mercredi 9 octobre 2024

Les communes Pierreclos, Matour et Tramayes engagent une étude de faisabilité sur l’implantation d’éoliennes. Dans une salle des fêtes bondée et dans une ambiance souvent tendue, les partenaires ont présenté leur projet hier soir à Pierreclos.

(Actualisé : Avec la carte du zonage)

 

Les élus ont parfois à se plaindre d’un manque de participation des citoyens aux réunions publiques. Ce ne fut pas le cas hier soir, les 300 chaises de la salle des fêtes ont trouvé preneur et il y avait même des gens debout… Les éoliennes brassent des sentiments contrastés dans la population mais les opposants ont été largement plus bruyants.

Dans un premier temps, Olivier Pereyron, chargé de mission du SYDESL a rappelé le contexte : le dérèglement climatique, la dépendance aux énergies fossiles et le besoin de s’engager dans les énergies renouvelables, domaine où la Saône-et-Loire n’est pas très en avance (seulement 6 %), hormis pour le bois.

Un partenaire en difficulté financière

Grâce à la loi APER (accélération de la production d’énergies renouvelables), les collectivités territoriales peuvent identifier des zones dites d’accélération pour l’installation d’énergies renouvelables. C’est de cette opportunité que se sont saisies les communes concernées. Pour ce faire, elles se sont rapprochées de différents partenaires : la société d’économie mixte Saône-et-Loire Energies Renouvelable (SEM SELER), Énergie Partagée (mouvement qui fédère et finance les projets citoyens de production d’énergie renouvelable). Elles ont enfin choisi un acteur des énergies renouvelables, BayWa.r.e., pour les accompagner. Et c’est là le premier hic, l’entreprise allemande est en très grandes difficultés financières. En attendant de connaître son sort (restructuration ? rachat ?), le maire de Matour, Thierry Igonnet, a rappelé qu’à chaque étape du projet, le choix du partenaire pouvait être redéfini.

Les élus ont tenté de rassurer sur le fonctionnement du collégial du projet. Il ne s’agit d’une démarche imposée de l’extérieur mais bien une démarche portée localement les communes qui ont assuré par ailleurs qu’elles étaient ouvertes à ce que d’autres les rejoignent en cours de projet. « Rien n’est décidé, tout est à l’état d’étude », insistent les élus des trois communes. 

14 éoliennes au maximum

Dans l’attente du résultat des études de faisabilité, qui dureront jusqu’en 2026 et dont le coût n’est pas supporté par les communes mais par le SYDESL et BayWa.re, quatre zones d’implantation ont été pré-retenues : Matour Ouest, Matour Est, Pierre Clos et Tramayes. Elles pourraient recevoir respectivement 5, 4, 4 et 1 éolienne au maximum. « Mais ça peut être moins ou zéro selon les résultats de l’étude », précise Morgane Caromel, responsable développement éolien de BayWa.r.e.

Les propriétaires concernés ont tous été contactés « et certains nous ont déjà dit non » précise Thiery Igonnet.

Ces zones sont essentiellement boisées. Il a été précisé que la surface de défrichement serait de 1 à 1,5 ha par éolienne, plus un périmètre de sécurité imposé par le SDIS. Une distance suffisante sera maintenue entre les arbres les plus hauts et le bas des pales pour ne pas nuire à la faune.

La majorité du public n’a pas été convaincue par cette présentation. Les participants ont partagé leurs inquiétudes, parfois avec véhémence, sur la biodiversité les zones sont en partie classées Natura 2000 et forment un corridor écologique majeur notamment sur les crêtes, la préservation des paysages, du patrimoine historique et des risques de chute de la valeur immobilière pour les maisons situées dans le périmètre. (La distance minimale entre une éolienne et une habitation étant de 500 m)

Les spécialistes ont tenté de lever les doutes en partageant des résultats d’études notamment sur le nombre de volatiles tués par les éoliennes (7/an/éolienne) ou encore le prix de l’immobilier. Des résultats d’études qui ont été mis en doute par une partie du public. Autre crainte, le financement du démontage (400 000 € par unité). Il est légalement à la charge de la société qui exploite. Si celle entre-temps venait à disparaître, des mécanismes sont en place et dans le pire des cas, cette charge retomberait sur l’État. D’autre part, le recyclage des éoliennes est aujourd’hui assuré à 95 % a expliqué Kilian Alvarez, chef de projet chez BayWa.re.

Une électricité consommée localement

L’autre enjeu de ce projet est économique. Thierry Igonnet a rappelé que ce qui a incité les élus à se lancer dans le projet était la hausse du coût des énergies fossiles et les difficultés des citoyens à payer leur facture. La volonté est de revendre cette électricité produite en locale a coût modéré. « On veut que ces électrons verts se retrouvent chez l’habitant, on veut ouvrir de solutions de vente à des tarifs intéressants », justifie Michel Maya, maire de Tramayes.

Au cours de cette soirée tendue, les partenaires ont toutefois reçu quelques soutiens notamment d’associations locales qui travaillent sur la transition écologique (APERL et POTES) et qui considèrent les éoliennes indispensables dans la composition du mix énergétique.

Et le maire de Pierreclos Rémy Martinot de conclure « ce projet ne se fera pas sans demander l’avis de la population, c’est le projet de tous. » Comme une invitation à ne pas le tuer dans l’œuf, avant même les résultats de l’étude de faisabilité.

En fin de réunion, de nombreuses personnes se sont ainsi engagées à faire partie du groupe de suivi de ce projet. 

Prochaines réunions publiques : le 19 septembre à Matour et le 24 septembre à Tramayes.

DB

Vous pouvez déjà accéder au page projet créée par les collectivités aux liens suivants :

 

 

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