L'exposition De Novo présente des sculptures, faites de « rien » ou plutôt « de pauvres trésors » voués au rebut.
Parmi les définitions de « de novo » nous retrouvons pour cette locution latine la signification de rafraîchi, renouvelé, recommençant ou encore en biologie, nouvellement synthétisé soit de manière spontanée soit lors de la création de molécules complexes à partir de molécules simples.
Des matériaux chinés pendant longtemps sur les marchés africains et plus récemment en Ardèche sont valorisés, travaillés, transcendés et se voient insuffler une nouvelle vie comme pour mieux alerter sur la situation du monde : migrants, femmes, enfants des rues, animaux….
Après torsions, tensions, torsades, ces fils de fer, ces joints de caoutchouc, ces lanières de cuir prennent forme, dépouillée du superflu. Corps, têtes, animaux, objets du quotidien bousculent le spectateur qui trop souvent s’inscrit dans une humanité qui a tendance à s’habituer, à se laisse faire, à ne pas vouloir voir ou réagir.
Cette démarche ancienne, bien antérieure à la mode dite de la « récup », conduit ces ultimes déchets à revivre et donne à tous, petits et grands, à réfléchir sur le lien entre l’homme et l’objet ainsi que sur leur place dans l’environnement.
Pour les artistes, l’exposition de Mâcon s’inscrit dans la continuité des différents événements déjà réalisés, exemple « Survivances ». Ils espèrent surprendre les visiteurs de cette galerie appréciée des connaisseurs.
Les artistes
Monique Nigra née en 1955, comédienne et Xavier Garde né en 1953, médecin, vivent et travaillent en Ardèche. Ils réalisent à quatre mains en totale symbiose et complicité depuis des décennies une œuvre personnelle atypique.
Ces artistes autodidactes, ouverts aux êtres et aux choses, patients scrutateurs et observateurs sensibles portent intérêt à tous les fragments de la réalité contemporaine. Leur inspiration qui surgit des matériaux naturels ou industriels, des formes, des savoir-faire traditionnels explique leur éclectisme et leur singularité.
Leur respect des matériaux abandonnés, des objets cassés, pousse leur créativité à transformer, à donner une nouvelle vie, une nouvelle apparence, une élégance. Ainsi des clochettes deviennent manade, de la carcasse de pneu, des enfants des rues. La collecte de rebuts fonde leur démarche. Ils partent et parlent de la matière. Chaque œuvre donne à réflexion sur la place de l’objet dans l’environnement.
C’est au cours de leurs longues années passées en Afrique, qu’ils ont découvert des marchés à ciel ouvert. Ferraille, fils de fer, feuillard, chambres à air, charbon de bois, câbles, bois, alimentent largement leurs créations. Aujourd’hui, en Ardèche où ils vivent, ils perpétuent ce travail en s’adaptant aux nouveaux matériaux (cerclage de tonneau, ciment, plâtre, joints, verre cuir et bobine de moulinages …).
Les techniques utilisées sont presque aussi variées que les matériaux. Elles ne sont pas sans rappeler le travail du médecin de brousse pour le fil de fer : suture, surjet, pour les statues : les bandages et le plâtre. Pour réparer, il a fallu aussi utiliser la soudure à l’arc, la brasure …
Pour redonner vie, il faut lier les contraintes fonctionnelles (contrainte des matériaux, détournement, assemblage, limite des techniques) mais aussi les aspects esthétiques (orientation, proportions, mouvement de la pièce). C’est sûrement dans cette phase de composition que malgré les oppositions, la complémentarité des deux artistes s’exprime le plus.
Exposition visible du mardi 23 novembre au dimanche 5 décembre aux horaires d'ouverture de la galerie.