Les élu.e.s de Mâcon Citoyens avaient convié la population à une réunion publique intitulée « Révision du PLU de Mâcon : où en est-on ? » qui s'est tenue jeudi soir à la salle familiale de Flacé.

Une soixantaine de personnes a répondu présente. Trois conseillers municipaux Mâcon Citoyens : Gabriel Siméon, Catherine Amaro et Eve Comtet Sorabella ont, tour à tour, animé la soirée.

Le Plan Local d'Urbanisme (PLU) est un document d'urbanisme qui, à l'échelle de la commune, traduit un projet global d'aménagement et d'urbanisme et fixe les règles d'aménagement et d'utilisation des sols.

En décembre 2021 : le projet de nouveau PLU est validé par le conseil municipal (mais pas encore adopté définitivement). En juillet 2022, après avoir reçu un avis défavorable de la commission d'enquête publique menée en juin, la mairie doit revoir son projet de révision du plan local d'urbanisme.

Où en est-on aujourd'hui ?

Selon Mâcon Citoyens : « de nombreux motifs sont avancés en appui de cette décision : ce nouveau PLU n’est pas totalement cohérent avec les documents supra-communaux comme le Schéma de cohérence territorial (SCoT) et le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) ; l’objectif de démographie [40 000 habitants à Mâcon en 2040] est trop ambitieux et n’est pas en adéquation avec l’accroissement actuel ; la consommation des espaces agricoles et naturels est beaucoup trop importante au regard des objectifs de réduction portés par les récents textes législatifs, tandis que l’évaluation environnementale révèle des insuffisances caractérisées. »

Mâcon Citoyens fait remarquer en particulier une artificialisation excessive des terres agricoles et forestières. 

L’élaboration d’un plan local d'urbanisme intercommunal (PLUI) paraîtrait plus adaptée au vu de l’ensemble des compétences de la communauté d’agglomération et le positionnement de Mâcon en tant que ville centre s’en trouverait conforté.

Les nombreuses adaptations résultant des réserves émises par les Personnes publiques associées et de la présente enquête publique risquent de bouleverser l’économie générale du projet.

Trois choix s’offrent au maire :

il prend en compte l’avis du commissaire enquêteur et des autres services. Il reprend la procédure quasi depuis le début → nouveau projet, nouvelle enquête publique…

il suspend la procédure ou il l’annule. Donc le PLU actuel reste en vigueur. Et il fait les ajustements nécessaires au fil de l’eau (révisions allégées, modifications, déclaration de projet…)

il continue la procédure avec quelques modifications à la marge et arrête son projet de PLU.
L'État peut faire un référé suspensif (le PLU ne s’applique pas et le maire est obligé de mettre son PLU « dans les clous »)
- les particuliers, associations… peuvent faire des recours.

À Mâcon et alentours, des particuliers et des associations locales agissent d’ores et déjà pour contrer des décisions en matière d’urbanisme.

De nombreuses réactions du public ont émergées à l'issue de la présentation. Citons-en quelques unes : Quelle population est visée dans ce PLU ? Le maire prendra-t-il en compte toutes ces remarques, ou passera-t-il en force au nom de son « projet » ?

Selon un résident, le quartier de St Clément « serait abandonné par Mâcon », un collectif d'usagers est en train de se mobiliser. Une Flacéenne appelle à la vigilance pour la préservation du stade de Flacé. La plantation des arbres dans la ville, la circulation, ont également été évoquées.

À quel besoin répond la révision du PLU et pourquoi ce PLU ne doit pas s’appliquer ?

« Le PLU actuel date de 2007, il a connu des modifications, la dernière datant de 2022 (modification N°5 – déplacement des stades de foot de la Chanaye sur des terrains actuellement agricoles et forestier).

Le Maire, la majorité municipale souhaitent rendre possible le développement économique futur de la ville et des communes associées de Loché, Sennecé et St Jean-le-Priche avant que la loi ne soit trop restrictive en matière d’artificialisation des sols. La Loi Climat et résilience est vécue par l’équipe de M.Courtois comme une limitation excessive au développement économique tant sur le versant promotion immobilière d’habitation que commerciale.

Ainsi, pour la majorité municipale, il faut agir vite, avant que cela ne soit trop tard pour pouvoir continuer sur la même trajectoire que celle initiée dans les années 90 : consommation des espaces agricoles et naturels afin de multiplier les zones économiques et commerciales périurbaines, maintien de la logique pavillonnaire d’étalement urbain. Pour donner de la cohérence à cette possibilité de développer les zones économiques, l’urbanisation est prévue pour atteindre un objectif de croissance démographique beaucoup trop ambitieux, qui finalement n’est pas crédible.

Pourtant, Mâcon et ses communes associées ont de nombreux atouts permettant à la fois de répondre aux projets d’activités économiques et de repeuplement de la ville centre :

• par l’utilisation des espaces vacants déjà urbanisés telles les friches industrielles et commerciales – ce qui est fait sur le secteur de la Darse Nord appelé «Saône Digital» - et pourrait donc être fait ailleurs,

• le renforcement des aides à la réhabilitation des logements vacants - estimés à 1600 sur Mâcon - par l’Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat–Rénovation Urbaine (OPAH-RU),

• l’utilisation des dents creuses pour densifier ou aménager autrement l’espace urbain pour le rendre plus attractif et mieux adapté aux contraintes climatiques présentes et à venir,

• l’utilisation des friches industrielles et commerciales.

Quel sont les objectifs recherchés par les contributeurs à l’enquête publique et les élus Mâcon Citoyens ? Un développement harmonieux, cohérent et adapté au changement global, permettant aux habitants de maintenir leur confort de vie et même de l’améliorer – lutter contre le phénomène de ruissellement, retrouver de la fraîcheur en période de chaleur, réduire les nuisances liées au trafic routier – bruits, pollution atmosphérique, accidents et insécurité routière – renforcer la place des mobilités douces dans les déplacements.

Pour ce faire, il faut aboutir à l’annulation du projet de révision. Elle entraînerait le maintien du PLU de 2007 et des modifications en fonction des besoins. Elle permettrait d’attendre l’adoption du Schéma de cohérence territoriale (SCOT) qui devrait intervenir en 2023 et la prise de compétence « plan local d’urbanisme » par l’agglomération MBA aboutissant à terme à la production d’un PLU intercommunal, celui-ci serait alors cohérent avec le plan local de l’habitat dont la compétence est intercommunale et le schéma des mobilités », a conclu Eve Comtet Sorabella.

Le verre de l'amitié a clos la soirée.

M.A.

 

Photos © Maryse Amélineau