Ivre de jalousie, sans alcoolémie, R.O. a fracturé le nez de sa compagne mardi 14 juin. Il a dû répondre de cet acte devant le tribunal correctionnel cet après-midi au cours d'une comparution immédiate.


Elle voulait partir, pas pour retrouver un autre homme, mais pour échapper une bonne fois pour toute l'emprise de son compagnon, à la jalousie maladive et l'hyper-possessivité. Le procureur, dans ses réquisition, a évoqué une conjugopathie. Malade, certes, mais bien responsable de ses actes et coupable. Tel a été le jugement du tribunal ce vendredi après-midi.

Conjugopathie en effet, car les violences commises ce 14 juin l'ont été sans consommation d'alcool ou de produits stupéfiants, ce qui est plutôt rare. Valérie a voulu fuir du domicile conjugal mais il l'a rattrapée dans les escaliers. Elle a tenté de se défendre, a chuté, puis, en se relevant pour fuir à nouveau, a reçu un coup de tête lui fracturant le nez ! 7 jours d'ITT...


Les rôles s'inversent


Le couple est constitué depuis 2019. Ils se sont rencontrés à La Réunion. Chacun a des enfants d'une précédente union. Ils sont arrivés en métropole en 2020, par la volonté de Monsieur, dont la sœur vit à Mâcon. Ils ont une petite de deux ans.

C'est elle qui gère tout, tout le temps.

Il y a plus d'un an, elle pète les plombs et commet un acte de violence envers lui avec un couteau. Elle sera condamnée et incarcérée. Une condamnation qui fait l'effet d'une rédemption. Elle prend conscience de la toxicité de sa relation avec lui et souhaite une séparation.

 

Il est allé vivre chez sa sœur un temps. Au moins, elle avait la paix. Mais il est revenu vivre au domicile conjugal en juin 2021. Les disputes reprennent de plus belle. Elle se retrouve un jour avec un oeil au beurre noir…

Au centre des conflits, leur petite fille… elle a fait l’objet d’une ordonnance de placement par le juge des enfants compte tenu de la tension extrême qui règne entre ses parents. La juge a estimé que la responsabilité de cette désastreuse relation lui revenait en grande partie. R.O. conteste et accepte mal cette assistance éducative.

Quand sa compagne, le 14 juin, décide de partir définitivement, le coup de trop est porté.   

 

Un casier judiciaire en sa défaveur

 

De multiples condamnation depuis 10 ans, pour vols et violences, dont une avec arme dans un véhicule. En 2019, condamnation pour association de malfaiteurs et cambriolage. R.O. a déjà fait trois séjours en prison, dont un en tant que mineur (il a 28 ans).

Dans le box des accusés, il se représente la main bandée, blessée suite à une bagarre avec des supporters de football. « Il était victime » défend son avocat. Certes, mais de la violence, encore de la violence. Le risque de réitération est donc jugé important par le procureur, qui requiert le maintien en détention (il est placé en détention provisoire dès le 16 juin) et une condamnation de 18 mois de prison dont 4 mois assortis d’un sursis probatoire de 3 ans.

 

Après en avoir délibéré, le tribunal l'a déclaré coupable et l'a condamné à 12 mois de prison dont 4 mois avec un sursis probatoire de 2 ans. Obligation de soins, de travail et de formation. Interdiction de paraître au domicile de la victime et paiement des indemnités dues suite au préjudice physique et moral.

La constitution de partie civile a été déclarée recevable et le renvoi sur intérêt civil obtenu (la victime doit voir un médecin pour évaluer la gêne respiratoire).

 

 

La victime était à l'audience, accompagnée par France victime (anciennement AMAVIP), joignable à Mâcon au 03 85 21 90 84.  

 

Rodolphe Bretin