Invité par la FDSEA 71 et l'Union viticole 71, le préfet Julien Charles s'est rendu sur le domaine des Bruyères de Nicolas Durand cet après-midi, à la rencontre de nombreux représentants de la profession et d'élus locaux.

 

Bien difficile de trouver des gens pour travailler de nos jours. Tel fut le message unanimement adressé au préfet. Une cause pointée serait le niveau de la rémunération pour faire les vendanges quand le niveau du revenu d'assistance encourage à rester à la maison... La chose était dite, sans détour !

 

Pour trouver du monde aujourd'hui, il faut multiplier les efforts, signer des conventions, et encore !... Les réglementations, la concurrence inter-régionale, la concurrence entre employeurs (la rémunération est fixée par l'exploitant), et la motivation des gens sont telles qu'on se débrouille, on s'entraide, on compte sur les groupements d'employeurs, parfois même sur les MJC !... Contre toute attente, des MJC de Normandie qui travaillaient sur une action d'insertion ont fourni un bataillon de vendangeurs aux vignerons du Beaujolais. « Oui, on prend partout » appuyait Patrice Fortune, président de l'Union viticole 71.

 

Julien Charles a concédé que l'arrêté ministériel qui encadre le travail saisonnier pour les vendanges devrait évoluer.

« Il y a quand même quatre ans qu'on travaille sur le sujet, pour l'assouplissement des règles, mais tous les ans on est retoqués au niveau national » rétorquait Denis Chastel-Sauzet (FDSEA 71).

 

Comme évoqué à la cave de Viré, le problème du logement est aussi pointé. « Les saisonniers ne veulent plus aller dans les campings, quand ce n'est pas ceux-ci qui le refusent... Ils faut qu'on puisse accueillir sur les domaines. »

 

Pour ce qui concerne le propriétaire des lieux, Nicolas Durand, le problème est réglé depuis 2011 grâce à la main d'oeuvre étrangère, polonaise en particulier. Un Polonais de ses connaissances, amoureux du Beaujolais, lui envoie un contingent de Polonais tous les ans. « Et ils viennent tous, tous les ans, et ils sont ravis. » Les travailleurs étrangers, c'est une solution pour beaucoup, mais elle n'est parfaite non plus.

 

 

Après cet état des lieux de l'emploi, la flavescence dorée, maladie épidémique, jaunisse de la vigne, contagieuse et incurable, à l'origine de perte de récoltes importantes, a occupé la visite de l'exploitation de Nicolas Durand, particulièrement touchée, sur 26 rangs.

 

Arrivée il y a 10 ans en Saône-et-Loire, la maladie ne cesse de progresser dans le vignoble, contraignant les vignerons à effectuer des corvées, à savoir des prospections. « La contamination se fait un avant, on a donc toujours un coup de retard, c'est la grande difficulté pour lutter contre cette maladie, qui désespère et décourage beaucoup » indiquait Benjamin Alban, chef de service vigne et vin à la Chambre d'Agriculture.

« Au début, on pensait pouvoir l'éradiquer. Cela n'a pas été possible. Donc il faut la détecter et traiter, sinon il faudra soutenir financièrement les vignerons qui sont contraints d'arracher... Il y a eu 12 hectares d'arrachés en Saône-et-Loire depuis l'apparition de cette maladie. »

 

Doit-on recommencer à traiter par insecticide ? La question est posée, avec la charge polémique qu'elle contient. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une maladie de quarantaine a précisé Benjamin Alban, c'est donc l'Etat qui a la main, qui décide.

 

 

Encore des pertes, mais un millésime de belle qualité en perspective

Du fait de la sécheresse, les pertes de récolte avoisineraient les 20 %. elles sont estimées pour l'heure à 40 hectos/hectares. L'année dernière avec la grêle, les vignerons ont connu le pire, avec 50 % de récoltes en moins. Les années se suivent et se cumulent en pertes. Heureusement, le millésime 2022 sera de qualité, le raison étant concentré en sucre.

 

 

Rodolphe Bretin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nicolas Durand a dû arracher de nombreux pieds de vignes début août, avant les vendanges

 

 

 

Patrice Fortune, à gauche face au préfet, président de l'Union viticole 71,

aux côtés de Daniel Bulliat, président de l'Inter-Beaujolais

 

Le dossier du fermage a également été abordé,

notamment les différences entre les départements du Rhône et de la Saône-et-Loire