À la suite des violences urbaines commises le week-end dernier au centre social de La Chanaye, les résidents du quartier se sont très vite mobilisés pour procéder au nettoyage du centre.
Depuis lundi, des mamans avec leurs enfants et des jeunes du quartier ont entrepris le grand nettoyage de leur centre social, soutenu.e.s par les services de la Ville de Mâcon, une manière symbolique de témoigner de leur total désaccord avec ces actes.
Ce mercredi en fin de matinée, une équipe de nettoyage était encore à pied d'oeuvre pour tout remettre en ordre avant la visite des élu.e.s.
Adeline Weiss, responsable de territoire La Chanaye-Résidence à la Ville de Mâcon, contactée par un habitant du quartier, s'est rendue sur place dès le vendredi matin pour constater les dégâts : accueil du centre entièrement saccagé, chaises renversées, vitres cassées, mobilier arraché, des ordinateurs détruits et tous les bureaux retournés avec les documents qu'ils contenaient, même l'aquarium, symbole du centre, a été brisé !
« Il y a eu un début d'incendie qui a fait évacuer les jeunes ici. En réaction aux émeutes dont le centre social a été victime, dès le lendemain, une grand mobilisation s'est levée de la part des mamans mais aussi des ados qui m'ont demandé si j'avais besoin d'aide. Avec mon équipe et les habitants, on a donc organisé un grand nettoyage du centre social. L'idée est de montrer qu'il n'y a pas d'amalgame entre les émeutes et les habitants de La Chanaye, qui ne cautionnent pas du tout ces agissements, qui vivent ici et ne souhaitent pas voir leur quartier se dégrader, voir les équipements de proximité ne plus ouvrir.
On a aussi des partenaires : MBA, la Régie de quartier et l'association culturelle turque, Premium Sécurité (la société qui sécurise le chantier) qui nous ont prêté main forte. Et des mots de soutien du Département, des Jardins de Cocagne, d'autres associations, de la société Guintoli ainsi que des commerçants qui nous ont offert de quoi manger à midi, en soutien à tout cela.
Toute l'équipe du centre social a été mobilisée avec le médiateur tout le week-end dernier et elle est restée en lien avec les ados qui n'ont cessé de nous dire qu'ils étaient tous en désaccord avec ces agissements. On a pu travailler tous ensemble avec les services de la Ville pour tout remettre en place. Plus de quarante personnes sont passées dans la matinée », a-t-elle confié.
Le Président de l'ACT Mâcon Talas Kaymakan s'est dit « désolé de ce qui est arrivé. C'est malheureux mais ça ne devrait pas se passer comme ça. Ce n'est pas normal que des enfants cassent ! Je voudrais lancer un appel aux parents : qu'ils occupent leurs enfants, qu'ils les gardent à la maison. On est en démocratie, on s'exprime autrement pour dire les choses. Merci. »
Des jeunes affirment que les émeutiers ne venaient pas de La Chanaye mais d'ailleurs.
En 61 ans de vie dans le quartier, une résidente choquée déclare n'avoir jamais connu pareille situation.
D'autres demandent « que l'on arrête de parquer les gens en 2023. Les quartiers sont devenu trop communautaires. Il faut les ouvrir. Tout s'appauvrit, même le langage ! On souhaite que la Chanaye – Résidence s'ouvre à d'autres populations. »
La première adjointe au maire de Mâcon Catherine Carle Viguier, venue à l'invitation de sa collègue Caroline Théveniaud, adjointe au maire en charge de la vie de quartier et des centres sociaux, pour soutenir les habitants très impactés a souligné que « la plupart des habitants ne soutiennent pas ce qui s'est passé. Le PEL est détruit. Concrètement, ils ont voulu faire une action symbolique de nettoyage. Aux Saugeraies, une école maternelle a été détruite. Toute la France est impactée. Dans les quartiers, les gens ne sont pas solidaires de ce qui s'est passé. Certains disent qu'il faut être plus ferme ! »
Et le Maire de Mâcon Jean-Patrick Courtois de s'exprimer : « Je suis très heureux de voir ce matin que ce sont des gens du quartier, notamment des femmes avec les enfants, qui ont tenu à tout nettoyer et qui l'ont fait en un temps record, de manière exceptionnelle pour montrer d'une part, leur désarroi mais aussi leur volonté de voir que le centre social doit vivre et survivre. C'est pour cela que je suis heureux de leur annoncer aujourd'hui que je ferai tout ce qu'il faut pour qu'il ouvre demain matin.
Et je les remercie de ce qu'elles ont fait parce que c'est d'une part, utile et en même temps c'est symbolique d'afficher que les gens du quartier veulent que le centre social fonctionne, qu'ils désapprouvent totalement les actes qui ont eu lieu et qu'ils montrent leur solidarité. Et c'est cela le meilleur signe d'espoir que l'on puisse avoir aujourd'hui à Mâcon. »
Le Député Benjamin Dirx a conclu sur ces mots : « Je suis heureux parce que si j'ai dit en fin de semaine que je ne reconnaissais pas les quartiers, parce que ce n'est pas ça la vie des quartiers, la vie des quartiers de Mâcon, c'est ce que l'on voit là, maintenant. Ce sont des personnes qui sont là pour leurs enfants, pour les familles. Je suis content de voir ça aujourd'hui, c'est l'image que l'on doit donner, l'image que les quartiers donnent habituellement et vont continuer de donner. Ils montrent bien que ce n'est pas ce qui s'est passé pendant un week-end parce que l'on a une bande de « farfelus », je ne sais pas comment les appeler, qui ont fait n'importe quoi. Aujourd'hui, tout le monde est là parce que l'on ne veut pas de ce qui s'est produit ce week-end et que l'on ne veut pas que cela continue. La véritable force que l'on a c'est celle-ci : la force des habitants de Mâcon et des différents quartiers de Mâcon ! »
M.A.
Photos © Maryse Amélineau