Dans la nuit de samedi à dimanche, JD se rend dans un pub de la rue Franche. Il est près d’une heure du matin quand, lors d’une altercation, il prend un coup à la tête qui le blesse. Victime, il appelle la police, qui se rend sur les lieux. Et tout bascule...
Alors que les policiers veulent l’écarter des lieux, il les menace de mort - « la prochaine fois je vous fume ! » - ou encore « tu vas cramer », « je vais vous mettre la race »… Par dessus le marché, il les insulte « fils de pute », ou encore « je vais baiser ta femme ». « Vous étiez en forme… » lui dira la juge cet après-midi au cours de sa comparution devant le tribunal correctionnel.
« J’étais victime, je les ai appelés et ils m’ont demandé de partir, ils m’ont écarté jusqu’à la préfecture. Je ne voulais pas partir moi, je voulais être traité comme une victime voilà tout. Blessé et sous le choc de ce qu’ils me demandaient, oui, j’ai pété les plombs. C’était pas juste, vous comprenez. »
JD était aussi alcoolisé et a refusé de se soumettre au test d’alcoolémie avant de s’y soumettre le matin vers 8h00 après avoir été vu par un médecin à l’hôpital - qu’il insultait aussi - et finir la nuit en cellule de dégrisement au commissariat. Taux à 8h00, soit 7h après son appel à la police : 0,5 g.
Après la cellule de dégrisement, c’est la garde à vue qui l’attendait. « Agressé, je deviens agresseur » a-t’il reconnu devant les policiers.
Victime dans un premier temps, il se retrouvait donc devant le tribunal cet après-midi pour répondre des chefs de menace de mort, rébellion en récidive et outrage à personnes dépositaires de l’autorité publique, refus de se soumettre au test d’alcoolémie.
Son casier ne plaide pas en sa faveur… 9 condamnations ! La première en 2013 pour outrage, déjà. Quatre des neufs condamnations ont été prononcées pour des outrages. Il a connu le bracelet électronique et la prison. Mais il a pour lui des efforts notables pour se remettre dans le droit chemin. « Il sortait de prison le 19 novembre 2022, il trouve du travail le 23 » plaide son avocat maître Pierre Delarras. « C’est plutôt rare de voir ça » dit-il à la juge pour contester la procureure qui requérait le mandat de dépôt et 10 mois d’emprisonnement. « Pour le ministère public que je représente, c’est zéro tolérance à l’égard des individus qui se permettent d’outrager les forces de l’ordre. »
Le fait qu’il soit victime au départ et qu’il appelle lui-même la police, le fait qu'il travaille, ainsi que le fait d’avoir un logement lui permettront d’obtenir la clémence du tribunal, qui le reconnait coupable de tout ce qui lui est reproché mais lui épargne l’incarcération. JD est condamné à 10 mois de prison et révocation du sursis probatoire de 2 mois. Pas de mandat de dépôt. Il est donc à nouveau soumis au bracelet électronique. À la moindre incartade, direction la prison. En outre, il est condamné à une obligation de soin, de travail et a interdiction de fréquenter les débits de boisson.
« À vous de jouer » conclut la juge.
À noter que trois policiers sont parties civiles et obtiendront réparation au cours d’une prochaine audience en avril.
Rodolphe Bretin