L’école de Charbonnières a traversé au fil des décennies des moments charnières qui ont forgé son identité et sa place dans la vie du village. A la rentrée 1975, son avenir semblait pourtant scellé : seuls six élèves étaient inscrits, et l’institutrice en poste partait à la retraite. La fermeture paraissait inéluctable. C’était sans compter sur la détermination du maire de l’époque, Monsieur Roger Berthoux, et de son équipe municipale, qui se sont battus avec conviction pour inverser le cours des choses.
Avec le soutien des services académiques, ils ont décidé d’accueillir les enfants dès l’âge de 4 ans au lieu de 5. Ils ont également mobilisé les familles : certains grands-parents ont accepté d’accueillir leurs petits-enfants en pension, parfois toute l’année, pour renforcer les effectifs. Une nouvelle institutrice a pu être nommée et, le jour de la rentrée, l’inspecteur de circonscription a confirmé le maintien de l’école. L’établissement était sauvé.
Quelques années plus tard, face à une hausse des effectifs (près de 30 élèves en 1981), la commune, sous la mandature de Mr Henri Jullin maire et de son conseil municipal, a lancé la construction d’une nouvelle école. En 1983, une dynamique intercommunale se met en place avec la création du Regroupement Pédagogique Intercommunal (RPI) entre Charbonnières, Sennecé-les Mâcon et Saint-Jean-le-Priche. Cette organisation a permis d’offrir aux enfants de meilleures conditions d’enseignement grâce à une répartition par niveaux sur six classes, un ramassage scolaire, des services de restauration dans les trois communes et une garderie à Sennecé.
En 1984, 40 enfants de Charbonnières fréquentaient l’école. Depuis, le RPI a fait la preuve de son efficacité et de son équilibre, satisfaisant pleinement les familles, les enseignants et les collectivités concernées.
Mais aujourd’hui, c’est avec une immense déception que nous constatons une rupture brutale : sans concertation, sans débat public, l’actuelle équipe municipale a choisi de se retirer du RPI et de fermer purement et simplement l’école du village. Ce choix met un terme à des décennies d’efforts collectifs pour construire et préserver un lieu d’apprentissage et de vie essentiel à l’identité communale. Une décision prise d’un revers de main, balayant des années de mobilisation, d’innovation, et de solidarité intergénérationnelle.
Ce vendredi soir, l’école a fermé ses portes pour la dernière fois. Une journée marquée par la nostalgie, l’incompréhension, et un profond sentiment d’abandon pour une partie de la population.