Comparution immédiate ce mercredi 13 juillet pour un homme de 44 ans, né en Israël, au Français difficile, nécessitant la présence d'un interprète, et qui avait demandé un délai pour préparer sa défense.

 

Incarcéré depuis le 1er juin suite à des faits de violence aux urgences de l'hôpital de Paray-le-Monial le 30 mai, Samer D. a répondu de ses actes devant le tribunal de correctionnel de Mâcon, audience lors de laquelle les deux victimes – agents de sécurité incendie – parties civiles, étaient présentes.

À l'origine de cette violence, une demande de morphine liquide pour apaiser sa douleur, demande précédemment adressée dans une pharmacie, qui le renvoyait aux urgences pour la simple et bonne raison qu'il avait de la morphine sur lui, sous forme de cachet. « Je ne supporte pas bien cette forme de morphine, que je digère mal » expliquait-il au tribunal. « Je préfère la morphine liquide, c'est cela que je venais demander au médecin des urgences, tout simplement. »

Aux urgences, les choses ne se passent pas bien. Le médecin fait appel au service de sécurité pour récupérer le fauteuil roulant dans lequel Samer D. a été installé à sa prise en charge. Il refuse de partir et de rendre le fauteuil tant que l'ordonnance de morphine liquide ne lui a pas été délivrée.

Le service de sécurité est assuré ce soir par deux agents de sécurité incendie. L'un d'eux intervient et, devant l'agressivité du malade, qui le menace de lui casser la gueule et qui s'en prend au panneaux d'affichage du service, fait appel à son collègue. Les deux agents parviennent péniblement à le maîtriser, avec l'aide de soignants. Ils s'en sortent avec une morsure, l'un à l'abdomen, sur 5 cm, l’autre au bras, plus légère. Les gendarmes sont appelés et Samer D. emmené et placé en garde à vue, puis incarcéré le surlendemain.

La procureure requiert 18 mois de prison dont 6 mois avec sursis probatoire de 2 ans pour « protéger des soignants déjà très éprouvés par la gestion du covid » justifiera-t'elle. Mais également car Samer D. a déjà été condamné cinq fois dont quatre pour des faits de violence. Elle demande également le maintien en détention pour cet homme qui est isolé, sans domicile et régulièrement agressif quand il n'obtient pas ce qu'il veut et ne parvient pas à se remettre en question.

« La fabrique de la récidive »

Suit la brillante plaidoirie de maître Gautherin, qui insiste sur l'état de déliquescence du système de soin local ainsi que sur la saturation du système carcéral : « À Paray, pas d'agent de sécurité, de videur... on fait intervenir des agents de sécurité incendie dont ce n'est pas le métier de maitriser un individu agressif, certes, mais qui est en demande de soins !... Le ministère public veut le renvoyer dans une prison où le taux d'occupation atteint 175 % ! Mais où va-t'on ?... Il n'a pas pu voir de psychiatre.

Par ailleurs, il y a eu rapport d'incident établi en prison. Preuve de l'échec de la détention. En l'y renvoyant, vous allez fabriquer de la récidive, ce qui est bien malheureusement le lot de ces comparutions immédiates. Oui, nous sommes là dans la fabrique de la récidive ! Le carcéral en réponse à une demande de soins n'est pas bonne. Ce dont a besoin ce monsieur, c'est d'un suivi dans un SPIP, donc une peine mixte. »

 

Peine perdue. Le tribunal suivra au mois près les réquisitions du parquet : 18 mois de prison dont 6 avec sursis probatoire, et maintien en détention.

À sa sortie, Samer D. devra indemniser les victimes et suivre des soins. Sinon, c'est retour en prison a prévenu le juge.

Il a par ailleurs interdiction de séjour à Paray-le-Monial pendant 5 ans.

Rodolphe Bretin