Affluence inaccoutumée à la bibliothèque de Sologny qui accueillait samedi matin Agnès Panay et Sylvie Aymard, deux auteurs travaillant et vivant dans ce bourg de 576 âmes (dernier recensement) et dont les ouvrages viennent de paraître.
Agnès Panay, « Les Racines au cœur »
Pour Agnès Panay, « la Mère Tienne » pour les intimes, c'est un premier roman, dont la genèse remonte à vingt-trois ans. « J'étais enceinte de Simon », se souvient-elle. « Le livre est resté au fond d'un tiroir pendant des années. Ce que j'ai commencé il y a vingt-trois ans, je l'ai réécrit. Je suis restée sur la même idée, mais le style a changé, les personnages ont pris une autre essence. On n'écrit pas la même chose à 30 ans et à 50 ans. »
Ce qui l'a motivée ? « J'avais envie de parler de mon métier, la viticulture. Et de transmission. » Transmission d'un patrimoine matériel, la vigne, le terroir ; transmission d'un patrimoine immatériel : les connaissances, le savoir-faire, l'amour du métier. « Transmettre, ça peut être un bonheur. Mais ça peut aussi être très lourd, pour celui qui transmet comme pour celui qui reçoit. »
Son livre, « Les Racines au cœur », évoque tout cela, l'enracinement dans un territoire, la passion ancrée dans le cœur des vignerons. Mais aussi les difficultés et les joies quotidiennes, les conflits intergénérationnels, des grands thèmes universaux dans lesquels chaque lecteur pourra se reconnaître.
Agnès a situé son histoire à Sologny même. Mais, prévient-elle en souriant, « inutile de chercher à reconnaître les lieux-dits ou les personnages ». Tout est issu de son imagination. Tout est fiction.
Sylvie Aymard, « Débarrassés du bonheur »
« Débarrassés du bonheur » est le cinquième roman de Sylvie Aymard. L'auteur a tenu à éclairer ce « titre oxymore », selon ses propres termes. « L'idée m'est venue en lisant une phrase de Jules Renard : “Je ne désire rien du passé. Je ne compte plus sur l'avenir. Le présent me suffit. Je suis un homme heureux, car j'ai renoncé au bonheur.” J'ai construit mon histoire autour de cette phrase. Le bonheur est extrêmement fragile, fugitif. Soit on passe à côté, soit on n'arrive pas à le faire durer. Mais on peut être heureux sans s'imposer le diktat du bonheur. »
C'est ce que vont essayer de faire les trois protagonistes de son roman, Servanne, la fille unique adulée par ses parents, Mundi, l'ami de la famille au passé sulfureux mais honorablement reconverti, Sandro le taiseux, l'insondable, le mystérieux, celui qui va faire basculer le destin.
« Je cherche l'essentiel dans les rapports humains », développe Sylvie. « Ce qui m'intéresse, ce sont les gens, leur parcours, la façon dont ils avancent, font des pas de côté. » Selon elle, la vie, mais aussi le bonheur, sont assujettis à trois paramètres : « Les rencontres, toxiques ou non, un minimum de chance, et une grande part de hasard. » A chacun de se débrouiller, de trouver sa voie pour s'émanciper, trouver sa liberté. « Mes livres parlent de cela. En fait, on écrit toujours le même livre. »
L'une et l'autre ont déjà les prémices de leur prochain opus. Affaire à suivre.
R. A.
Agnès Panay - « Les Racines au cœur », Editions de l'Armançon, septembre 2016.
Sylvie Aymard - « Débarrassés du bonheur », Grasset, octobre 2016
« C'est une occupation sans fin que d'être vivant », Grasset, 2013
« La Vie lente des hommes », Nadeau, 2010
« Du silence sur les mains », Nadeau, 2008
« Courir dans les bois sans désemparer », Nadeau, 2006
Séance de dédicaces après la rencontre
Sylvie Aymard (à gauche) et Agnès Panay
Les bénévoles de la bibliothèque de Sologny
Pour prolonger convivialement la rencontre, les bénévoles avaient préparé des douceurs
et ont offert le traditionnel pot de l’amitié.
Michelle Jugnet, maire de Sologny, était présente à la bibliothèque
Séance de dédicaces après la rencontre