Quand on a dans le cœur un immense désir et qu’on ne tient à rien, à rien qui soit de chair, à rien qui soit sensible, et pas même à la vie, on peut tout sacrifier, comme ça, par orgueil, pour prouver quelque chose. Elle ne souffrait pas. Elle était malheureuse.

Quatrième de couverture 

Créon roi propose une autre lecture d’Antigone. La pièce, de facture classique, suit cependant fidèlement la trame de Sophocle. Le mythe, en revanche, est investi d’un sens nouveau, original, plus actuel.

Créon n’est plus un horrible despote : la tragédie dresse à présent le portrait d’un homme juste – ou, du moins, qui souhaite le devenir. Père aimant, époux tendre, il est confronté au difficile exercice d’un pouvoir qu’il n’a pas voulu. De plus, l’acharnement de sa nièce fanatique lui rend la tâche impossible. « Quoique je fasse ou tente c’est l’échec assuré ».

La pièce aborde le thème de la révolte, sans la complaisance qu’elle suscite habituellement. Son incarnation, la terrible Antigone, y est dépeinte sous les traits d’une jeune fille étrange et dérangeante.

A propos de l'auteur

Vincent Huret, l'auteur, réside à Sennecé-lès-Mâcon. Né en 1953, il cultive très jeune une passion pour tout ce qui a trait au théâtre. D’abord fasciné par l’aspect visuel et sonore des représentations, il se tourne ensuite vers le jeu des comédiens, puis vers la mise en scène d’opéra.

Au terme de cette longue initiation, il se lance dans l’écriture et publie sa pièce Créon roi chez les Editions Baudelaire. Pour lui, le théâtre a cette formidable capacité à émouvoir, mais aussi à déranger, à l’instar de la philosophie, qui suscite son intérêt depuis très longtemps.

 


Au fil des pages :

LE VIEILLARD

Des merveilles ce monde en compte d’innombrables, chacune plus charmante ou sublime que l’autre. Pourtant il en est une qui les surpasse toutes : l’être humain, merveille des merveilles ! Même en pleine tempête il trace son chemin sur la mer mugissante. Sur la terre nourricière c’est le sillon qu’il creuse sans jamais se lasser, année après année. Il invente des rets pour capturer l’oiseau plus vif que lui et qui fuit dans les airs. Il sait débusquer le gibier et prend dans ses filets tout ce qui vit dans l’eau. Il a soumis au joug le farouche taureau et courbé des chevaux la superbe encolure. Il s’abrite aussi bien de la pluie que du froid et du chaud. La mort seule est son maître, mais il parvient parfois à en repousser l’échéance.

Géniale espèce, agile comme aucune, mais par le verbe et la pensée, qui par sa seule intelligence a su régler ses moeurs et se donner des lois ! L’homme est son propre guide. De sa simple survie à sa prospérité tout dépend de ses choix. Chaque chose est ainsi pesée sur sa balance. Il doit toujours pouvoir se justifier.
Or il advient parfois que, tombé dans un piège dont les issues sont toutes également fatales, il lui faille pourtant prendre une décision.
La tragédie alors ne peut être évitée et doit suivre son cours.


Le Vieillard sort. La première Dame, qui a montré son scepticisme sur la fin de son discours, le suit du regard puis lance la scène suivante.