« Ils ont tué Jérôme Laronze… Ne les laissons pas enterrer l’affaire ! » C'est ce qu'est venue clamer la Confédération paysanne de Saône-et-Loire cet après-midi au cours d'une manifestation qui est partie de la cité administrative à 17h, passant par la préfecture et se terminant devant la gendarmerie de Mâcon, rue des Cordiers. 

 

Les raisons de la manifestation par la Confédération paysanne

Jérôme était éleveur de limousines en plein Charolais. Il défendait l’agriculture paysanne et remettait en cause les normes au service de l’agro-industrie. Les services de la DDPP se sont acharnés sur lui et pour finir, voulaient saisir son troupeau. Il a dû fuir et il a été abattu par un gendarme le 20 mai 2017.

Par décision du 28 février 2020, le Tribunal administratif de Dijon a annulé les contrôles administratifs survenus sur la ferme de Jérôme.

Par décision du 23 décembre 2024, la Défenseure des droits a considéré que les tirs mortels du gendarme (5 tirs en 7 secondes dont 3 tirs mortels) n’étaient ni absolument nécessaires, ni proportionnés, invalidant ainsi la thèse de la légitime-défense.

La Défenseure des droits a considéré qu’en n’engageant aucun geste pour secourir Jérôme Laronze, le tireur, mais également 4 autres gendarmes, ont manqué à leur obligation de porter secours.

La Défenseure des droits a donné deux mois au ministre de l’intérieur pour engager des poursuites contre les gendarmes mis en cause.

Aucune suite n’a été apportée à cette décision par Monsieur Retrailleau à ce jour.

Depuis plus de 8 ans, nous attendons que Justice soit rendue à Jérôme puisque la Vérité nous la connaissons, le Tribunal administratif mais également la Défenseure des droits l’ayant encore confirmée.

Nous sommes inquiets aussi parce que la juge d’instruction a demandé la destruction des scellés (ces objets comme l’arme du crime, les douilles... - même celles retrouvées 5 ans après les faits à un endroit qui contredit la position annoncée du gendarme tireur). La famille a fait appel et le jugement aura lieu le 13 novembre, mais sans qu’il soit possible pour les parties civiles d’y assister, ce qui est scandaleux.

Manifestement, la Justice a peur et ne veut pas déplaire à l’institution avec laquelle elle travaille quotidiennement !

Dans cette terrible affaire, tous les services de l’État ont été défaillants : 

- La DDPP qui harcelait Jérôme parce qu’il dénonçait le deux poids deux mesures dans l’application de la loi entre les paysans et la puissante agro-industrie, et dont les contrôles ont été invalidés par le tribunal administratif.

- La gendarmerie qui a tué un paysan parce qu’il n’avait pas mis assez vite des boucles d’oreilles à ses veaux, qui ne lui a pas porté secours quand il agonisait et qui, au plus haut niveau, n’a pas ordonné d’enquête interne sur cette affaire.

- Et enfin la justice, qui, plus de huit ans après les faits, n’a toujours pas ordonné de procès et souhaite détruire les preuves de ce drame, plutôt que de juger les coupables.

Il est temps que la Justice passe.

Ils ont tué Jérôme Laronze, ne les laissons pas enterrer l’affaire !

 

 

Nicolas Maillet, porte-parole de la Confédération paysanne 71, devant la préfecture : « L'affaire Jérôme Laronze, c'est avant tout le parcours d'un homme, éleveur de bovins à Trivy, anciennement porte-parole de la Confédération paysanne de Saône-et-Loire. Jérôme était charismatique, libre, la parole facile, sa critique du monde agricole industriel était virulente, précises et juste.

Il osait critiquer l'administration agricole du département, il remettait en cause un système agricole industriel bien en place. Malheur à lui ! On ne critique pas le système. En Saône-et-Loire, le paysan, la paysanne travaille, paye ses cotisations, reste dans le rang et ne l'ouvre pas.  

En 2014, la non-déclaration à temps de la naissance de quelques veaux marqua le début d'un harcèlement administratif d'une violence caractérisée. La DDPP ne le lâchera plus. 

(...)

le 11 mai 2017 fut le contrôle de trop. La DDPP et les gendarmes viennent faire un inventaire en vue d'une saisie administrative des animaux. Jérôme s'enfuit et devient fugitif pendant 9 jours avant d'être abattu par un gendarme.

En 2024, la Défenseure des droits remet un rapport à la famille qui fait état d'irrégularités. (...)

Ce rapport officialise ce que la famille et la confédération paysanne dénoncent depuis des années : la responsabilité des forces de l'ordre dans la mort de Jérôme Laronze.

(...)

Le 13 novembre se tiendra une audience pour statuer sur la destruction des scellées, preuves du crime, sans que les avocats des parties civiles puissent y assister. Le risque de classement sans suite est réel. (...) Cela veut qu'en France en 2025, le porte-parole d'un syndicat minoritaire peut être abattu par un gendarme en toute impunité. Cela veut dire qu'en France en 2025, un simple paysan du Charolais ne mérite pas justice. C'est inacceptable. La justice doit rendre des comptes. »

 

© Photos Rodolphe Bretin

La Ligue des Droits de l'Homme a fait valoir les articles 9 (Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi) et 15 (La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration) de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen.

Présente également, l'association Justice et vérité pour Jérôme Laronze

Les manifestant.es mettent des douilles (pièces à conviction) dans la boite aux lettres de la gendarmerie

Marie-Pierre, soeur de Jérôme, avocate a dénoncé une justice qui a honte, qui se cache. « Les douilles manquaient. Nous savions où elles étaient mais la justice ne voulait pas l'entendre. En 2023, la juge a envoyé une nouvelle équipe, qui a trouvé les douilles précisément là où nous avions dit qu'elles étaient, preuve de la position du gendarme qui tire et de celle de Jérôme, qui ne leurs fonçait pas dessus, contrairement à ce qu'ils ont prétendu. Nous avons besoin d'une justice forte, courageuse, qui doit déplaire au corps de gendarmes. Mais je ne la vois pas. »