C'est par une conférence faisant intervenir la sénatrice Marie-Pierre Monier et la commandante de gendarmerie Magali Haudegond que Nathalie Bonnot, déléguée départementale au Droit des femmes et à l'égalité à la préfecture, a marqué cette journée. L'occasion de rappelé que la Saône-et-Loire est en pointe dans la lutte contre ce fléau.

 

Le 25 novembre était la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, un fléau qui a trouvé une résonance importante depuis le mouvement MeeToo. La violence n'est pas que sexuelle, certes, mais c'est bien grâce à ce mouvement que les femmes parlent de plus en plus et portent plainte.

 

La conférence organisée de Matour vendredi dernier a mis un coup de projecteur à la situation vécue par les femmes en milieu rural.

 

Les interventions de la sénatrice de la Drôme Marie-Pierre Monier, une des parlementaires qui ont travaillé sur le rapport « Femmes et ruralités : en finir avec les zones blanches de l'égalité », et de la commandante Magali Haudegond, ex-gendarme en Saône-et-Loire, à Louhans, aujourd’hui commandante à la direction générale de la gendarmerie nationale, ont apporté des éclairages précis sur la situation des femmes en milieu rural et la mobilisation des gendarmes pour son éradication. Le milieu rural, « amplificateur des inégalités entre les hommes et les femmes » a clairement dit la sénatrice en visio.

Elle mettait les pieds dans le plat dès l'ouverture de la conférence en dénonçant un « impensé des politiques publiques des territoires ruraux ». « Aucune mention de ce sujet dans l'Agenda rural », à savoir le plan d'action interministériel destiné à renforcer l'attractivité des territoires ruraux et à améliorer la vie quotidienne de leurs habitants...

 

 


Femmes et ruralités : en finir avec les zones blanches de l'égalité

Agenda rural du gouvernement : où sont les femmes ?

Ce fut le point de départ du présent rapport de la délégation aux droits des femmes. En effet, la délégation a constaté qu'aucune des 181 mesures de l'Agenda rural du Gouvernement, adopté à l'automne 2019, et qui constitue aujourd'hui le socle de la politique gouvernementale en faveur des territoires ruraux, ne mentionne l'égalité femmes-hommes ni aucune problématique spécifique aux femmes.

Pendant dix mois, la délégation s'est intéressée à la situation des 11 millions de femmes vivant dans les territoires ruraux, soit une femme du pays sur trois. Elle s'est penchée sur les difficultés et obstacles qu'elles rencontrent, à tous les âges et dans tous les aspects de leur vie, mais aussi sur les solutions innovantes, initiatives et réseaux de solidarité qui émergent au niveau local.

extrait senat.fr




« Et pourtant, 50 % des féminicides ont lieu en milieu rural alors que 35 % des femmes y vivent » ajoutait-elle.

 

Le rapport formule 70 recommandations destinées à améliorer la vie des femmes qui vivent à la campagne. Parmi ces mesures, certaines visent la lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales : 

 

Augmenter le nombre de logements d'urgence – 4 femmes sur 10 n'ont pas de solution quand elles quittent le domicile conjugal parce qu'elles sont victimes de violence, et retournent donc au domicile ; augmenter le nombre d'ISCG, les intervenantes sociales en commissariat et gendarmerie, qui prennent en charge spécifiquement les victimes ; créer des référents égalité homme-femme dans les communes – « j'ai proposé un amendement à ce sujet, qui a été rejeté... » a souligné la sénatrice ; établir une cartographie des acteurs engagés dans cette lutte, pour savoir qui fait quoi et pour accompagner les victimes ; développer la communication locale du numéro d'urgence – le 3919 est très peu sollicité ; mettre à disposition des victimes un véhicule et mettre en place un ticket taxi, sachant que 80 % des déplacements se font en voiture en milieu rural ; développer la formation des gendarmes en matière d'accueil de victimes ; créer des permanence dans des endroits neutres.

