre le réchauffement climatique. C'est le premier régulateur du climat. »
Côté job, elle peut s'organiser pour partir en mission désormais trois fois par an. On la retrouvera à la fin du mois sur le festival de La Manufacture d'idées à Hurigny, mais cette fois en tant que régisseuse son. Prochaine mission en 2021, Dolphin bycatch. Objectif : sauver les milliers de dauphins tués par la sur-pêche.
Précisions qu'elle agit en tant que bénévole pour l'association, « une association qui n'est pas subventionnée par l'État » a-t-elle tenu à dire.
Rodolphe Bretin
© Photos Sea Sheperd