Communiqué du BIVB
Les vins de Bourgogne composent avec un contexte mondial sous pression
Les vins de Bourgogne tirent leur épingle du jeu dans un contexte économique international instable et malgré un tassement de la consommation mondiale de vin.
Après deux généreux millésimes (2022 et 2023) et une campagne 2024-2025 marquée par une récolte 2024 sensiblement plus faible, les disponibilités des vins de Bourgogne permettront de satisfaire la demande malgré des signes de ralentissement. Les marchés à l’export restent dynamiques et de nouvelles opportunités sont à développer.
Dans le détail :
- La récolte 2024, légèrement au-dessus d’1,2 million d’hectolitres – soit plus de 161,4 millions de bouteilles – se classe comme la deuxième plus faible des 15 dernières années, juste devant celle de 2021 (1 million d’hectolitres). Elle succède à deux millésimes généreux, dont l’historique 2023.
- À l’export, la Bourgogne se distingue comme l’un des vignobles français les plus dynamiques. Les ventes progressent de + 5,6 % en volume et + 2,7 % en valeur (7 mois 2025 / 7 mois 2024).
- En grande distribution française, les vins de Bourgogne demeurent bien orientés : + 0,7 % en volume et + 0,4 % en chiffre d’affaires (8 mois 2025 / 8 mois 2024).
Une campagne 2024-2025 qui a composé avec le millésime 2023
Après deux campagnes particulièrement dynamiques (2022-2023 et 2023-2024), la tendance a ralenti en 2024-2025. Cette dernière a été marquée, à la fois par un millésime 2024 au volume réduit (un peu plus d’1,2 million d’hl), et par un contexte économique incertain (tensions commerciales internationales, ralentissement de la consommation mondiale de vin).
Logiquement, quand un nouveau millésime arrive en faible quantité, les sorties de propriété en bouteille prennent en partie le relais. Elles affichent donc un bilan positif : + 2 % en volume / Camp. 2023-2024, pour un volume de près de 620 000 hl (46 % des sorties de la campagne).
Logiquement, les sorties de propriété en « raisin & moût » du millésime 2024 se calquent sur la baisse de récolte : - 36,6 % en volume (Camp 2024-2025/Camp 2023-2024), pour 29 % des volumes de la campagne 2024-2025.
Des stocks en hausse par rapport à la moyenne quinquennale
Si, contrairement à la campagne 2023-2024, marquée par une récolte généreuse, la campagne 2024-2025 se traduit par une baisse des stocks à la propriété de - 14,8 % sur un an (juillet 2025 / 2024). Ils restent supérieurs à la moyenne quinquennale : + 5,9 %. Cette réserve pourra atténuer les futures variations de production, en particulier l’arrivée d’un millésime 2025 inférieur à la moyenne.
En y ajoutant les volumes détenus par le négoce, le stock global de Bourgogne affiche une hausse de + 6,1 % à fin juillet 2025, comparé à la moyenne des 5 dernières campagnes.
Des transactions ralenties par le petit volume 2024
La chute des volumes de transaction (vrac) s’explique également largement par la faiblesse de la récolte 2024, l’une des plus modestes de ces 15 dernières années. Ainsi, sur la campagne 2024-2025, les transactions atteignent 730 000 hl, dont seulement 77 % en millésime 2024 - le plus faible taux observé depuis 15 ans.
Particularité de cette campagne : les transactions sur le millésime de l’année précédente (2023) ont connu un niveau record sur dix ans, représentant 40 % du total.
Deux facteurs l’expliquent : la recherche de vins pour compenser les pertes de la récolte 2024 et la libération du VCI 2023, particulièrement conséquent dans certaines AOC.
• 44 % des transactions sur le 2023 concernaient des AOC de Chablis
• 15 % concernaient des AOC Mâcon
• 13 % concernaient des AOC Bourgogne
• 4 % concernaient de l’AOC Bourgogne Aligoté
La campagne 2025-2026 s’ouvre donc sur une double perspective :
- le potentiel de récolte 2025 apparaît inférieur à la moyenne
- le stock global de vins de Bourgogne reste supérieur de + 5,3 % par rapport à la moyenne quinquennale, même s’il baisse de 9,8 % au 1er août 2025 / 1er août 2024.
France : les vins de Bourgogne face à peu d’évolutions du pouvoir d’achat
Les vins de Bourgogne, comme l’ensemble des vins français, doivent composer avec une consommation intérieure en baisse. Cependant, une partie de leur clientèle appartient aux catégories sociales qui conservent encore une légère marge de pouvoir d’achat.