 

 

Le 3919 pour les femmes victimes de violence

accessible 24h/24 et 7 jours sur 7

 

 

13 réseaux VIF en Saône-et-Loire. Le premier a été initié sur le secteur de La Chapelle-de-Guinchay en 2008 par le maire de la commune Jean-François Guéritaine. Ce réseau repose sur une implication partenariale de l’État, des collectivités territoriales, des forces de l’ordre, et des associations. Leur rôle est indispensable pour améliorer la prise en charge coordonnée des victimes. Ce réseau ne se limite pas aux victimes de violences conjugales mais s’étend aux violences intrafamiliales dans leur ensemble.

 

 

La commandante a pu répondre sur la formation, insistant sur l'existence de la formation continue. « Notre objectif aujourd'hui est d'arriver à prévenir. La création de la Maison de protection des familles à cette vocation. »

 

Elle a fait également quelques annonces, comme la création prochaine d'un fichier sur lequel tous les acteurs seront répertoriés, répondant ainsi à la proposition des parlementaires pour une cartographie des VIF.

 

Coté gendarmes, nous l'avons écrit précédemment, ils vont pouvoir prendre des plaintes hors les murs de la gendarmerie avec un logiciel nommé Ubiquity.

 

Au vu de l'avancée des réseaux VIF en Saône-et-Loire et de la présence de 9 intervenantes sociale en gendarmerie (« La Saône-et-Loire est exemplaire en la matière » a souligné la sénatrice), Nathalie Bonnot a indiqué que le département pourrait bien être auditionnée prochainement.

 

Rodolphe Bretin

 

 


Mieux protéger les victimes de violences intrafamiliales

 

Au niveau départemental, les femmes victimes de violence peuvent compter en matière d’hébergement sur :

 

- 34 places en centre hébergement et de réinsertion sociale

 

- 30 places en centre hébergement et de réinsertion sociale d’urgence

 

- 6 places en hébergement d’urgence

 

- 9 places en allocation logement temporaire

 

- 35 places dédiées aux femmes victimes de violences au titre de l’intermédiation locative

 

- 16 logements dédiés par le réseau VIF en partenariat avec les maires et communauté de communes.

 

Pour répondre à des situations particulièrement critiques, les victimes peuvent se voir remettre des téléphones graves dangers.

 

En moyenne sur 2022, ce sont 26 téléphones qui ont été attribués aux victimes. Les auteurs de violence quant à eux peuvent se voir poser des bracelets anti-rapprochement. Au 17 novembre, 10 bracelets étaient actifs sur le département.

 

Pour assurer le pilotage et la gouvernance de la politique de lutte contre les violences intrafamiliales au niveau départemental, le Comité local d’aide aux victimes se réunit une fois par semestre depuis octobre 2021.


 

 

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Dans la matinée, les élèves du collège de Matour assistent à la
représentation du spectacle les « Totors »

 

 

Photos Nathalie Bonnot et Rodolphe Bretin

 

 

 

La commandante Magali Haudegond et le colonel Guillaume Dard, commandant du groupement de gendarmerie de Saône-et-Loire

 

 

 

 

 

Signature du contrat de mobilisation et de coordination des violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles, par le préfet Yves Séguy, actant la création du réseau violences intrafamiliales dans la communauté de communes de Saint-Cyr-Mère-Boîtier.

 

 

 

 

 

Afin d’améliorer le fonctionnement du réseau VIF et pour favoriser une harmonisation des réponses apportées aux victimes, la Déléguée aux Droits des Femmes et à l’Égalité a initié la création du jeu de plateau « S-Team ». Cet outil ludique de formation a été pensé pour permettre au réseau d’aborder ensemble des situations. Le jeu repose sur trois axes « Bien travailler ensemble », « Mieux comprendre les VIF » et enfin « Se soutenir ». A chacun des thèmes sont rattachées des questions spécifiques, du type « en tant qu’éducateur/éducatrice spécialisé(e) en Centre d’hébergement et de réinsertion sociale, suis-je apte à accompagner une victime pour un dépôt de plainte ? »

 

Cet outil existe actuellement au nombre de trente exemplaires. Un développement régional et national permettrait un travail uniformisé des pratiques dans les réseaux VIF.