L’association Femmes Solidaires a invité Johanna Dagorn pour une conférence.

Maltraitances physiques, agressions sexuelles, discriminations… Les femmes en situation de handicap sont victimes de violences plus souvent que les autres. Mais la parole peine à se libérer dans ce domaine, même si cette question est de plus en plus rapportée au niveau des instances publiques. Pour aider les victimes à s’exprimer et accompagner les professionnels souvent démunis, des initiatives se multiplient au niveau national, mais aussi, et cela a été le cas hier soir à Mâcon, au niveau local.

Femmes Solidaires, dont la présidente actuelle est Colette Marchand, a organisé une soirée conférence sur ce thème afin de dévoiler les diverses facettes de ces violences. Johanna Dagorn, directrice de recherches de l’Observatoire régional de Nouvelle-Aquitaine, sociologue, professeure à Paris-8, a répondu à l’invitation pour tenir une conférence devant un public nombreux constitué de professionnels travaillant dans le secteur de lutte contre les violences, d'aide aux personnes en situation de handicap, de membres d’associations et de citoyens.

Claude Cannet, vice-présidente au Conseil départemental chargée du maintien à domicile, des personnes âgées et personnes en situation de handicap, des affaires sociales, a tenu, en préambule, à souligner que beaucoup des personnes concernées ne se rendent pas compte de ce qu’est la violence, que les travailleurs sociaux qui sont en première ligne doivent être en capacité de la reconnaître et d’accompagner ces personnes dans l’écoute et l’orientation des enquêtes, sociales ou juridiques.

La prévention doit se faire dès le plus jeune âge, l’adolescence étant la bonne période pour la parole et la diffusion des informations.

Le public de cette conférence sera aussi le relais de cette parole et des informations diffusées.

Témoignage poignant que celui de M. L., personne en situation de handicap, présentant simplement, mais avec beaucoup d'émotion, son parcours de vie dans la violence, et cela, dès son enfance. Harcèlement scolaire, violences institutionnelles, maltraitances des compagnons successifs sans intervention des professionnels qui la suivait… Ce témoignage ne pouvait qu’être entrée en matière pour l’intervention de Johanna Dagorn.

Les rapports des entretiens sur les parcours de ces femmes avec handicap est cruellement violent tant dans les témoignages sur les violences physiques, sexuelles que psychologiques, financières, économiques subies, celles-ci pouvant s’ajouter les unes aux autres, ce qui n'est pas le cas de violences faites aux femmes valides.

On parle aussi bien de femmes devenues handicapées suite aux violences vécues que de personnes handicapées de naissance (handicap physique, psychique, mental) qui peuvent subir des violences d’autant plus perverses qu’elles s’ajoutent à l’apparence, aux incapacités physiques ou aux difficultés de s’exprimer, de lire ou d’écrire.

Perversité du compagnon, de l’entourage, des enfants quelquefois, moqueries, insultes, sournoiseries, les victimes ne sont souvent pas écoutées, passent pour des menteuses, des folles… Les violents peuvent facilement cacher leurs méfaits, paraître gentils, bons en société alors que le débordement d’actes violents ne sera accompli qu’en "privé", rendant alors la possibilité pour la victime de se plaindre et d’être crue quasiment impossible.

Si l’on sait que la pandémie et sa succession de confinements ont fait augmenter le taux des violences faite aux femmes de 20 %, si l’on sait que 50 % des violences sont toujours cachées, si l’on apprend que le plus souvent les femmes en situation de handicap violentées terminent leurs témoignages par une phrase stéréotypée «… Mais il y a plus grave que moi ! », le bilan est d’autant plus consternant, accablant.

Violences physiques, coups, blessures avec ou sans objet, viol, inceste …

Violences psychiques, moqueries, insultes, rabaissements systématiques …

Violences économiques, dépossession d’argent, tenue de compte bancaires …

Violences financières, détournement et appropriation des aides pour handicapé(e)s par les compagnons officiels ou non.

Le pire, si l’on peut dire, est que les auteurs de ces violences ont pratiquement toujours un sentiment d’impunité, d’intouchable.

Terminer par une note positive ? De quoi chercher quelque peu il faut dire !

Résilience des victimes constatée lorsqu’elles décident de couper les ponts avec les auteurs, de s’en séparer définitivement, résilience incroyable qui témoigne, après avoir accepté de se dévoiler, d’une force magnifique possible pour s’en sortir.

Colette Marchand a tenu à remercier le Conseil départemental, la mairie de Mâcon représentée par Véronique Lefeuve, chargée des affaires sociales, de la lutte contre l'isolement, des services aux familles et de la santé publique, les associations AMI 71 et APF France handicap, partenaires, et tous les bénévoles d’un soir ayant apporté leur contribution à la réussite de cette soirée.

MsP