La grande distribution dynamisée par les marques et marques de distributeurs
Dans un contexte général de ralentissement, notamment sur les segments d’entrée de gamme, les vins de Bourgogne parviennent à maintenir une légère croissance portée par les catégories sociales plus aisées, dont le pouvoir d’achat progresse légèrement : + 0,7 % en volume et + 0,4 % en chiffre d’affaires (catégorie vin tranquille, 8 mois 2025 / 8 mois 2024).
Ces progressions sont liées aux :
- Marques (46 % des achats en volume) : + 3,2 % en volume et + 1,9 % en chiffre d’affaires (cumul 8 mois 2025 / cumul 8 mois 2024).
- Marques de distributeur (MDD - 39 % des achats en volume) : + 2 % en volume et + 2,6 % en chiffre d’affaires (cumul 8 mois 2025 / cumul 8 mois 2024).
Il est à noter que les gains en volume de ces deux catégories de vins sont réalisés par des volumes achetés en-dessous du prix moyen d’achat des vins de Bourgogne de ce circuit : 72 % des gains en volume pour les MDD et 75 % des gains pour les marques.
Les AOC de Bourgogne les plus présentes en Grande Distribution et qui progressent encore le font essentiellement grâce à ces deux types de marques :
- L’AOC Bourgogne en blanc (54 % des achats en MDD) gagne au global plus de 128 000 bouteilles (+ 7,4 %, 8 mois 2025 / 8 mois 2024) pour plus de 15,7 millions d’euros de chiffre d’affaires
- L’AOC Chablis (avec 44 % des achats en MDD, soit + 13,3 % en volume / 8 mois 2024) gagne au global près de 15 000 bouteilles sur les 8 mois 2025 (+ 1,2 % en volume global / 8 mois 2024) pour plus de 17,3 millions d’euros de chiffre d’affaires,
- L’AOC Petit Chablis (avec 35 % des achats en MDD) gagne au global plus de 142 000 bouteilles sur les 8 mois 2025 (+ 14,8 % / 8 mois 2024) pour presque 13 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Les ventes de Crémant de Bourgogne, pour leur part, affichent encore de jolies croissances : + 3,7 % en volume d’achats et + 4,6 % en chiffre d’affaires (6 janvier 2025 au 17 août 2025 / 8 janvier 2024 au 18 août 2024).
Les ventes de Crémant de Bourgogne en MDD (38 % des volumes) connaissent également de belles évolutions : + 4,62 % en volume et + 4,61 % en chiffre d’affaires (8 mois 2025 / 8 mois 2024).
Export : une croissance malgré les tensions
L’année 2025 a très bien démarré pour les vins de Bourgogne, puisque le cumul en volume exporté des 3 premiers mois 2025 a battu le record des 15 dernières années (22 millions de bouteilles). Le second trimestre reste positif, mais dans une moindre mesure par rapport au 1er trimestre.
Pour la période des 7 premiers mois 2025, les vins de Bourgogne ont exporté plus de 57 millions de bouteilles (+ 5,6 %, 7 mois 2025 / 7 mois 2024), pour un chiffre d’affaires jamais atteint en 7 mois : 951 millions d’euros (+ 2,7 %, 7 mois 2025 / 7 mois 2024). Le Canada porte particulièrement cette réussite.
Sur la même période, les volumes de vins français d’AOC exportés baissent pour la 4ème année consécutive : - 1,5 % / 7 mois 2024 (- 7,7 % / moyenne quinquennale). Le chiffre d’affaires des AOC françaises, quant à lui, retrouve des couleurs : + 1,3 % (7 mois 2025 / 7 mois 2024) et + 5,7 % / moyenne quinquennale.
La progression des vins de Bourgogne est portée par quelques groupes d’appellations :
• AOC Bourgogne en blanc : + 7,2 % en volume / 7 mois 2027 (11,7 millions de bouteilles). Cette croissance est installée sur le long terme : + 13,2 % (7 mois 2024 / moyenne quinquennale). Le chiffre d’affaires bénéficie de la montée en gamme, notamment via la gamme des Bourgogne plus dénomination géographique (Bourgogne Côte d’Or, Bourgogne Côte Chalonnaise, Bourgogne Tonnerre…) : + 6,6 % en valeur / 7 mois 2024.
• Les AOC de Chablis : + 9,5 % en volume / 7 mois 2024 (13,9 millions de bouteilles) pour un chiffre d’affaires de plus de 146 millions d’euros sur la période (+ 7,7 % / 7 mois 2024).
• AOC Mâcon en blanc : + 10 % en volume / 7 mois 2024 (5,4 millions de bouteilles). Le chiffre d’affaires bénéficie de la montée en gamme, notamment à travers les Mâcon plus dénomination géographique : + 2,4 % en valeur / 7 mois 2024.
