C'est le message qu'a fait passer en substance Marine Seckler, gérante de la Ferme du Mont Rouge à Blanot, dans le Clunisois, présidente des Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire, aux élu.e.s de la Région venu.e.s lui rendre visite lundi après-midi.
Une visite motivée notamment par une subvention accordée pour l'achat d'un appareil frigorifique qui lui sert à faire des livraisons. Mais pas seulement bien entendu. Pour Jérôme Durain et Laëtitia Martinez, c'était aussi l'occasion de rencontrer une jeune agricultrice qui a fait un choix professionnel courageux il y a 10 ans : débarquée seule d'Alsace, d'où elle est originaire, avec seulement quelques euros en poche pour ouvrir sa ferme à Blanot et faire de la vente directe. 10 ans après, la ferme du Mont rouge est en pleine croissance, développement qu'elle assure désormais avec son conjoint Benoît Corsin. Ils ont deux enfants de 4 ans et 4 mois.
La vente directe, c'était un doux rêve, qui tient encore. Mais quel travail ! Et la sécheresse na facilite pas la vie. Pour viabiliser leur entreprise, Marine et Benoît sont polyvalents. « Seule, ce n'était pas tenable » concède l'agricultrice. S'occuper des animaux, produire, vendre, gérer... des tâches qu'ils combinent pour faire tourner une ferme qui compte 45 vaches charolaises et d'Aubrac, 150 brebis et 200 poules pondeuses.
Si le covid a eu la vertu de faire revenir les gens au local, la tendance semble s’essouffler : « On constate une baisse de la fréquentation sur les points de vente directe et sur les marchés. On sent même un retour en arrière » indique-t-elle. « On a pris les devant en diversifiant les débouchés. Nous allons assurer une vente au Super U de Prissé, à l'intérieur du magasin. Je vend aussi aux restaurateurs du Mâconnais et dans toute la France aux particuliers via le site internet. »
Pour dépasser les limites liées à la vente directe (chronophage et donc à la rentabilité limitée ; moins de suivi technique de la part des institutions), le couple fermier planche sur un atelier de découpe du porc qu'il devrait installer prochainement sur 100 m2, qui leur permettra de proposer de la charcuterie. Puis, dans un second temps, sur un centre d'emballage des œufs pour pouvoir diversifier la vente, qui se fait aujourd'hui essentiellement aux particuliers et à trois AMAP (association pour le maintien de l'agriculture paysanne).
Quoi qu'il en soit, le modèle de la ferme diversifié à l'ancienne semble en voie de disparition. « Si on veut vivre de son métier correctement, on n'a pas trop le choix, il faut se développer en diversifiant. Mais il faut avoir la capacité financière d'embaucher et trouver la ou les bonnes personnes, ce qui n'est absolument pas évident. Nous sommes à cette étape délicate, qui demande investissements, temps et accompagnement. »
Message reçu 5/5 par les élus de la Région Jérôme Durain et Laëtitia Martinez, comme par les élus de la communauté de communes participants à cette visite, Jean-Luc Fonteray et Elisabeth Lémonon. Présence également du maire de Blanot Jean-François Farenc.
Marine Seckler a tracé les voies qui permettraient aux agriculteurs de se développer rapidement : la mutualisation à travers des outils collectifs structurés avec salariés tel que Melting popote, la simplification administrative et, surtout, le développement de la restauration collective. Elle évoquait également le maintien des abattoirs de proximité.
Rodolphe Bretin
La Région en soutien
L’exploitation a bénéficié en mars 2022 du soutien de la Région pour ses investissements favorisant la commercialisation en vente directe des productions régionales. Il a pour objet d’accompagner le développement d’outils de commercialisation et de distribution alimentaire de proximité, afin de favoriser la consommation de produits agricoles régionaux sur le territoire de Bourgogne-Franche-Comté.
Soutien de 27931 € sur un investissement de 46386 €
Objet : Equipement d'un point de vente directe à la ferme et acquisition d'un véhicule équipé d'un caisson frigorifique pour participer à des salons et marchés mais aussi approvisionner des restaurants, cantines et épiceries
Données sur le dispositif - Action 56 du Programme d’accélération de l’investissement régional
Niveau Régional : 5,3 M€ affectés pour 228 dossiers acceptés (moyenne de 23 245 € par dossier)
En Saône et Loire - année 2021 au 1/06/2022 : 31 dossiers acceptés, 825 000 € de subventions votées pour un montant moyen de 26 615 €.
Subvention d’investissement pour l’ensemble des équipements liées à la commercialisation/ conservation des produits (armoires, chambre froide, vitrines,) au transport (Véhicules réfrigérés), au marketing (site de vente en ligne, logiciels e-commerce)
Le taux d'intervention de la Région est de 60 % de la dépense subventionnable. |
© Photos Rodolphe Bretin
L’ensemble de l’exploitation est en bio
et la production est écoulée quasi totalement en vente directe
Un peu de vin aussi