Julie Forest, gérante avec son conjoint Léo Baudin, n'est pas la seule dans cette situation, mais elle le fait savoir haut et fort pour éviter d'avoir à fermer boutique : si les factures d'électricité continuent sur ce rythme, c'est en effet la fermeture définitive qui est envisagée dans les mois qui viennent.

 

La facture de décembre atteint un sommet vertigineux de 7 457,54 € (6 214,62 € HT – 1 242,92 € de TVA), soit une augmentation de 212 % par rapport celle de l'année dernière en décembre.

 

« Nous sommes très stressés et dans l'incompréhension la plus totale. Comment a-t-on pu en arriver-là ?... » dit-elle en pointant la responsabilité politique.

 

À l'heure de l'inflation record et de la récession qui commence1, on connait la réponse : les choix politiques de nos gouvernants, l'entêtement à suivre une voie qui met gravement les Françaises et le Français en difficulté.

 

Les aides arriveront bien sûr, mais trop faibles pour combler les pertes. Julie Forest évoque une remise de quelque 35 % sur la facture à partir de janvier. En attendant, il faut payer celle de décembre. Et 35 % d'aide pour une augmentation de 212 %, on est très loin du compte...

 

Pour l'heure, les boulangers serrent les fesses, éteignent les lumières autant que faire se peut, les frigos également. Ils sont parvenus à économiser 2 000 kw/h par leurs efforts quotidiens.

 

Mais travailler uniquement pour payer des factures n'est pas tenable. « Il nous faudra augmenter le prix du pain de 10 à 15 centimes en janvier. Mais cela ne suffira pas. Si on voulait répercuter cette augmentation exorbitante de l'électricité, il faudrait passer la baguette à 3,50 €. » Julie Forest n'envisage pas cette option, ni même de licencier (ils ont trois salarié, dont un apprenti). « Mais dans 3-4 mois, s'il n'y a pas d'évolution, on se posera des questions » dit-elle en évoquant une éventuelle fermeture. « Hors de question de continuer comme ça, de travailler pour payer une note d’électricité qui devient folle, c'est une honte de nous faire ça. »

 

A bon entendeur...

 

Rodolphe Bretin

 

 

1. Écouter là-dessus l'économiste Marc Touati le 7 décembre