• Crémant de Bourgogne : + 9,5 % en volume (6,7 millions de bouteilles) avec un chiffre d’affaires de 39,9 millions d’euros.
Des marchés bousculés mais qui restent porteurs
Les principaux marchés de la Bourgogne forment depuis une dizaine d’années un groupe fidèle, le « Club des 5 » : États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Japon et Belgique. Ces destinations absorbent en moyenne presque 62 % des volumes exportés de vins de Bourgogne pour près de 60 % du chiffre d‘affaires (de 2015 à 2024).
Sur les 7 premiers mois 2025, si les 3 principaux pays conservent leurs places, les cartes sont rebattues : la Suède, entrée dans ce Club début 2024, accède à la 4ème place, alors que le Japon en sort, au profit de la Belgique qui fait son retour.
Les Etats-Unis, 1ère destination export des vins de Bourgogne (22,1 % en volume et 22,4 % en valeur en 2024), sont aussi le 1er pays consommateur de vin dans le monde (16 % de la consommation mondiale selon OIV 2024).
Depuis plusieurs années, selon les gouvernements, les évolutions incessantes des conditions d’accès au marché, notamment en matière tarifaire, perturbent fortement la stabilité et les perspectives de développement :
- Le gouvernement Trump a appliqué en octobre 2019 une taxe douanière de 25 %. L’impact a été important pour les vins de Bourgogne : - 16 % en volume (cumul 12 mois octobre 2019 à septembre 2020 / cumul à n -1). Au même moment, les exportations de vins de Bourgogne (hors États-Unis) ont évolué de + 1 % en volume.
- La suspension de cette taxe en mars 2021 par le gouvernement Biden a fait bondir les exportations des vins de Bourgogne de + 83,8 % en quelques mois (cumul 3 mois avril à juin 2021 / cumul 3 mois janvier à mars 2020).
- Le retour du gouvernent Trump en janvier 2025 a ramené le risque de surtaxes douanières pour les vins.
Jusqu’à juillet 2025, pendant les négociations, les exportations de vins de Bourgogne vers les USA ont été plus soutenues que vers les autres pays : + 22,5 % pour les USA et + 18,8 % pour les autres destinations (cumul 3 mois à juillet 2025 / cumul 3 mois à mars 2025).
Dès août 2025, l’application de la nouvelle taxe de 15 % semble déjà impacter les échanges. Les prochains mois seront à observer attentivement, car les effets du nouveau régime tarifaire, conjugué aux variations de change, seront connus en termes de prix au consommateur final et de comportements d’achat.
Le Royaume-Uni, 2ème pays export des vins de Bourgogne (14 % en volume et 15,3 % en valeur en 2024), est aussi le cinquième pays consommateur de vin dans le monde (6 % de la consommation mondiale selon OIV 2024).
- Les AOC de Chablis ont toujours été les plus exportées dans ce pays. En 2024, elles représentent encore 13,4 % des exportations en volumes (41 % en 2007), soit 4 millions de bouteilles. Depuis 2008, le développement des exportations directes vers les États-Unis, Canada, Suède, Danemark et Australie a largement compensé la baisse des exportations vers le Royaume-Uni.
- L’AOC Bourgogne, en blanc comme en rouge, exporte moitié moins de bouteilles en 2024 par rapport à 2007. Le développement des 5 principaux marchés de ces vins (USA, Canada, Japon, Chine et Suède) a permis une croissance constante jusqu’à aujourd’hui.
- L’AOC Mâcon, en blanc comme en rouge, a largement compensé ses pertes au Royaume-Uni par sa croissance en volume dans 3 pays en particulier : États-Unis, Belgique et Suède.
Dans ce contexte incertain, les opérateurs de Bourgogne cherchent de plus en plus à diversifier leurs débouchés et certains marchés présentent des tendances intéressantes.
Même s’il faut un peu de temps pour développer ces destinations, elles offrent des relais de croissance intéressants pour les années à venir.
Vendanges 2025 : une saison exceptionnelle en Bourgogne
Soulagés et rassurés malgré des volumes un peu décevants, selon les secteurs. Après une année plutôt sereine et des vendanges chahutées par les pluies, les bourguignons se réjouissent de la qualité des jus rentrés en cave. Le bémol vient, une nouvelle fois, des volumes.
En 2025, il a fallu être agile jusqu’aux derniers coups de sécateurs ! Démarrer la récolte le 18 août, désormais, on sait faire. Mais des vendanges quasiment coupées en deux par la météo... c’est plus inhabituel. Heureusement, la qualité est au rendez-vous, même s’il y a des écarts de volumes. Les vinifications se passent bien, et les mots « charmeur », « gourmandise » et « élégance » raisonnent dans les cuveries.
