Le moment est historique. Parents d'élève, enseignants.es et personnel de direction étaient mobilisés pour la même cause ce 13 janvier 2022, celle d'une école juste et libérée des pesanteurs et contraintes envahissantes de l'administration. Pour cela, ils demandent des moyens et d'être entendus par le ministre.

 

Accablés par les protocoles successifs pour lesquels ils apprennent les changements dans les médias et dont ils prennent connaissance à la dernière minute, accablés par le manque de profs et d'équipements de protection fiables, accablés par les lourdeurs administratives, les enseignants.es et directeurs.trices d'école ont fait savoir leur ras-le-bol cet après-midi devant au pied de la cité administrative où se trouve l'inspection académique.

« Pas de négociation avec le ministre Blanquer, il est dans le déni permanent. Mais ce n'est pas nouveau, c'est son mode de gouvernance. Sauf que là, avec la crise sanitaire, les difficultés ont augmenté et sont plus pesantes que jamais » alertent les représentants syndicaux, appelant chacun et chacune à témoigner, à parler. « C'est nous qui tenons l'école ! Pas vous M. le ministre » lâchait Nathalie Bourceret (FO) applaudie par les manifestants.es.

On a évidemment pensé aussi aux enfants en ce jour de grève : « Nous avons eu une formation récemment sur la posture bienveillante et sécurisante vis à vis des élèves. Et bien sachez que quand on les envoie faire des tests tous les deux jours, je n'y arrive plus. Au contraire, je suis malade pour eux » lançait une enseignante.

« Ces tests PCR successifs, tous les deux jours, quand un élève est covid positif dans une classe, à ce niveau-là, on est dans la maltraitance » confirmait une directrice d'école.

« L'école ouverte, c'est bien joli, mais faut avoir les moyens nécessaires pour qu'elle fonctionne normalement. Aujourd'hui, on fait de la garderie. C'est ça l'école républicaine ? Tout le monde est sous pression. Et le ministre qui ose dire qu'on manifeste contre un virus !.. L'école est sinistrée non pas par un virus mais par une politique. Il est temps qu'il ouvre les yeux. »

 

D'autres journées de mobilisation sont envisagées dans le mois de janvier − « pour ne pas que ce 13 janvier ne serve-t'a rien » – notamment le 22 janvier, un samedi, pour une mobilisation avec les parents d'élève. Les détails de cette journée ne sont pas encore définis.

Les syndicalistes ont évoqué également la journée du 27 janvier, avec une mobilisation de toute la fonction publique.

Rodolphe Bretin

 

 

L'avis de la responsable départementale de la FCPE, parents d’élèves, Gabrielle Leclerc.

De la journée de ce jeudi 13 janvier …

« Nous attendons d’aujourd’hui des moyens, principalement, issus d’une concertation différente, protocole applicable et par les enseignants et par les parents. Pour que cela soit efficace, il faut de l’anticipation, qu’on est le temps tous, les uns et les autres, de se préparer, y compris les laboratoires (ndlr : ou pharmacies) de s’équiper. Lorsqu’on nous dit le dimanche soir, 17 heures, voire 21 heures, que le lundi matin à huit heures on doit dire si les enfants sont positifs ou cas contacts, alors trouver un laboratoire ou avoir un autotest ce n’est pas possible, personne n'a pu se préparer, personne n’a pu anticiper. »

Du dépistage…

« On sait que les parents le font parce qu’ils ont bien conscience que si leur enfant est malade, il y a un risque que la famille soit contaminée aussi, mais c’est très compliqué de le faire accepter des enfants. Il y aura certainement des parents qui feront des fausses attestations par ce qu’il n’y aura pas d’autres solutions, ce n’est pas qu’ils voudront le faire mais ils auront le stress, l’angoisse aussi d’avoir une contamination de la famille. »

 

« Pendant ce temps-là, nous on n’apprend pas » a écrit sur une pancarte un élève de CM2 qui n’a pas eu classe de la semaine.
« Hier soir nous avons eu (ndlr : la maman) un mail de la directrice de son école vers 19H30, nous informant qu’il y avait un cas positif dans la classe. Aujourd’hui, sans cette journée sans école, nous aurions dû passer la journée à chercher la possibilité de nous faire dépister pour qu’il puisse retourner à l’école, cela a déjà été le cas pour lui et sa sœur la semaine dernière, cela se reproduit depuis le mois de novembre. »

Recueillis par Michel Pelletier