C'est un « bon père de famille », Mâconnais de 32 ans, qui comparaissait cet après-midi devant le tribunal correctionnel. Bon père, pas tous les jours mais presque... Et samedi, quand sa compagne l'a vu avec sa serpette, elle a pris peur, au point d'aller se réfugier dans la supérette où elle travaille.
Un bon père de famille en effet, sauf une fois par semaine, le vendredi après-midi en général, quand il prend sa cuite avec des copains. Il va vite se coucher en rentrant pour ne pas que ces tout jeunes enfants (3 et 4 ans) le voient dans cet état.
Samedi, alors qu'il retrouvait sa compagne et ses enfants pour rentrer à la maison, il l'a traité de tous les noms. Les fils étaient dans la poussette... D'après la compagne, il avait une serpette dans la poche. Elle a pris peur et a décidé de se rendre à la supérette pour acheter à manger. Il lui a donné sa carte bancaire et elle est partie.
Une fois là-bas, la patronne a vu tout de suite que quelque chose n'allait pas. La compagne, effrayée, paniquée, s'est épanchée. Sa patronne lui a vivement conseillé d'appeler la police, ce qu'elle s'est résolue à faire.
Les policiers se sont rendus chez elle - donc chez eux - et ont constaté que la serpette était sur la table du salon...
Il est interpelé et placé en garde vue. Il refuse d'abord de se soumettre au test d'alcoolémie, puis fini par obtempérer quelques heures plus tard. « Nous avions bu une bouteille de whisky à quatre. J'étais ivre, oui, et j'ai été insultant, c'est vrai, mais je ne l'ai pas menacé avec la serpette, c'est faux » affirme-t'il. « Comme j'ai l'alcool mauvais, elle a dû avoir peur, je comprends. » Insultes donc, mais aucun coup porté ni menaces proférées se défend-il. « Oui, j'ai un problème avec l'alcool. Je veux m'en sortir. J'aime mes enfants et je m'en occupe beaucoup, surtout depuis qu'elle travaille. »
« C'est un bon père, il est très présent, même plus que moi, je veux pas le charger, je veux bien qu'on vive ensemble » fait-elle dire par son avocate. Elle ne demande d'ailleurs aucun dommages et intérêts, simplement qu'il prenne conscience de la situation. Elle veut des solutions et protéger ses enfants.
Mais alors pourquoi une comparution immédiate, censée juger les infractions les plus lourdes dans un délai très rapide (les faits datent de samedi) ? Parce que notre homme a un casier judiciaire bien rempli... Douze condamnations, dont cinq pour vols et extorsion, la première remontant à 2008. Il a déjà été condamné pour violence sur conjoint en 2016, et terminait une autre peine en avril 2022 (avec bracelet électronique). Depuis, il semblait reprendre le bon chemin, vivait à nouveau avec sa compagne depuis 3 mois. Seulement voilà, elle a trouvé du travail, pas lui... blessure narcissique ? Sans doute.
Par ailleurs, « insulter la mère de ses enfants devant eux fait risquer de perdre l'autorité parentale » lui indique la procureure. À l'énonciation de ce fait-là, il s'énerve. Ces fils sont ce qu'il y a de plus importants pour lui. La procureure enchaîne en lui précisant que, justement, elle ne requiert pas le retrait de l'autorité parentale. Il se calme aussitôt. Elle requiert néanmoins 10 mois de prison fermes, 3 mois avec sursis probatoire et mandat de dépôt.
Son avocate plaidera la bonne foi, le début du parcours de soin, la volonté réelle de s'en sortir, un homme engagé dans une démarche positive.
Le tribunal le déclare coupable des faits reprochés et le condamne à 8 mois fermes, mandat de dépôt mais, rapidement, aménagement de peine. Il la purgera chez son père, avec bracelet électronique. Il a évidemment obligation de soin.
Rodolphe Bretin