Pierre Chatagnier et Hervé Josserand sont deux passionnés. Ça s’entend dans leurs paroles. Depuis 16 ans, les deux amis, présentent régulièrement le principe de la pressée d’huile. En digne héritier de tout ce matériel, Pierre rembobine sur sa généalogie et son histoire.

C’est en 1860, que Jean Mazoyer, arrive de Trivy, afin d’ouvrir son huilerie au 71 Grande rue de la Coupée à Charnay. Puis au 77, par manque de place. À l’époque, la meule écrasant les graines de colza, ou les cerneaux de noix, était mue par un cheval. En 1912, la fée électricité fit son apparition, ce qui permit au cheval d’aller vivre des jours meilleurs. Puis, ce fut au tour de Joanny Mazoyer de prendre la place de son père jusqu’en 1919. Date à laquelle, Marcel, de retour de la grande guerre, reprit l’huilerie familiale avec son épouse Caroline. Les affaires sont florissantes, jusqu’au décès de Marcel en 1932. Veuve avec deux filles à élever, Caroline perpétue la tradition huilière. Pendant la seconde guerre mondiale, tout était bon à presser, et l’activité allait bon train. Aidée par deux employés et des voisins, Caroline ouvre même un dépôt-vente à Saint-Laurent-sur-Saône, et une épicerie attenante à l’huilerie.

Malheureusement, l’industrialisation et l’arachide firent leur apparition, et à partir de 1951, la famille Mazoyer ne pressait plus que deux à trois fois par semaine. L’huilerie fermera ses portes définitivement en 1974, mais l’épicerie quant à elle perdurera jusqu’en 1999.

Ne voulant pas se séparer de tout ce patrimoine familial, Pierre en accord avec la mairie de Charnay déplace le matériel au Domaine de Champgrenon. C’est ainsi que depuis près d’une quinzaine d’années, Pierre et son ami Hervé proposent aux spectateurs, et ce, plusieurs fois dans l’été, une pressée d’huile.

Place ensuite à la pressée. 16 kilos de noix décortiquées sont étalées sur la grosse pierre d’1.3 tonne. Puis la meule entre en action, pendant un bon quart d’heure, et écrase les cerneaux. Puis, la pâte obtenue est déposée dans un poêle à bois, préalablement mis en chauffe par les deux amis. Encore quinze minutes. Les fragrances et arômes envahissent alors l’huilerie, et les nombreux spectateurs apprécient cette saveur inhabituelle. L’étape finale arrive enfin, et la presse hydraulique transforme les 16 kilos de cerneaux en 8 litres d’huile, en une dizaine de minutes. Mise au repos pendant une dizaine de jours, l’huile sera ensuite filtrée, mise en bouteilles, et vendue lors de la prochaine journée du patrimoine du 17 septembre. Ce jour-là, deux pressées auront lieu à l’huilerie Mazoyer de Champgrenon. À découvrir pour les non-initiés.

Rémy Mathuriau