Mardi soir, à l’initiative du club d’entreprises du Mâconnais et de la CCI Métropole de Bourgogne, Clément Turpin, arbitre international de football, est intervenu devant un parterre d’entrepreneurs du coin pour parler de « la prise de décision dans un contexte de situations extrêmes de gestion ».

Cette rencontre, coordonnée par Blandine Duforeau, présidente du club d’entreprises du Mâconnais, a fait un bien fou. La présidente a souligné en préambule qu’aujourd’hui les chefs d’entreprise ne doivent plus avoir peur de parler de leurs difficultés et de leurs échecs. Ils ne doivent pas hésiter à se faire épauler. « C’est une preuve d’humilité que de pouvoir l’envisager. »

« Il faut savoir rester positif, dit-elle. Trouver le bon équilibre. Certes, ce n’est pas toujours facile. Mais la clef de la réussite des entrepreneurs réside dans leur capacité à être prêts à créer et à développer.

Un signe qui ne trompe pas. La présentation de l’arbitre international a été accompagnée de nombreux échanges avec les chefs d’entreprise du Mâconnais présents. Elle a permis de mieux comprendre et appréhender les actes managériaux pour s’améliorer et travailler sereinement avec les collaborateurs et les équipes qui constituent une entreprise.

Pas si simple l’année 2021 avec la crise sanitaire... une parenthèse qui a donné à Clément Turpin le temps de réfléchir aux messages qu’il souhaitait faire passer lors de cette soirée, en sortant de sa zone de confort. « C'est la première fois que j'interviens devant des chefs d'entreprise. Je vous j'admire sachez-le, pour les risques que vous prenez chaque jour, le sang froid dont vous devez faire preuve. »

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il indique être plus à l’aise sur une pelouse avec 50 000 à 60 000 personnes que devant des entrepreneurs.

« A chaque fois que je reçois une désignation, explique-t-il, je suis pendant quinze secondes super heureux. Le match m’est donné, c’est magnifique. Mais après ces quinze secondes de bonheur, tout de suite, il y a les problèmes et les questions qui arrivent. Comment le match va se passer, dans quel contexte je vais tomber avec les enjeux que l’on peut imaginer. »

Ce soir, finalement, il avoue avoir la même réflexion et c’est très valorisant. Très admiratif devant la fonction ou le métier d’entrepreneur qui tente, qui crée, il constate qu’il y a beaucoup de ponts et de points communs entre l’activité exercée par les chefs d’entreprise et la sienne.

 

« Travailler sur la posture d'autorité »

« La prise de décision c’est notre quotidien commun, souligne l’arbitre. Le football, à bien des égards, peut être comparé à la complexité de l’entreprise. Une victoire ou une défaite a plusieurs conséquences. Elle impacte le club à différents niveaux. Sur les plans notamment financier, humain. Le tout repose sur un homme : l’arbitre. La prise de décision est extrême. Il faut décider vite sous la pression humaine, temporelle et médiatique. La maîtrise des émotions et de la parole dans ce type de situation est un atout indéniable. Il faut du calme et de la sérénité. Il s’agit de la posture d’autorité. En clair, les managers calmes et silencieux, obtiennent souvent de meilleurs résultats. »

Et de poursuivre : « Cette situation est régulièrement celle vécue par les entrepreneurs pour le développement ou la survie de leur entreprise. Il faut prendre des décisions intelligentes, rapides et les exécuter ou faire exécuter efficacement. Elles doivent être communiquées sans équivoque. »

L’ensemble de l’exposé de Clément Turpin, étayé par de nombreux exemples et visionnage de confrontations mémorables en Coupe du monde et autres compétitions (France/Croatie, Italie/Suisse, OL/PSG...), met en avant cette interpénétration entre ces deux univers sport et entreprise.

Chez les footballeurs, mais aussi dans le sport en général, on remporte des coupes, des médailles ou des victoires. Chez les chefs d’entreprise on remporte des marchés, on gagne des clients.

Le management ressemble à s’y méprendre à un sport de haut niveau.

Bernard Suc

 

Il a dit...

 

Je ne suis pas sur les réseaux sociaux et je ne regarde pas les débriefes d'après match à la télé, je ne lis pas non plus la presse spécialisée, pour garder la tête froide, évacuer la pression médiatique.

Les décisions se prennent sur des critères techniques et objectifs. Il n'empêche, quant vous avez 11 joueurs qui vous tombent dessus pour contester votre décision, il faut maintenir la posture d'autorité, être bien ancré au sol. Tout se passe dans le regard.

Je suis admiratif des rugbymen, qui ne contestent pas les décisions de l'arbitre. On a tenté la fermeté avec mes collègues arbitres après un stage de formation tous ensemble. On était remontés à bloc pour en imposer dans les rencontres, mettre les joueurs au plis. Et bien c'est la presse qui nous est tombée dessus... Qu'est-ce qui leur prend aux arbitres ?...

 Clément Turpin

 

Finale de coupe du monde, événement sportif le plus regardé au monde.

1 partout, pression maximale pour l'arbitre.

1 partout. La Suisse doit faire match nul pour se qualifier. Il reste à peine 3 minutes de jeu.

L'Italie est à l'offensive dans la surface de réparation...