Une saison qui démarre sous les meilleurs auspices
Après un hiver sans excès, la vigne sort assez rapidement de son sommeil. Mars joue l’équilibriste entre douceur et froid. Dès les premiers jours d’avril, les bourgeons pointent dans les secteurs les plus précoces. Portée par des températures bien au-dessus des normales, la vigne se réveille franchement : le débourrement s’emballe.
Pourtant, la date moyenne du stade mi-débourrement se situe au 8 avril, dans la moyenne des 31 dernières années, avec quelques disparités.
Un tournant majeur vers un millésime précoce
Mi-avril, la saison végétative est lancée ! Profitant d’une atmosphère quasi estivale et de pluies bienvenues, la vigne se développe à un rythme non négligeable, alors que l’ébourgeonnage commence rapidement. Cette belle cadence se poursuit jusqu’à la canicule de juin, malgré une légère chute des températures à partir de la seconde semaine de mai. Mi-mai, les inflorescences sont bien visibles avec cette croissance express. On constate dès lors que 2025 est l’un des millésimes les plus précoces.
Une floraison en deux teintes
Dès le 26 mai, les toutes premières fleurs sont observées. Le maintien de températures élevées au cours du week-end de l’Ascension (29-31 mai) entraîne une floraison explosive dans les secteurs les plus avancés et son démarrage dans les secteurs plus tardifs.
Dans ces derniers, la floraison se déroule avec de l’humidité voire de la pluie, ce qui engendre coulure et millerandage. Le potentiel du volume de récolte est, par endroit, déjà diminué. C’est particulièrement le cas dans le sud Mâconnais, où la floraison est également perturbée par un orage de grêle le 1er juin. Ces conditions favorisent par ailleurs des foyers de maladies qu’il faudra contenir.
2 épisodes caniculaires favorables à la maturité mais qui impactent le rendement
Deux épisodes caniculaires touchent la France et la Bourgogne pendant l’été : d’abord la 2ème quinzaine de juin, puis entre le 8 et le 18 août. Les températures atteignent des maximales très élevées, rarement enregistrées par le passé : 35,8°C le 22 juin dans la Côte Chalonnaise, 34,2°C dans le Mâconnais, 38°C en Côte-d'Or. On flirte plusieurs fois dans l’été avec les 40°C.
La vigne, plante qui aime la chaleur, en profite allègrement et le cycle se poursuit à un rythme soutenu. En revanche, cela impacte les futurs volumes : les peaux épaississent, la taille des baies reste petite et elles perdent de la pulpe.
Ces fortes chaleurs entraînent une instabilité météorologique avec des orages violents, très localisés et parfois accompagnés de grêle. Ces pluies sont salvatrices pour les plants de vigne et nécessaires pour maintenir une bonne dynamique de développement des baies. Sur les secteurs qui n'auront pas de pluie, les vignes sont en stress hydrique.
Deux millésimes en un
2025 est une année précoce, comme il y en a désormais presque tous les deux ou trois ans. Les premiers vendangeurs arrivent sur les parcelles pour entamer la récolte des raisins pour l’élaboration du Crémant de Bourgogne dès le 18 août. Et les premières parcelles de vins tranquilles suivent quelques jours après.
Au même moment, une goutte froide arrive sur l'hexagone et met fin aux fortes chaleurs. De nouvelles pluies importantes, notamment dans le nord de la région, apportent une eau salvatrice aux vignes restées en stress hydrique.
Les vendanges vont alors s’organiser en deux temps, entre les secteurs précoces et les parcelles plus tardives, au gré des maturités et des averses. Le choix de la date de récolte nécessite la force tranquille de l’expérience tant la météo est capricieuse à compter de fin août. Patients, les viticulteurs scrutent les teneurs en sucre et en acidité de chaque parcelle, goutent les baies pour apprécier leur maturité et la texture des peaux. Le plus souvent, les analyses montrent de belles teneurs en sucres et des acidités préservées.
Les intempéries bouleversent parfois l'organisation des équipes de vendangeurs. Certains, comme le domaine des Hospices de Beaune, marquent même une pause avant d’aller vendanger les dernières parcelles dont la maturité est plus tardive.
Juste après la mi-septembre, les vendanges sont achevées partout. Les futurs vins en caves sont prometteurs, une jolie concentration, couplée à une quasi-absence de maladie, offre à ce millésime des jus de qualité. Maisons et domaines ont toutes les cartes en main pour en faire les grands vins de ce millésime 2025.