Dans le cadre des Journées Européennes de l'Archéologie, le musée des Ursulines en partenariat avec le Cadran lunaire, avait invité ce samedi, Dimitri Tilloi d’Ambrosi, docteur et chercheur en histoire romaine pour une conférence sur « L’art de vivre à la romaine au temps de Néron », une première !
Un atelier d'initiation à l'archéologie dédié aux enfants était également programmé dans l'après-midi.
Pourquoi cette conférence sur la vie sous Néron ?
« En fait, pour plusieurs raisons. La raison pratique est que le dernier ouvrage que j'ai publié c'est 24 heures de la vie sous Néron, une collection lancée par les PUF. L'idée de la collection est de reconstituer, à la manière d'un documentaire fiction ce que pourrait être une journée type à telle période ; en l'occurrence là, sous Néron. Avec l'éditrice, on a choisi le règne de Néron parce que c'est un nom familier du grand public qui véhicule tous les excès, ceux du banquet, l'incendie, les orgies... Je trouvais que c'était une bonne porte d'entrée pour montrer certains clichés. C'est une période où le pouvoir se renforce peu à peu et devient plus monarchique. On a une vie de cour qui se développe de plus en plus.
L'objet de cette conférence était de comprendre ce qu'est l'art de vivre à la romaine et en même temps de déconstruire certains clichés liés au quotidien des romains, notamment sur la question des plaisirs. J'ai focalisé sur cette question en retraçant l'histoire de ces plaisirs pour montrer comment ils se sont introduits à Rome à la fin de l'époque républicaine, entre les deux conquêtes et l'enrichissement des élites. Ensuite, j'ai essayé de montrer quels étaient les principaux points sur lesquels reposaient ces plaisirs : les plaisirs du banquet, des divertissements, les bains du corps et les fêtes. Certes, il y avait un excès de plaisirs et en même temps un discours moralisateur pour les encadrer, pour éviter que les citoyens romains soient corrompus par ces plaisirs, une ambivalence. On parle souvent d'orgie romaine, en fait, la réalité est beaucoup plus nuancée et moins extravagante.
Le dernier point sur lequel je voulais insister c'est la question du corps tout à fait central parce que les romains ont un rapport au corps assez normé. Les thermes sont un lieu d'assemblées à la fois pour des questions d'hygiène mais aussi de sociabilité. Un lieu où l'on peut se rencontrer et un lieu de soins du corps correspondant au principe de la diététique. Cela permet de mettre en pratique un idéal : un mode de vie équilibré où la santé contribue à donner un corps pleinement disponible pour servir sa cité. L'idée est d'être maître de soi même, manger équilibré, d'être en bonne santé, d'être un bon citoyen soldat, en quelque sorte, pour la défense de la cité.
Le romain a développé un véritable art de vivre. Il savait tirer plaisir de la nourriture, des bons vins, des bains, de la nature mais en même temps il a un discours qui va poser des bornes, des normes par rapport à cet art de vivre. Pour les élites, c'est à la fois une vie au service de la cité romaine par les responsabilités politiques ou militaires et en même temps une vie faite de raffinement par l'éducation qu'on va posséder et par un style de vie. »
L'après-midi s'est poursuivi avec l'incontournable atelier des apprentis archéologues animé par le médiateur Maxime assisté de son « technicien de fouilles » Vincent.
« C'est un atelier pour expliquer aux enfants la stratigraphie du sol du plateau de la Baille (le plus ancien de Mâcon) et une initiation à l'archéologie d'un bac de fouilles. On couvre la période de la préhistoire à la fin de l'antiquité. L'objectif est de faire comprendre aux enfants qu'un chantier de fouilles se fait avec plusieurs personnes, c'est un travail d'équipes », a expliqué Maxime.
Un beau moment de découvertes et de convivialité pour le bonheur des archéologues en herbe.
M.A.
Photos © Maryse Amélineau